Calendrier de l’avent : jour 16

« Il y a des fées, des fées partout. Je ne serais pas étonnée d’en rencontrer qui seraient en train d’apporter des bûches de sapin dans l’antichambre, de mettre des guirlandes autour des poignées des portes et au-dessus des fenêtres. »

Katherine Mansfield

Photo Marie-Christine Grimard

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Lyon le 15 décembre 2019: le grand hôtel Dieu

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Où que notre chemin nous porte dans la ville, on croise des sapins magnifiquement vêtus.

Ils rivalisent de boules rutilantes, de branches bien droites et de cadeaux enrubannés de soie.

C’est très beau, et j’admire à la fois l’esprit de fête que cela sème dans tous les quartiers de la ville, et le travail de ceux qui ont installé ce décor féerique durant de nombreuses heures.

Distribuer un peu de paillettes autour de soi, c’est semer des graines de sourire.

L’intention est bonne et le résultat à la hauteur des cimes de sapins.

Pourtant, l’on croise ici et là, des hommes et des femmes qui ne seront pas à la fête, ceux qui seront de garde ce jour-là pour assurer la sécurité ou la santé des autres, ceux que la société a laissé sur le chemin, ceux qui n’ont plus les moyens ou l’envie de partager un repas de fête.

On y pense, puis on oublie, on donne un peu d’argent ou un peu de temps à telle ou telle association qui aide les « sans abris », on arrondit à l’euro supérieur pour reverser les centimes ici ou là, en achetant ses cadeaux de noël.

Mais au fond, que peut-on faire pour que cela change ?

Je ne sais pas.

Travailler dur pour protéger les siens le plus longtemps possible de ces revers de vie. Prier le ciel qu’il nous préserve du malheur et de la faim. Aimer du plus profond de nos cœurs et le dire pendant qu’il est encore temps. Et partager le plaisir d’être ensemble autant que l’on peut avec ceux qui nous entourent.

C’est sans doute ça la fête. Et si elle s’habille de sapins enguirlandés qui font briller les cœurs des enfants et des plus grands, c’est un plus !

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Calendrier de l’avent : chaque jour de décembre, un cadeau derrière la porte. Un geste d’amitié pour celle ou celui qui vient sur cette page, et me donne la joie de lui offrir mes mots.

À demain

Chris

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Phrases : Survoler sa vie ou l’inventer.

« Est-il possible que toute l’histoire de l’univers ait été mal comprise ?

Est-il possible qu’en dépit de toutes les inventions et de tous les progrès, qu’en dépit de la civilisation, de la religion, de la philosophie,

on en soit resté à la surface de la vie ?

Les cahiers de Malte Laurids Brigge
Rainer Maria Rilke
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Photo M.Christine Grimard

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  • Mon enfant, survole ta vie, caresse la crête des vagues juste assez haut pour garder ta liberté, juste assez bas pour sentir le danger siffler à tes oreilles et déguster la bruine salée qui les coiffe.
  • La vie n’est-elle que l’image qu’elle nous renvoie ? D’elle je ne veux me souvenir que de l’étincelle dans le regard de l’autre, que la couleur de sa peau, que la douceur des battements de son cœur, que du parfum de l’océan sous le vent.
  • Les errances qui sont les nôtres depuis des milliers d’années ne sont-elles que le brouillon d’un grand roman qu’une main inconnue écrirait dans un univers parallèle, jetant les pages raturées dans le vent sidéral ?
  • Ferme les yeux et souviens-toi de toi, avant que tes cellules n’éclosent, avant que ton sang ne bouillonne dans tes veines, avant que l’air ne brûle tes poumons, souviens-toi de la légèreté de tes plumes dans le vent, souviens-toi de ta liberté éthérée.
  • Tu as choisi de naître sur cette terre, que ta vie soit réelle ou inventée, remplis la de la joie d’exister, ne te contente pas de la survoler, profite de chaque jour pendant que tu respires, déguste chaque seconde, fais en sorte de vivre chaque jour, au moins un instant de plaisir.

