Découvertes à la Fondation Vuitton -/- 7 -/-

L’exposition montre également des œuvres contemporaines de la vie de Charlotte Perriand, en dehors de son ami Fernand Léger, on peut y admirer des œuvres de :

Picasso

Dora Mar à la plage Picasso photo mcgrimard

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Photo m Christine Grimard

Photo Marie-Christine Grimard

 

Photo Marie-Christine Grimard

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Miro

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Photo m Christine Grimard

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Braque

Photo Marie-Christine Grimard

Alexander Calder

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Marie-Christine Grimard

Le Corbusier

Photo Marie-Christine Grimard

Ce parcours artistique dont je ne donne qu’un faible aperçu est un labyrinthe enchanteur

Autant d’œuvres de peintres, sculpteurs, plasticiens, artistes contemporains à voir en quelques heures, j’avais l’impression d’être un enfant devant les vitrines de Noël.

–> A suivre

Découvertes à la Fondation Vuitton -/- 6 -/-

« Le quotidien nous éloigne de l’essentiel, notre civilisation de consommation ne nous en rapproche pas. Travailler pour consommer, un cycle infernal pour faire tourner la machine, une sorte d’esclavage économique où la sublime beauté de la vie n’est pas prise en compte. Le sujet, c’est l’homme, dans la plénitude de ses facultés encore en latence, qui ne demande qu’à s’épanouir. »

Charlotte Perriand

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Photo M Christine Grimard

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L’ère des « Congés payés » ayant été instaurée par le gouvernement du front populaire, des milliers de personnes partaient désormais en vacances d’été.

Charlotte Perriand conçoit la « Maison au bord de l’eau » en 1934  pour répondre aux besoins physiques et moraux des loisirs qui se développent.

Le refuge « Tonneau » sera élaboré entièrement en bois pour abriter 8 personnes selon les mêmes principes en 1938 pour la montagne.

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Photo Marie-Christine Grimard

Cette maisonnette en bois conçue pour accueillir une famille en vacances, est déjà dotée de tout le confort correspondant aux exigences modernes.

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Une structure bâtie en U autour d’une terrasse en bois où la famille prend ses repas ou se repose, comprenant une cuisine ouverte sur une salle à manger et un salon d’un côté de U, et des chambres sur l’autre branche du U dont une suite parentale avec douche à l’italienne…

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Toutes les exigences des familles du XXI° siècle !

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Photo m Christine Grimard

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Une vie entière de création, mise au service de l’homme, et aussi de la femme qu’elle souhaitait aider dans sa vie quotidienne. A l’époque où les femmes étaient cantonnées à passer la journée dans leur cuisine, elle invente la cuisine-bar ouverte sur le salon, ancêtre de la cuisine ouverte où elles pourront dialoguer avec la famille ou les invités tout en accomplissant leurs taches quotidiennes répétitives.

« Actuellement la femme travaille et la transformation de la cuisine devient une question d’évolution sociale, d’évolution de la condition de la femme au fond qui veut se libérer. » Charlotte Perriand

Elle publie un manifeste en 1950  » L’art d’habiter »

« Il faut placer l’homme au centre et insuffler à l’habitat âme et poésie.

Non seulement l’habitat doit réaliser les données matérielles, mais créer les conditions de l’équilibre humain et de la libération de l’esprit. II faut ici prendre position, allons-nous faire du plein ou du vide ? Le vide est tout puissant parce qu’il peut tout contenir. Dans le vide seul, le mouvement devient possible.  »

Dans cette idée de vide, elle crée ses « chaises ombres » empilables et noires qui disparaissent parce qu’elles sont noires.

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Photo Marie-Christine Grimard

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En femme engagée, elle milite pour la condition féminine à une époque  où personne ne se pose encore cette question. Elle fera même un collage d’un « gouvernement féminin » idéal où on la retrouve sous le numéro 15.

Photo Marie-Christine Grimard

Elle travaillera jusqu’à la fin de sa vie, à construire la station des Arcs de 1967 à 1989, puis la maison de thé de l’Unesco en 1993 dans un esprit d’harmonie et de paix, un lieu destiné au recueillement où elle nous invite à méditer et à rêver à un nouvel « âge d’or ».

