Un été bleu outre-mer (2)

« J’ai plus de vie passée à regarder la terre, l’eau, les nuages, les murs, les outils, que les visages. Et je les aime. »

– Trois chevaux –

Erri De Luca

Photo M. Christine Grimard

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J’ai plus de vie passée à observer les visages, à deviner les secrets au fond des regards, à entendre les paroles que l’on tait, à percevoir les battements de cils et de cœurs, qu’à détailler la terre que je foule. Mais je l’aime aussi.

La plupart de mon temps passe sans que je ne le rattrape jamais.

Mais quand la vie se calme, qu’il est bon de s’installer au milieu de nulle part, à mille miles de toute réalité quotidienne, juste à la verticale d’un troupeau de nuages, et de les regarder traverser le ciel.

Pour le plaisir.

Et sourire au temps qui passe juste pour soi.

Un été bleu outre-mer (1)

« Les couleurs inspirent les mots et les mots inspirent les couleurs. »

« Ahlam » – Marc Trévidic

Photo M.christine Grimard

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Bleu Outre-mer

Bleu ciel

Bleu roi

Bleu majorelle

Bleu canard

Bleu pastel

Bleu indigo

Bleu marine

Bleu nuit

Bleu turquoise

Bleu cyan

Dans une maison aux volets bleus, sous le ciel océanique exactement, cernée d’agapanthes mauves, de lavandes pastel et de buddleias indigo, je laisserai les mots bleus se poser en toute liberté sur cette page. Je les écouterai chanter et essayerai de vous raconter leurs histoires.

Ne l’en veuillez pas si je n’ai emporté que de l’encre violette dans ma valise…

Photo du jour : goutte

« Derrière la fenêtre, les yeux de la pervenche le suivaient, et les gouttes glissantes le long de la vitre semblaient ruisseler de ces yeux anxieux, d’un bleu qui ne dépendait ni de l’étain jaspé du ciel ni du plomb verdi de la mer. »

Le ble en herbe – Colette

Photo M. Christine Grimard

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Un des plaisirs de l’été, est là pluie chaude qui ruisselle en cataracte lorsque l’orage éclate à la fin des jours caniculaires.

On retient son souffle en pensant « pourvu qu’il pleuve » que l’orage ne passe pas son chemin en nous ignorant…

Enfin les premières gouttes s’écrasent sur les carreaux. On hésite à sortir sous les éclairs, mais on envie secrètement les dahlias qui semblent se redresser sous l’averse.

Puis lorsque le déluge se calme un peu, on sort, le visage tourné vers le ciel, pour recevoir la douche salutaire, douce et chaude de la touffeur de la veille. Les yeux clos on se laisse caresser le visage par les gouttes soyeuses. La bouche ouverte vers le ciel on retrouve le sourire de l’enfant qui découvrait le monde. Derrière le goût d’ozone de la pluie d’orage, on distingue le parfum de l’herbe mouillée mêlé à celui de la lavande du jardin, sublimé par le fracas des gouttelettes tombées en rang serré.

On prête l’oreille, c’est tout un orchestre de percussions qui entame le second mouvement du concerto, et l’on se laisse emporter dans la danse.

Mais la pluie cesse, aussi promptement qu’elle est venue. Les oiseaux retrouvent leur branche, et leur chant. L’orage s’éloigne.

Un dahlia s’ébroue, secouant ses pétales dans un filet de vent. Le jardin retrouve ses couleurs vives. L’entracte est terminé. Le soleil s’installe au centre de la scène.

L’été sera chaud…

To Do List 60 : en marche

Photo M. Christine Grimard

  • Ne pas s’arrêter en si bon chemin, la vie est une éternelle découverte.
  • Garder les pieds sur Terre même et surtout lorsque l’on croise l’extraordinaire.
  • S’équiper de semelles de vent pour ne pas laisser la réalité étouffer nos rêves.
  • Réaliser que le but du chemin est moins intéressant que le chemin lui-même.
  • Mettre un pied devant l’autre et recommencer, en gardant la tête dans les étoiles.