Recettes (2) : Tranche Napolitaine 

“Il n’y a point de recette pour embellir la nature.
Il ne s’agit que de voir.”
Auguste Rodin

 

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Photo m.christine Grimard

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  • Écrasez les macarons au chocolat et à l’orange et versez la préparation obtenue dans un moule à cake.
  • Faites un ruban avec les jaunes d’œuf et le sucre que vous disposerez sur la couche de macarons.
  • Faites fondre le chocolat au lait au bain-marie, sans ajouter d’eau mais un peu de crème pour l’onctuosité
  • Attendre que la pâte obtenue soit refroidie pour la disposer sur les couches précédentes
  • Hors du feu, incorporez le beurre en copeaux au sucre et mélangez le tout. Versez délicatement cette préparation sur le chocolat.
  • Battez les blancs d’œufs en neige avec une pincée de sel puis ajoutez un peu de Curaçao pour obtenir la couleur exacte du ciel, il faut que la préparation soit ferme pour ne pas s’insinuer entre les autres couches.
  • Terminer par une couche de sucre glace pour obtenir une préparation lisse et brillante.

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Bon appétit !

Recettes (1) : quatre quart de vie

« Toutes nos pensées reviennent à chercher la clé d’un paradis dont la porte est ouverte. »
(Les ruines du Ciel)

Christian Bobin

Photo Marie-Christine Grimard

 

  • Déguster longuement un instant de plaisir chaque jour, puis le ranger soigneusement dans ses souvenirs pour en réchauffer sa vie aux temps froids.
  • Croiser un regard ami ou échanger des pensées positives avec d’autres humains, au moins une fois quotidiennement pour avoir la sensation d’être à sa place sur cette terre.
  • Faire pousser des idées qui en feront germer d’autres, pour éclairer l’avenir lorsque le vent de l’oubli aura balayé les erreurs du passé.
  • Ne jamais oublier que le chemin est moins long lorsqu’on ne le parcourt pas seul et choisir son itinéraire avec soin pour éviter les chemins de traverse.

Phrases : Mots libérés 

« Sur toutes les pages lues

Sur toutes les pages blanches

Pierre sang papier ou cendre

J’écris ton nom

Liberté « 

Paul Eluard

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Photo M. Christine Grimard

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  • Marcher le nez en l’air, ne pas s’arrêter avant que le soleil ne disparaisse derrière la dune, se sentir libre et légère comme une plume de goéland flottant dans le vent du soir, et se fondre dans l’or roux de l’horizon.
  • Sans contrainte ni regret, j’avancerai vers l’horizon, oubliant tous les conseils, effaçant les mauvais choix, occultant les désirs stériles, sans m’arrêter jusqu’à l’ultime étoile, libre enfin, le sourire aux lèvres et les craintes envolées.
  • A l’heure où la brume encercle les vagues, j’attendrai que les nuages se fondent dans le décor pour chercher des yeux la première étoile en espérant que tu la regardes aussi par-delà l’horizon.

Phrases : Mots étoilés

 » Choisissez une étoile

ne la quittez pas des yeux

elle vous fera avancer loin sans fatigue et sans peine »

A.David-Neel

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Photo M. Christine Grimard

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  • Quand tous les mots m’auront abandonnée, je suivrai l’étoile du matin sans désir de retour jusqu’à me fondre dans la légèreté de l’instant.
  • J’abandonnerai les discussions sans fins, les questions sans intérêt, les vérités assénées, les mensonges éhontés, les déceptions programmées, les  peurs invétérées, pour suivre la première étoile du matin jusqu’au bout du possible.
  • Même si mes mots ne sont que poussières, même si d’autres les font danser avec plus de talent, même si tout a  déjà été écrit depuis la première seconde, je les poserai sur le papier sans prétention ni autre but que le plaisir de les regarder s’envoler dans la lumière de la première étoile.