« La chambre du Thé peut paraître obsolète, pourtant elle me semble d’actualité par la philosophie qu’elle soutend, elle peut contribuer à imaginer l’éthique de la société du vingt unième siècle qui déterminera le bonheur ou le malheur des hommes. le quotidien nous éloigne de l’essentiel, travailler pour consommer un cycle infernal pour faire tourner la machine, une sorte d’esclavage économique où la sublime beauté de la vie n’est pas prise en compte.

Il ne faut pas oublier le sujet ça n’est pas l’objet, c’est l’homme.

Le sujet ca n’est pas le bâtiment, c’est l’homme qui est dedans. Comment va-t-il vivre ?

Vivre c’est faire vivre ce qui est en nous, et ça il ne faut jamais mais jamais, l’oublier ! »

Charlotte Perriand

–> A suivre

Découvertes à la Fondation Vuitton -/- 5 -/-

« Quand les choses sont difficiles, je ne les abandonne pas , je continue et je serre les dents jusqu’à ce que j’arrive au bout même si c’est extrêmement pénible. »

Charlotte Perriand

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photo M C Grimard

Photo Marie-Christine Grimard

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La chaise longue basculante est une icône des années 20. Elle est emblématique de son travail de recherche, avec son crayon et son fidèle mannequin en bois, pour adapter la forme de ses réalisations au corps humain, à la fois chaise de lecture ou de repos selon l’inclinaison qu’on lui donnera. en faisant basculer le cercle qui la porte sur des rouleaux.

Ce nouveau mobilier en tube d’acier sera présenté au salon d’automne en 1929. Une révolution à l’époque où les bergères et autres fauteuils Louis XIV ou Henri IV remplissaient les salons bourgeois.

« Il n’y a rien de plus difficile à faire qu’un siège, car chaque trait signifie quelque chose, ça signifie une forme, ça signifie un usage, ça signifie un matériaux, un prix.. Tout ceci étant fait, il y a une dimension supplémentaire qui est la dimension du rapport de l’objet à l’homme. »

Charlotte Perriand

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photo MC grimard

Photo Marie-Christine Grimard

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Ses banquettes spartiates épurées avant-gardistes semblent naturelles aujourd’hui, mais que de recherche dans leur mise au point.

 

photo M Chistine Grimard

Photo Marie-Christine Grimard

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Elle s’est engagée dans le combat pour l’habitat populaire dès 1933. Il s’agissait de remplacer les ilots insalubres par des cités d’habitations agréables, elle a travaillé sur l’unité de base, l’aménagement des « cellules de vie » de 14 m² par habitant. Une des solutions était l’usage de cloisons coulissantes.

« Visuellement on peut créer de l’espace, sans qu’il y ait beaucoup de m² pour autant, vous devez créer du vide pour commencer. La meilleure manière de créer du vide c’est de concentrer dans des murs de rangements tous les objets dont vous avez besoin, que ce soit du linge, des livres des casseroles, tout ce que vous voudrez. Par contre c’est absolument nécessaire de trouver au bout de vos doigts précisément, tout ce dont nous avons besoin. C’est ce que j’appelle la fonction. La fonction d’une part, et la création d’espace d’autre part. » Charlotte Perriand

Elle utilisera cette démarche pour l’aménagement de différents projets immobiliers qu’elle réalise avec Le Corbusier; pour les chambres d’étudiants de la cité universitaire de la ville de Paris,  pour  la cité refuge de l’armée du salut et dans sa propre architecture pour les loisirs du peuple.

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Elle entraine ses amis à sortir des savoir-faires traditionnels, le décorateur René Herbst, Robert Mallet-Stevens, Eileen Gray, Le Corbusier et Pierre Jeanneret, les peintres Sonia Delaunay et Fernand Léger. Ils forment l’UAM (union des artistes modernes). Ils veulent faire entrer la modernité dans le quotidien.