Photo du jour : soir rouge ou bleu

« Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,

Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :

Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.

Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :

Mais l’amour infini me montera dans l’âme,

Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,

Par la Nature, – heureux comme avec une femme. »

Arthur Rimbaud

Photo M. Christine Grimard

….

Par les soirs rouges d’été

J’irai me promener

Éblouie de beauté

Rêver sous le figuier

Au matin qui viendra

À l’amour qui naîtra

Lorsqu’un regard mutin

Croisera mon chemin

Photo du jour : Échange de regards

« Être vivant, c’est être vu, entrer dans la lumière d’un regard aimant.

– L’Inespérée –

Christian Bobin

photo M. Christine Grimard

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Tu me regardes et je te vois.

Qu’y a-t-il au fond de tes yeux ?

La joie d’être là auprès de moi.

Le bonheur simple d’exister.

La tranquillité d’une vie douce.

La certitude d’être nourri et d’être aimé.

Tant d’autres choses qui m’échappent.

Tes oreilles se dressent lorsqu’un oiseau chante.

Un parfum de jasmin et d’herbes sèches passe avec le vent et ta truffe frémit.

Mais c’est moi que tu surveilles, si je me lève, tu me suivras.

Peu importe où j’irai, tu seras sur mes pas.

Être le centre du monde pour quelqu’un, c’est une chance incroyable et tant de responsabilités aussi…

Mais là je ne vois que cet amour qui emplit ton regard et ce sourire que tu me donneras si je prononce ton nom.

To do list 59 : béatitude attitude béate

Photo m. Christine Grimard

  • Se créer un petit coin de paradis où décompresser après le travail
  • Se contenter de ce que l’on a
  • Ne pas attendre des autres ce qu’ils sont incapables de vous donner
  • Rendre au centuple ce que l’on ne vous offre pas
  • Aimer la vie pour ce qu’elle a de meilleur
  • S’arrêter un instant, s’assoir et boire un petit café en écoutant le chant des oiseaux en savourant le calme de l’instant

La ronde de juillet (Bis) : Désert

Pour ceux qui auraient envie de relire mon texte, le voici :

**

Le jour se lève.

Il faut qu’elle y aille.

Où ça déjà ? 

Ah oui, il l’attend là-Bas !

Il faut qu’elle se lève, qu’elle ne soit pas en retard.

C’est le jour où jamais.

Encore un instant au chaud dans ses draps. Elle ferme les yeux, elle est bien ici finalement.

Dans le couloir flotte un parfum de café et de pain chaud. On lui apportera son petit déjeuner dans une heure. Elle prendra un bon café et deux tartines beurrées avec du miel. Elle adore le miel, blond, doux et âpre à la fois. Elle le sentira couler sur sa langue, descendre doucement le long de son gosier pour réchauffer son cœur…

Elle a un peu de temps avant qu’ils n’ arrivent. Elle se lève un peu trop vite, titube puis se reprend. Il faut qu’elle tienne, c’est le jour où jamais.

Ce jour sera le plus beau, l’apothéose, le bout du tunnel. Elle le sait !

Elle ouvre la porte du placard péniblement. Chaque jour, cette porte est plus lourde. Elle sort son sac de toile, attrape quelques vêtements, sa jupe à carreaux, son chemisier de soie, un pull noir qu’elle ne reconnait pas. La lingère a dû se tromper de chambre, se dit-elle. Peu importe, son pull bleu marine fera la joie d’une autre. Après tout dans le désert, il ne fait jamais froid.

Elle referme la porte, le sac n’est pas trop lourd, ça devrait aller. Il lui faut son chapeau de paille. Ils l’ont accroché sur la patère, mais elle parvient à l’attraper en montant sur la chaise. Ils ne se rendent pas compte qu’elle rétrécit, tous ces jeunes grands comme des jours sans pain. Elle va leur jouer un joli tour en jouant la fille de l’air. Ils n’en reviendront pas.

Elle sourit tout seule sous son beau chapeau, le soleil entre dans la pièce dessinant des centaines de petits pois dorés sur son visage en traversant la paille. Elle aperçoit son reflet dans le miroir et se trouve très jolie comme ça. C’est bien : il faut soigner son image, il n’y a pas d’âge pour cela.