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(Rappel de la consigne de cette rubrique : Citer la phrase d’un auteur qui vous touche, l’illustrer d’une de vos photos personnelles, écrire trois phrases en laissant venir les mots en liberté avec un mot commun emprunté à l’auteur cité -par exemple ici : étoile)

 

Phrases : Mots d’amour

« Les hommes regardent les femmes et ils en perdent la vue.

Les femmes regardent les mots d’amour et elles y trouvent leur âme. »

Christian Bobin

(La grande vie)

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Photo M.christine Grimard

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  • Regarder l’amour au fond des yeux et le trouver à son goût, celui du miel et des rires de l’enfance, celui du sel et des souvenirs heureux.
  • Quelle étincelle me porte, si ce n’est l’amour que je reçois et celui que je donne ?
  • Les mots sont inutiles quand les regards se lient, et quand les mains se serrent, ils ne feraient que répéter ce qui brille dans les yeux.
  • L’amour existe-t-il sans générosité, sans patience, sans admiration, sans sourire, sans don, sans partage, sans petites attentions ?
  • L’amour ne se nourrit-il que de douceur et de poésie, ou prend-t-il pied dans la passion, le sang et les larmes ?

 

Phrases 48 : Mots envolés

“La beauté est le nom de quelque chose qui n’existe pas et que je donne aux choses en échange du plaisir qu’elles me donnent.”
Fernando Pessoa

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Photo M. Christine Grimard

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  • Peu importe qui je suis, peu importe où j’irai, ce que sera demain et le temps qui me reste;  aujourd’hui le ciel est grand, le vent est doux, l’océan est chaud; aujourd’hui sous les nuages ou dans le vent, la vie est un cadeau et je l’aime !
  • Si tu as faim de vivre mon enfant, la beauté te nourrira, remplira tes yeux de lumière, te fera oublier les jours sombres, t’apprendra le chemin des rêves, dessinera ton avenir, t’emportera loin de la souffrance et guidera ton cœur vers l’espérance.
  • Laisse s’envoler la crainte de souffrir, profite de l’été pendant qu’il habille les collines; il sera bien assez long le temps des jours gris où le souvenir du bon temps  sera le seul moyen de te réchauffer le cœur.

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Note : rappel de la consigne 

Laisser les mots venir se poser sur l’écran en liberté.

Lever les yeux sur la vie, laisser les images prendre forme et simplement les décrire, comme on en ferait le portrait en quelques lignes de fusain.

Trois phrases toutes simples.

Trois images suggérées que l’on voit danser sous ses paupières lorsqu’on a fini de lire la phrase.

Trois raisons d’en rêver lorsque la page est tournée.

Phrases 47 : Mots d’écriture

« L’écriture est une petite fille qui parle à sa poupée.

Les grands yeux d’encre de la poupée lui répondent, et par cette réponse, un ciel se rouvre. »

Christian Bobin

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Photo M.Christine Grimard

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  • A l’encre bleue, les mots s’alignent sur la page comme des mâts ondulant à la surface de l’océan, bien protégés derrière les digues ils attendent que le vent de l’inspiration les emporte vers d’autres regards et prenant leur élan, s’envolent vers le ciel.
  • Quand l’écriture enfile ses lettres noires d’apocalypse, elle détruit l’espoir, dépèce les cœurs et crève les yeux, quand elle enfile sa robe de dentelle violette, elle caresse le visage de l’enfant qui s’endort, quand elle met ses gants blancs elle glisse doucement sur ma joue et vient mourir juste au bord de mes lèvres.
  • L’écriture est un écureuil qui saute de branche en branche aussi léger que le vent, n’ayant peur de rien, ni du vide ni de la profondeur du ciel, nul ne l’arrête ni les censeurs ni les envieux; libre, elle n’écoute que son cœur et emprunte les chemins du ciel.