« Il nous fallait créer un instrument de combat, élargir notre mouvement à toutes les disciplines liées à la vie contemporaine, avec des créateurs en sympathie de tendance et d’esprit, urbanistes, architectes, ensembliers, tisserans, éclairagistes, peintres, affichistes, constructeurs. Large éventail ! J’avais donné beaucoup. Sans moi ça ne se faisait pas, Le clash, c’est moi qui clashait, toujours ! »

Charlotte Perriand.

 

Photo Marie-Christine Grimard

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C’était une artiste entourée d’artistes depuis les années folles. Ici son portrait de Joséphine Baker en 1927. Résolument en avance sur son temps.

« L’affiche de Paul Colin immortalisait Joséphine Baker  qui se produisait au théâtre des Champs Elysées , quel choc. une femme sauvage authentique. Je m’initiais au Charleston , j’étais coiffée à la garconne. Mon cou s’ornait d’un collier que j’avais fait façonner constitués de vulgaires boules de cuivre chromées. Je l’appelais mon roulement à billes. Une provocation et un symbole qui marquait mon appartenance à l’époque mécanique du XX° siècle. »

Charlotte Perriand

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Photo Marie-Christine Grimard

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Photo Marie-Christine Grimard

Photo Marie-Christine Grimard

Et toujours ce sourire et cette joie de vivre.

 

–> A suivre

Découvertes à la Fondation Vuitton -/- 4 -/-

Elle a mis en photos et en espace « l’art d’habiter ». Ceci pour améliorer la vie quotidienne de ses contemporains en mêlant son art à celui de ses amis peintre, sculpteurs ou photographes.

Photo Marie-Christine Grimard

L’exposition présente de nombreuses toiles des artistes qui furent ses amis.

Dont Fernand Leger .

Photo Marie-Christine Grimard

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Photo Marie-Christine Grimard

Fernand Leger : Femme sur fond rouge

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Photo Marie-Christine Grimard

Fernand Leger : les baigneuses 1932

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Photo Marie-Christine Grimard

Fernand Leger : Les femmes au perroquet sur fond rouge

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Photo Marie-Christine Grimard

Fernand Leger : La fleur qui marche 1952

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Photo Marie-Christine Grimard

Fernand Leger : Composition aux deux perroquets 1935-1939

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Photo Marie-Christine Grimard

Fernand Leger : Visage à la main sur fond rouge 1954

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Photo Marie-Christine Grimard

Fernand Leger : l’oiseau à la fleur 1953

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Toutes ces couleurs éclatantes me semblent l’exact reflet de son sourire et de sa joie de vivre en créant.

Bien que ce soit l’anniversaire du jour de sa mort le 27 octobre 1999, je veux me souvenir de ce sourire

–> A suivre

Découvertes à la Fondation Louis-Vuitton -/- 3 -/-

Dialogue des cultures

En février 40, Charlotte Perriand est invitée par le gouvernement japonais pour conseiller la production de l’art industriel dans ce pays.

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Photo Marie-Christine Grimard

Elle voyage dans tout le pays pour donner des conférences dans les écoles et les centres de productions, découvrant le savoir-faire et la culture de l’archipel

Photo Marie-Christine Grimard

En 1941 son exposition « contribution à l’équipement intérieur de l’habitation au Japon. Sélection, tradition, création. » Fait la synthèse de ses recherches et de ses productions locales.

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Photo Marie-Christine Grimard

Elle y retourne de 1953 à 1955 pour concevoir une exposition sur le thème de la « synthèse des arts » avec la complicité de Fernand Leger et de Le Corbusier, elle montre « le rapport d’unité entre l’architecture, la peinture et la sculpture ».

Photo Marie-Christine Grimard

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En avril 55 une exposition de ses œuvres aux grand magasins de Takashimaya veut montrer les « tendances et préoccupations de l’Occident » et la collaboration entre les artistes et les productions industrielles.

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Photo Marie-Christine Grimard

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Sa collaboration avec des artistes , Fernand Leger, Harrington, Richier, Soulages, Calder, leurs tapisseries, céramiques, sculptures, tableau, rendent l’architecture vivante et montrent que cette « synthèse des arts » est un élément essentiel au besoin d’art de chaque homme.

