
Photo Marie-Christine Grimard
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Tombant d’un nuage
Goutte rêvant d’océan
Finit dans la flaque
Photo Marie-Christine Grimard
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Tombant d’un nuage
Goutte rêvant d’océan
Finit dans la flaque
Un nuage rêve
À ses voyages lointains
Sur le sable blond
« Le moment présent est comme la proue d’un navire qui fonce dans l’océan du temps et transforme le futur incertain en un présent devenant sitôt après un passé immuable. Ce passé contient tout ce que je connais de l’histoire. Tout ce que je sais du temps, c’est que je suis dans le temps. »
Hubert Reeves
Interview Tant de temps , Propos recueillis par Anne-Sophie Novel
Photo Marie-Christine Grimard
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Dans quelques jours il faudra quitter ce rivage en emportant au fond du cœur un peu de cette lumière.
Alors engrangeons les souvenirs
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Photo Marie-Christine Grimard
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Un peu de soleil
De sable
Et d’eau
Et une pincée de sel
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Photo Marie-Christine Grimard
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Juste le plaisir des vagues
Pour bercer les rêves
Des terriens
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Photo Marie-Christine Grimard
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Et le chant de l’océan
Comme la litanie étincelante
De milliers de diamants dansant
À la crête des vagues
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À déguster sans modération en cliquant sur ce lien
« L’amour est une étoffe tissée par la nature et brodée par l’imagination. »
François Marie Arouet, dit Voltaire
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Les champs de tournesol 🌻 m’ont souvent inspiré des petites histoires.
Celui rencontré hier sur les chemins de Vendée mériterait aussi que l’on raconte son histoire.
Photo Marie-Christine Grimard
Il à y quelques années, un de ses cousins au grand cœur m’avait raconté la sienne.
Son nom était Hélios.
Écoutez-la de nouveau en mémoire de lui.
Photo Massimo Daddi
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Au début de l’été, j’ai déployé mes nervures sous un ciel bleu sans nuages. J’ai tout de suite senti que je serai heureux ici. Cette terre était la mienne, balayée d’embruns et de vent salé.
Le champ où j’ai grandi est situé sur une colline aux courbes douces exposée à l’ouest. C’est un lieu caressé par la brume de l’océan au petit matin, où le bruit des vagues berce le temps. Je me demandais ce que j’entendais le premier jour, quel était ce grondement sourd, cette respiration entrecoupée de soupirs, et un de mes frères nous a expliqué qu’il s’agissait de la chanson du sable glissant sous les rouleaux de l’océan. Chaque jour, je l’écoute pour m’endormir, et chaque jour il me réveille à l’aube.
Notre champ domine la campagne alentour. Il est bordé par un sentier de terre battue, où passent les touristes en vélo durant l’été. Ils arrivent, essoufflés d’avoir monté la côte contre le vent, et s’arrêtent près de nous, immanquablement. Il faut dire que nous sommes beaux, spectaculaires même ! Notre couronne couleur soleil contraste avec notre cœur sombre, tel un œil noir brillant sous les rayons du soleil. Lui, notre père nourricier, nous le suivons des yeux du matin au soir quitte à nous en tordre le cou. Certains de ces humains munis d’appareil photo, nous vouent un grand intérêt et nous immortalisent sur toutes les coutures. Je me demande bien ce qu’ils font de notre image une fois rentrés chez eux.
Autour de moi, d’autres graines ont germé, poussant à la verticale plus vite que moi. J’ai toujours été un rêveur, et j’oubliais de puiser mon énergie préférant admirer la course des nuages et le vol des oiseaux des marais. Bientôt, mes voisins ont fini par me cacher le soleil, ce qui était un comble pour un tournesol, alors j’ai compris que je devais arrêter de me prélasser, sous peine de ne plus voir le ciel, rapidement. Alors, j’ai fait un effort. J’ai puisé mes forces dans ce sol rocailleux au goût de goémon et de noisette. La pluie des nuits m’a fortifié, le soleil des jours m’a forgé un caractère de feu. Je suis devenu grand, fort et beau. Beau comme un soleil !
J’ai tellement grandi qu’un jour, j’ai pu apercevoir la mer, là-bas vers l’horizon, et je suis resté émerveillé devant cette dentelle étincelante qui ondulait sous la lumière. Je n’oublierai jamais ce moment de pure magie. Je suis sûr que de mémoire de tournesol, personne n’avait jamais vécu un moment pareil avant moi.
C’est à ce moment-là qu’elle m’a remarqué. Pourtant, nous étions côte à côte depuis le premier jour, mais elle ne regardait que le soleil et elle ne m’avait jamais vu. C’est incroyable ce que les filles peuvent être distraites parfois !