 

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Note : rappel de la consigne 

Laisser les mots venir se poser sur l’écran en liberté.

Lever les yeux sur la vie, laisser les images prendre forme et simplement les décrire, comme on en ferait le portrait en quelques lignes de fusain.

Trois phrases toutes simples.

Trois images suggérées que l’on voit danser sous ses paupières lorsqu’on a fini de lire la phrase.

Trois raisons d’en rêver lorsque la page est tournée.

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Phrases 46 : Mots ordinaires.

« il nous faut peu de mots pour exprimer l’essentiel, il nous faut tous les mots pour le rendre réel. »

Paul Eluard 
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Photo M.Christine Grimard 

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Bonjour 

Comment vas-tu ?

Je t’ai apporté quelques fleurs du jardin.

Il fait un peu froid ce matin.

Si tu sors, il faudra mettre ton écharpe.

Nous allons vers l’automne, les jours sont plus courts. 

Je t’achèterai du miel d’acacia pour ton petit déjeuner, il est plus doux. 

Il faudra faire entrer du bois, les réserves diminuent. 

Ce matin, les hirondelles se sont regroupées sur le vieux frêne, elles partiront bientôt.

Hier soir, nous avons dû allumer pour dîner.

Le chat a passé trois fois la patte derrière son oreille gauche, il va pleuvoir demain. 

Les étourneaux ont envahi la vigne du père Antoine, il n’aura plus une grappe quand il rentrera de l’hôpital. 

Les enfants ont tous repris les cours, ils ont beaucoup de travail cette année. 

Il n’y a plus de pain au village, le boulanger a fait une crise cardiaque. 

Ta maison est belle avec la vigne vierge qui rougit sur le mur de la grange. 

Les mésanges ont fait leur nid derriere le volet de la cuisine, je ne l’ai pas ouvert pour ne pas les déranger jusqu’à ce que les jeunes se soient envolés.

Je ne sais pas si tu m’entends, mais je voulais te remercier pour m’avoir appris l’amour de la vie et des hommes. 

Les chiens seraient heureux de venir te voir, mais leur présence n’est pas tolérée ici.

Il faudra que je t’apporte des pantoufles chaudes pour l’hiver.

On a tondu devant la terrasse mais l’herbe n’a pas repoussé depuis qu’il fait aussi frais le matin.

Maman ne pourra plus venir te voir, elle a retrouvé sa mère et la tienne l’année dernière, elles t’attendent toutes les trois de l’autre côté du lac. Il faudrait te décider à les rejoindre. 

J’ai rangé la cave, le pied de ton télescope est à côté des cannes à pêche, je les conserverai pour nourrir mes souvenirs.

La nuit tombe plus vite en cette saison, il faudra que je rentre avant la pluie.

Hier soir, la lumière était belle sur le chemin, je me suis souvenu du jour où tu as enlevé les roulettes de mon petit vélo bleu. Ce jour-là, il y avait la même lumière. J’ai revu ton sourire et l’éclat de fierté au fond de ton regard.

Je t’apporterai un pot de confiture de mirabelles  la semaine prochaine, cette année le prunier a bien donné.

Si tu as entendu ce que j’ai dit, serre un peu ma main…

Bonsoir, j’espère que tu dormiras tranquille, la nuit est plus douce qu’hier.

Je te laisse.

N’oublie pas de faire de beaux rêves. 

C’est important les rêves quand il n’y a plus rien d’autre à faire.

J’ai oublié ce que tu disais quand tu venais me border le soir.

Ça me reviendra quand je penserai à toi avant de m’endormir. 

Ne t’inquiète pas, je reviendrai te voir. 

Je sais que tu as tout oublié mais peut être te souviens-tu au moins que je t’aime, le temps d’un regard.

Alors regarde-moi un instant.

Je t’aime.