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Fernand Leger (photo mc grimard)

Sculpture Fernand Leger meuble charlotte Perriand

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Photos Marie-Christine grimard

—> A suivre

Découvertes à la fondation Vuitton -/- 2 -/-

« L’important ce n’est pas l’objet, c’est l’homme. »

Charlotte Perriand

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Charlotte Perriand (1903 / 1999)

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J’étais ravie de visiter l’exposition « Charlotte Perriand » sur laquelle j’avais lu tant d’articles.

Elle ne m’a pas déçue.

En voici quelques aperçus

Photo Marie-Christine Grimard

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De 1927 à 1940 en collaboration avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret, elle réinvente l’habitation.

« Mon rôle à l’atelier n’était pas l’architecture mais l’équipement de l’habitation.

Le Corbusier attendait de moi, avec impatience que je donne vie au mobilier. »

Charlotte Perriand

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Photo Marie-Christine Grimard

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« Le métier d’architecte c’est travailler pour l’homme » CHARLOTTE PERRIAND

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Photo m Christine Grimard

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A la fin des années 20, elle imagine un art de vivre en rupture avec les codes de son époque. Les meubles qu’elle réalise sont d’une étonnante modernité.

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PHOTO M Christine Grimard

 

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Au début des années 30, elle est à la recherche de la leçon des lois de la nature, photographie des galets, des ossements, des bois flottés.

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Photo M.Christine Grimard

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« Avec pierre Jeanneret, nous allions le samedi soir et le dimanche sur les plages de Normandie, nous aimions celle de Dieppe, à la recherche des plus beau galets… »

Charlotte Perriand

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Photo Marie-Christine Grimard

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« Nos sacs à dos étaient remplis de trésors, galets, bouts de godasses, bouts de bois troués, de balais de crin roulés, ennoblis par la mer. »

Charlotte Perriand

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Photo M.christine Grimard

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« Avec Fernand Leger on faisait le tri, on les admirait, les photographiait, les trempait dans l’eau pour leur donner plus d’éclat. C’est ce qu’on appela l’art brut. »

Charlotte Perriand

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Photo M Christine Grimard

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Son imagination était sans borne, ce que l’exposition démontre avec bonheur, je vous le montrerai demain…

—>> A suivre .

Découvertes à la Fondation Vuitton -/- 1 -/-

« Je rêve de concevoir pour Paris, un vaisseau magnifique qui symbolise la vocation culturelle de la France. »

Franck Gehry

Photo Marie-Christine Grimard

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Voyage professionnel de trois jours à Paris sur fond de grève SNCF surprise

Surprise !

Départ de Lyon en TGV (à l’heure des petits matins blêmes) sur un lever de soleil encourageant. Le voyage sera beau…

Aller simple finalement puisque de retour ferroviaire, il n’y aura.

Faute de train, supprimé au dernier moment (remboursé ou pas ! ) Votre billet a été pris sur un autre site que celui de la SNCF alors il faudra faire une demande particulière en trois exemplaire … la suite au prochain numéro.

Et le billet d’avion de retour pris en désespoir de cause au dernier moment donc au prix fort, il sera remboursé aussi ? …. bof . Il ne faut pas trop en demander madame !!

Passons …

Pour l’heure le voyage commence dans la magnificence :

Photo m Christine Grimard

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Arrivée dans un Paris gris souris dont je ne verrais d’emblée que les tunnels du métro, parcourus par une foule pressée d’individus évitant de se croiser du regard.

Dédale de couloirs, démarrages, freinages, courbes, lignes droites, crissements de freins.

Terminus, on sort à l’air libre …

Finalement, le ciel se fait plus accueillant.

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Photo m Christine Grimard

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C’est parti pour trois jours non stop de congrès

Toujours très intéressant, comme chaque année. Échanges de pratiques, changements de théories, rencontres de confrères que l’on ne voit qu’à cette occasion, retrouvailles d’étudiants sur le retour ayant gardé l’esprit potache avec qui l’on croit avoir toujours vingt ans.

….