Elle ouvre la porte-fenêtre, dehors le soleil est déjà haut. Il ne faut pas traîner. Ils vont bientôt arriver. Elle attrape son livre et le serre sur son cœur. Elle ne leur laissera pas ce qu’elle a de plus précieux, sa marraine lui a donné quand elle avait cinq ans et c’est tout ce qui lui reste. Tout est dans ce livre, elle n’a qu’à suivre l’histoire. Il est le chemin.

Elle sort, le sable est déjà très chaud. Elle a bien fait de mettre ses bottes. Il faut qu’elle arrive en haut de la première dune avant qu’ils ne s’aperçoivent de son absence. Elle se hâte, en oublie de respirer, feint de ne pas voir les papillons qui se pressent devant ses yeux, n’écoute pas les sifflements qui l’assourdissent. Elle s’arrête pour reprendre son souffle, un petit vent frais se lève, quel plaisir !

Elle commence à redescendre de l’autre côté de la dune, plus doucement puisqu’ils ne peuvent plus la voir. Elle a tout le temps. Le désert s’étend devant elle à perte de vue. Au loin, des nuages se lèvent portés par un vent de sable. Elle n’a qu’à suivre la direction du soleil. Une belle promenade, ma Foi !

Elle relève la tête, personne ne la suit, elle a enfin la paix. Le sable blondit sous la caresse du vent, venant caresser se mollets léger comme mille plumes. Elle avance, ne comptant pas ses pas, sans avoir faim, ni soif. La lumière commence à baisser à l’horizon.

Puis elle l’aperçoit qui l’attend en haut de cette dune. Elle sourit et lui fait un signe de la main. Il lui répond en agitant son écharpe au-dessus de sa tignasse blonde dans le soleil couchant. Confiante, elle marche dans sa direction, elle savait qu’en suivant l’histoire page à page, elle trouverait son chemin dans ce désert…

**

« Je l’ai trouvée comme ça en lui apportant son petit déjeuner, explique la jeune femme. Je lui avais mis un petit pot de miel comme on est dimanche, elle aime bien ça. La pauvre, elle n’en goûtera plus maintenant…

  • Tu sais, elle est mieux là où elle est, répond sa collègue. Elle n’a plus posé le pied par terre depuis des semaines et ne pouvait plus nous parler. Elle passait son temps à lire et relire le même livre. Tiens, regarde ! Elle le serre encore contre elle.
  • Je pense qu’il faudrait lui laisser. On va faire sa toilette puis on le remettra entre ses mains, et on expliquera à sa fille qu’elle aurait sûrement voulu le garder.
  • Tu as raison, c’était son dernier trésor, peut-être son seul souvenir là où elle en était arrivée.
  • Il faut qu’on se dépêche, il fait déjà chaud dans la chambre. On ne pourra pas la laisser là bien longtemps…
  • Regarde, dit sa collègue en s’approchant de la porte-fenêtre, elle n’est pas fermée. C’est bizarre, je me demande qui l’a ouverte. Il fait déjà une chaleur de ce côté ! La pelouse a disparu tant le soleil a tapé ces derniers temps, on se croirait dans le désert…

*

Photo M;Christine Grimard

Photo du jour : possibilités

« Si l’humanité veut avoir un avenir à long terme, il faut que son horizon dépasse celui de la planète Terre. Il n’est pas possible que nous continuions à nous regarder le nombril et à miser sur une planète surpeuplée et de plus en plus polluée. Cela va nous prendre du temps et des efforts, mais cela deviendra de plus en plus facile avec les avancées technologiques. »

L’avenir rêvé des scientifiques.

Stephen Hawking

Sciences et Avenir,

n ° 729, novembre 2007, p. 10

Photo M. Christine Grimard

Parce que vous êtes en vie, tout est possible.

L’impossible prend juste un peu plus de temps.

Asseyons-nous, là, dans le dernier rayon du couchant et rêvons à toutes nos possibilités.

L’air est doux ce soir…