J’ai bien vu qu’elle tentait de se tourner vers moi, je suivais son regard et elle suivait mon regard. Mais il est difficile de lutter contre sa nature. Un tournesol se tourne vers le Soleil, comme son nom l’indique. Inutile d’essayer de le nier. Ce fut difficile, mais rien n’est impossible quand on le désire vraiment, et à force de résister, nous avons réussi à nous rapprocher l’un de l’autre, imperceptiblement. Semaines après semaines, tandis que les autres laissaient tourner d’est en ouest leurs minutes solaires, nous luttions pour rester plein sud. Peu à peu, notre obstination a payé, et j’ai pu me tourner vers l’est, tandis qu’elle se tournait vers l’ouest, et nous sommes restés là, à nous contempler !
Ainsi, depuis une semaine, le temps s’est arrêté. Elle a de si beaux yeux noirs et brillants, et ses pétales sont les plus lumineux du champ tout entier. Je suis subjugué et je remercie le ciel de nous avoir plantés l’un contre l’autre. Ma vie aussi courte soit-elle aura été magnifique près d’elle. Je veux profiter de chaque instant qui nous reste. Je sais que nos jours sont comptés. Hier des hommes sont venus pour nous examiner, et ils ont décidé que la grande faucheuse passerait dans la semaine pour récolter nos graines. Il paraît que le miel qui coulera de nos têtes, sera aussi précieux que l’or. Cela ne m’étonne pas puisque nous nous sommes nourris de l’or du soleil. Qu’y-a-t-il de plus précieux que cette lumière-là !
Ce matin, j’ai entendu la faucheuse monter le sentier, elle semble poussive mais ses crocs sont acérés et si aiguisés qu’elle ne fera qu’une bouchée de nos têtes. Telle qu’elle est placée désormais, ma douce ne peut pas la voir. Je ne lui dirai rien, et me contenterai de la couver de mon tendre regard. Elle sera si heureuse qu’elle n’entendra rien venir, et quand les mâchoires de la moissonneuse se refermeront sur nous, nous nous envolerons ensemble vers le soleil.
Elle se réveille…
« Mon amour, regarde-moi. Ce jour sera le plus beau, il est inondé de soleil. Approche-toi encore plus près et regarde-moi au fond des yeux… »
Texte : Marie-Christine Grimard
Photo : Massimo Daddi
« Si je ne la vois pas, je l’imagine et je suis fort comme les arbres hauts. Mais si je la vois je tremble, et je ne sais de quoi se compose ce que j’éprouve en son absence.
Je suis tout entier une force qui m’abandonne.
Toute la réalité me regarde ainsi qu’un tournesol dont le cœur serait son visage. »
Fernando Pessoa
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Photo Marie-Christine Grimard
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Dans la plaine écrasée de soleil
Les tournesols baissent la tête
La sécheresse a eu raison de leurs belles couleurs
Ils ont « mûri » trop vite
Ont dirait qu’ils sont morts
Au champ d’honneur de l’été
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Photo Marie-Christine Grimard
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Un seul d’entre eux survit
Fier, et droit devant la solitude
Il résiste au vent et au soleil implacables
Offrant son plus beau sourire au jour qui vient
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Seul…
Vraiment seul ?
Peut-être pas
Derrière lui, un ami sourit…
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Parfois il suffit de se retourner pour que le ciel s’éclaircisse…
Photo Marie-Christine Grimard
« La pluie cesse, et il en reste, un instant, une poussière de diamants minuscules, comme si, de là-haut, on secouait des miettes d’une grande nappe azurée. »
Le livre de l’intranquillite –
Fernando Pessoa
Photo Marie-Christine Grimard
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Jour de crachin
Léger crachin d’été
Qui entoure les arbres d’un halo salé
Laissant sur le visage un voile insistant
L’air colle à la peau
Sur la langue, un goût d’algues et de sel
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Photo Marie-Christine Grimard
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Luminosité d’orage
Les couleurs se métamorphosent
Ravivées et assombries à la fois
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Photo Marie-Christine Grimard
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Le jardin revient à la vie.
Photo Marie-Christine Grimard
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Sur la dune, les graminées tremblent et se serrent les unes contre les autres
Survolées de goélands chevauchant le vent
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« Tout cela c’est la vie, le temps qui coule, c’est le miracle espéré à chaque tournant du chemin, et sur la foi duquel je m’évade. »
Colette
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Photo Marie-Christine Grimard
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Être en vacances c’est prendre son temps
Pour ne rien faire
Regarder le jardin pousser
Ecouter les fruits tomber
Voir le temps courir avec les nuages
Entendre la vie passer
En silence
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Photo Marie-Christine Grimard
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Parfois je me dis que ces pages n’ont pas une grande utilité…
Quel intérêt de lire un blog qui fait le tour d’un jardinet, côtier ou non ?