Et puis, entre deux conférences, je m’accorde deux heures de liberté pour découvrir cet endroit magique où la lumière a trouvé un merveilleux refuge et que je rêve de visiter depuis sa construction.

Et là je reste sans voix :

Photo m Christine Grimard

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Un vaisseau posé sur l’eau voguant vers la lumière.

C’est ce que voulait Franck Gehry.

C’est mon regard personnel sur cette œuvre architecturale et sur l’exposition qu’elle abrite en ce moment retraçant le travail de Charlotte Perriand que je vous propose de revoir avec moi, dans les quelques billets qui suivront.

—> A suivre

La ronde autour de l’épreuve (2)

Pour ceux qui auraient envie de relire mon texte paru dans le cadre de la ronde du 15 octobre 2019 autour du thème « épreuve », le voici :

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Épreuves d’effort

 

Des épreuves, elle en avait eu dans sa vie.

Tant et plus.

Elle avait franchi tous les obstacles, était souvent tombée, s’était relevée en serrant les dents sans un regard pour les ecchymoses, sans une larme. Toujours avec le sourire.

C’était sa marque de fabrique, un sourire sincère et véritable, un encouragement sans parole offert le regard au bord des lèvres.

C’était devenu son credo : « souris à la vie pour qu’elle te sourit. »

Lorsqu’elle se retournait sur son parcours, certains matins elle avait l’impression que la vie ne lui avait pas rendu son sourire…

Peu importe, il fallait continuer, sinon pourquoi était-elle là ? Pour se lever, travailler, manger, dormir, et quoi encore ?

Aimer…

Rêver…

S’envoler…

Pour cela il aurait fallu avoir le temps !

Ou le prendre…

Le voler !

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Dans sa voiture, le téléphone l’agresse de bon matin. Ne pas répondre. Peut-être une urgence. Elle décroche, la voix de sa secrétaire remplit l’espace :

« Bonjour docteur, j’ai ajouté trois urgences sur le temps du déjeuner, pas pu les caser ailleurs… Il faudra que vous rappeliez le labo en arrivant ils ont les résultats de Monsieur D. qui ne sont pas bons. Ils veulent vous parler. »

  • Merci Léa, on verra le reste plus tard, je rentre dans le parking de la clinique et je ne vous entends plus ! »

Elle raccroche sans attendre la réponse.

Prendre le temps, ça sera pour un autre jour !

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Les épreuves d’effort s’enchaînent, un mot d’encouragement à chacun, quelques plaisanteries autant que de prescriptions, la matinée s’écoule à la vitesse d’un carabin au galop. La dernière patiente descend de la bicyclette et reprend son souffle, elle lui donne quelques conseils pour mieux gérer sa course d’endurance du week-end prochain, et la laisse se rhabiller.

Un rayon de soleil traverse la fenêtre se posant sur son poignet. Machinalement elle lève les yeux vers le ciel. Devant la fenêtre, un arbre agite ses branches dans la lumière, on croirait qu’il danse. Sur la cime, un oiseau déploie ses ailes en suivant sa cadence comme un chef d’orchestre sur son estrade. Elle lui sourit, enviant sa liberté. L’oiseau tourne la tête, tend le bout de son aile dans sa direction en la fixant du regard. On dirait une invitation.

Impossible de résister. Elle s’approche et pose la main sur la vitre. L’oiseau plane jusqu’au rebord de la fenêtre. Elle connaît ce regard, mais où l’a-t-elle déjà croisé ?

Tout doucement, craignant qu’il ne s’échappe, elle ouvre la fenêtre et tend la main vers lui. L’oiseau semble lui rendre son sourire et se pose sur sa main tendue…

…/…

« Si je vous assure qu’elle a disparu d’un seul coup, juste devant mes yeux.

Je ne suis pas folle, je vous assure ! »

  • Calmez-vous, madame H, dit la secrétaire. Je ne comprends pas un mot de ce que vous me dites. Où est passé le docteur ?
  • Elle est sortie par la fenêtre, je vous dis !
  • Mais enfin ! Ça n’est pas possible, nous sommes au sixième étage, et les châssis des fenêtres sont coincés.
  • Je vous dis qu’elle s’est approchée de la fenêtre, a touché la vitre juste ici et a disparu. Je ne sais pas où elle est passée !

Elle semble tellement convaincue de ce qu’elle avance, que la secrétaire s’approche de la fenêtre. Comment une telle folie pourrait être possible ? Évidemment il n’y a personne d’autre que deux colombes sur le rebord extérieur qui s’envolent en la voyant !

Elle hausse les épaules et retourne à son bureau en marmonnant :

« En attendant, si elle ne réapparaît pas rapidement, il va falloir que j’annule tous les rendez-vous de l’après-midi. Comme si je n’avais pas assez de travail comme ça ! »

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ronde d'octobre

Photo Marie-Christine Grimard

 

 

 

La ronde d’octobre autour de l’épreuve

Ronde du 15  octobre 2019 autour de l’épreuve…

Entrons dans cette nouvelle ronde dont je vous rappelle le principe retranscrit ici depuis le blog de Dominique Autrou:

«La ronde est un échange périodique bimestriel de blog à blog sous forme de boucle, sur une idée d’Hélène Verdierle promeneurquotiriens et Dominique Autrou à l’automne 2012. Le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, et ainsi de suite. Pour chaque échange, un thème, un simple mot. Prétexte à un travail d’écriture pouvant prendre la forme d’un récit, une fiction, un poème, une page de carnet…»

Selon l’ordre de cette ronde, je publie mon texte chez Jacques  et j’ai le plaisir de recevoir celui de  Noël Talipo.

Merci à eux deux, merci à tous ceux qui font la ronde , dont le thème est : «Epreuve(s)».

La ronde tourne cette fois-ci dans le sens suivant, par ordre du tirage au sort (un clic sur le lien de son blog libère le nom de l’auteur) :

Dominique Hasselmann écrit chez Marie-Noëlle Bertrand chez Giovanni Merloni chez Franck chez Noel Bernard Talipo chez Marie-Christine Grimard chez Joseph Frisch chez Dominique A

Voici le texte de Noël :

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revenir, étreindre, rêver

 

Elle alla,

Étrange écuyère,

Sans aléa, sus à l’Érèbe.

Elle appela sans épouvante l’être rageur

Sis à l’entrée excavée sous l’énorme rocher, lequel défend l’extrême aula.

 

Ô medium,

Nain tonitruant,

Cornac exercé à ravir

Tout éphémère clerc trépassant sans revenir,

Soumets l’errante sans nation à l’épreuve expiatoire tendant à rouvrir

L’exsangue linceul ici échoué travestissant l’éphèbe, l’elfe à l’éternelle espérance, surpris traînant à l’asana.

 

L’escogriffe

Toisant l’effrontée

Édicte ses stipulations :

 » Étonnante étrangère tremblant d’effervescence,

Sois enfouie à l’espace infléchi tenant tout fautif à tourment maximum.

 

 » Enterrée,

Subis d’au-delà

L’empoisonneuse négation.

J’espère t’y entendre réagir sans errance.  »

 

Enlevée

À l’été rieur,

Elle erre entre serpents sournois ;

Descend schuss l’infini sinus tourbillonnant ;

Échoue à l’empire d’épouvante, sans y retrouver l’épousé entravé.

 

Sous ses socques,

Tremblotant rampeur

Évolue, épave écœurante.

Serpentines sinuosités d’anaconda.

 

Choc ! Meltem !

Elle a écouté :

À ses sens éclate l’écorce.

L’être inabouti, furtif, l’apsara écrasée,

Elle y éprouve l’encore régénérateur transport de l’émouvante étreinte.

 

Triomphant

D’exécrable ordo,

L’éprise arracha l’emmuré.

 

Enlacée,

Aida l’écorché

 

À rêver.

 

 

NDA : « Ce poème adopte la forme du bigollo chère à son auteur : dans chaque strophe les longueurs successives des vers suivent la suite de Fibonacci 3-5-8-13-21-34… Par ailleurs est respectée la contrainte de l' »aléa furtif » de Robert Rapilly : chaque mot commence et se finit par la même lettre. »