Blog agricole où la culture se dissimule derrière les pétales des roses,
Blog poétique ou pathétique, selon l’humeur du lecteur,
Blog en villégiature atlantique où il est de première nécessité d’admirer la vie jouer entre ombres et lumières.
On regarde ensemble ?
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Merci pour votre attention et votre patience avec mes élucubrations 🙏🏻
« Rien n’est moins effrayant que cette douce et perfide invasion de la marée montante. »
Les ailes de courage
George Sand
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Marée montante
Photo Marie-Christine Grimard
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Marcher
Respirer
Se laisser caresser par les vagues
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Photo Marie-Christine Grimard
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Admirer
La beauté des franges d’écume
Dentelées de lumière
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S’asseoir
Attendre que la marée monte
Sur le banc de sable
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Photo Marie-Christine Grimard
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Profiter
De la beauté des vagues
Pour le temps qu’il me reste
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Photo Marie-Christine Grimard
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Compter
Les minutes qui s’écouleront
Jusqu’au recouvrement de la dune
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Admirer
Le courage des sternes
Indifférentes au courant qui les cerne
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Photo Marie-Christine Grimard
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Se dire
Qu’il y a toujours plus fou que soi
Et reculer jusqu’au banc de sable le plus proche
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Quand on n’a pas d’ailes
Avoir des jambes et s’en servir
À la vitesse d’un cheval au galop !
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« Être dans la nature ainsi qu’un arbre humain,
Étendre ses désirs comme un profond feuillage,
Et sentir, par la nuit paisible et par l’orage,
La sève universelle affluer dans ses mains ! »
La vie profonde
Anna de Noailles
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Photo Marie-Christine Grimard
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Parfois, l’été se fâche
Et l’océan passe du vert au bleu nuit
Chacun retient son souffle
Un grain s’approche
Il faut rentrer
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Photo Marie-Christine Grimard
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Alors, le vent se lève
Ridant la surface de l’eau
Les vagues enflent et claquent sur le sable
Les nuages s’étirent vers la forêt
Les mouettes remontant au vent,
Nous paraissent immobiles.
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Photo Marie-Christine Grimard
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Parfois, l’horizon s’habille de noir
Même si la lumière tente
De percer les nuages
Dessinant arc de couleurs
Et cercle d’espoir
Parfois, l’océan s’emporte
Et enlève les marins
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Photo Marie-Christine Grimard
Hommage aux marins de la SNSM et au pêcheur disparus au large des Sables-d’Olonne durant l’hiver dernier.
La beauté de l’océan et du ciel ne doit pas nous faire oublier que nous ne sommes que des grains de sables sur cette terre.
Souvenons-nous de notre insignifiance par rapport à la force des éléments et respectons cette terre qui nous accueille et nous nourrit.
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« L’art, est à l’image de la création. C’est un symbole, tout comme le monde terrestre est un symbole du cosmos. »
Paul Klee
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Depuis 2011 : l’artiste MICHEL JOBARD
exerce son art sur les plages de Vendée
On parle de :
BEACH ART, SAND ART, LAND ART
Peu importe le titre qu’on lui donne, ce matin il dessinait une de ses immenses fresques sur le sable de la plage du Veillon.
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Photo M Christine Grimard
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Un art de patience et de minutie
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Photo M Christine Grimard
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Un art d’endurance aussi
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Photo Marie-Christine Grimard
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L’art de dessiner ce que l’on ne voit pas mais que l’on imagine
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Photo Marie-Christine Grimard
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Il fut aidé par deux personnes ce matin. Il s’agit de finir l’immense mandala avant que la marée montante n’emporte les traits fragiles façonnés au râteau pendant de longue minutes.
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Photo Marie-Christine Grimard
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Une fois le travail achevé, l’artiste et ses deux petites mains s’éloignent du rivage pour déployer un drone qui viendra filmer le mandala depuis le ciel et regardera les vagues le dévorer peu à peu.
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Photo Marie-Christine Grimard
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Photo Marie-Christine Grimard
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Le drone filmera pendant plusieurs minutes, l’artiste montrera le résultat sur son site plus tard, il explique que son acte est intimement lié à sa philosophie, l’instant de création étant intense et éphémère
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Photo Marie-Christine Grimard
,« Sitôt achevée, l’oeuvre ne m’appartient plus. Je laisse le soin à la Nature d’apporter la touche finale ». Michel Jobard
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Photo Marie-Christine Grimard
Regardez les vidéos sur son site, elles sont merveilleuses.