Ateliers d’écriture de l’été de F.Bon: Entrer dans des maisons inconnues

 

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Photo M.Christine Grimard

Assis près de la fenêtre Pierre s’impatiente, encore de longues minutes avant qu’il ne retrouve son port d’attache. Ce tortillard n’en finit pas de desservir des villages fantômes aux maisons abandonnées depuis des décennies, vidées de leurs souvenirs. Chaque arrêt inutile faute de voyageurs, lui pèse. Il est seul dans le wagon comme tous les soirs. Encore quinze minutes de trajet avant qu’il ne retrouve sa ville aux ruelles tranquilles, aux volets ripolinés. Il a choisi de revenir vivre ici et ne le regrette pas.

Au début, il pensait retrouver ses copains d’enfance, suivre l’ombre de ces chers disparus sur les pavés du port. Mais peu à peu, il a pris conscience que c’était cette ville qu’il aimait. Les maisons basses serrées les unes contre les autres pour se protéger du vent du large, les murs soulignés de pierres de granit taillées de main d’hommes, les volets outremer assortis au ciel océanique, tous les détails dont cette ville portuaire était friande lui avaient manqué durant ses années d’expatriation. Le soir après le travail, il préférait rentrer à pied de la gare, arpentant les pavés inégaux, admirant la ténacité des roses trémières et les reflets orangés que le couchant donnait aux façades. Le vent iodé qui l’accueillait sur les quais le remplissait de sérénité ; les cris des mouettes perchées sur les ardoises du toit de la gare lui souhaitaient la bienvenue. Il leur souriait et elles lui répondaient d’un éclat de rire. Il habitait au fond d’une impasse, derrière le port. Au passage, il saluait de la main les marins qui rentraient avec la marée du soir ayant posé leurs casiers au large. L’étrave des navires éclaboussant d’or les eaux du bassin, le fascinait bien qu’il soit sujet au mal de mer. Loïc, son ami d’enfance, lui criait de venir embaucher avec lui quand il en aurait marre de son rond de cuir, ponctuant sa plaisanterie d’un rire tonitruant. Pierre lui répondait par le même rire et un hochement de tête, comme chaque soir. Il était bien ici. Il avait trouvé sa place.

Ce soir, il prend la rue du môle, pour changer un peu de routine. Quand il était petit, les façades étaient sombres et vermoulues, les portes de bois martelées d’embruns cachant des secrets effrayants. Il n’a jamais repris cette rue depuis ses dix ans. Elle a bien changé. Il lui semble que les maisons ont rétréci. La rue lui semble plus aérée, certaines masures délabrées dans son souvenir ayant été remplacées par des jardins. Les façades sont claires désormais, crépies couleur pastel ou patinées de blanc. Aux 40, 42 et 44, trois portes en enfilade attirent son attention. Elles sont mitoyennes, le numéro 42 semblant coincé entre les deux autres. Au 40 et au 44, les façades arborent fièrement trois fenêtres symétriques mais au 42, il n’y a qu’une porte. Il se demande comment une telle chose est possible et qui peut vivre au fond d’un couloir bloqué entre deux maisons « normalement constituées ». Une femme entre deux âges au rez-de-chaussée de la maison d’en face, le dévisage le regard pétillant. Il hoche la tête en lui montrant du doigt la porte du 42. Elle éclate de rire derrière ses carreaux avant d’ouvrir sa fenêtre, ravie d’avoir l’opportunité de bavarder un peu :

  • Vous être intrigué, n’est-ce-pas ? Vous n’êtes pas le premier ! dit-elle en le fixant d’un regard gris, mélange de douceur et d’amusement.
  • Il y a de quoi, répond Pierre sur le même ton, je me demande quel être singulier peut arriver à passer son existence dans un couloir.
  • En effet, c’est la bonne question à se poser. Puisque vous avez deviné, je vous invite à découvrir la solution de l’énigme seul. Vous me semblez futé, alors ouvrez la porte du 42 et suivez les instructions que vous trouverez derrière. Le mystère ne se dévoile qu’à celui qui en est digne. Bonne chance !

Sur ces derniers mots d’encouragement, elle referme sa fenêtre et disparaît au fond de la pièce avant que Pierre n’ait le temps de réagir.

Après une hésitation, il traverse la rue, pose la main sur la poignée jetant un coup d’œil en arrière pour glaner une approbation, mais la voisine a disparu. Il est seul dans cette rue déserte avec ce mystère mêlé aux souvenirs glauques des rues sombres de son enfance.

A l’intérieur, un long corridor plongé dans la pénombre l’accueille. L’atmosphère est âcre, mélange d’encaustique et de vieil antimite. Le silence est pesant. Au mur, des gravures de scènes médiévales couvrent toute la surface. Elles décrivent les amours de Merlin l’enchanteur et de la fée Morgane dans le style Gustave Doré mais semblent beaucoup plus anciennes. Un tapis de jute atténue le bruit de ses pas, il avance jusqu’au fond du couloir où une porte vitrée donne sur une pièce inondée de lumière. Soudain intimidé, il n’ose frapper au carreau. Sur la dernière gravure, la fée Morgane fièrement dressée sur sa queue de serpent, le fixe d’un regard amusé aux pupilles fendues verticalement. Pour s’extraire de l’effet hypnotique de ce regard surnaturel, il reprend sa respiration, rassemble tout son courage et dit d’une voix éteinte :

  • Il y a quelqu’un ?

Un long silence lui répond. Il n’est pas venu jusque-là pour renoncer, pose la main sur la poignée au moment où une voix chevrotante crie à travers la porte :

  • Le panier est sur la sellette. Le porte-monnaie est au fond. Je laisserai la porte ouverte, si vous voulez le laisser sur la table. Merci à vous, Ginette, à tout à l’heure !

Pierre suspend son geste, récupère le panier sur la tablette et ressort de la maison sans bruit. Au fond, il découvre un petit carnet jauni où l’on a griffonné au fil des jours des listes de courses et des phrases de remerciements. L’écriture est belle bien que légèrement tremblée, d’un style suranné qui le touche. Il parcourt le carnet, journal de la vie quotidienne de la vieille dame dont la voix l’a ému tout à l’heure, déclinant au fil des pages ses goûts culinaires et ses habitudes intimes. Il a la sensation qu’un hasard malicieux l’a fait entrer par effraction dans la vie de la personne vivant au 42. En traversant la rue, il croise le regard de la voisine qui l’épie à travers ses carreaux. Elle hoche la tête et lui sourit, lui montrant du doigt le magasin d’alimentation situé au bout de la rue.

La jeune vendeuse reconnaissant le panier de la vieille dame, lui demande sa liste de courses. En quelques minutes, elle remplit le panier et explique à Pierre qu’elle n’a pu ajouter les macarons à la framboise, péché-mignon de la vieille dame, n’ayant pas trouvé assez d’argent dans le porte-monnaie. Il ne peut s’empêcher de l’interroger sur les habitudes de celle dont il n’a entendu que la voix, apprend qu’elle vit seule depuis la mort de son fils, marin-pêcheur noyé lors de la grande tempête qui a détruit son bateau. Elle était pâtissière autrefois et régalait tous les gamins du quartier de ses sablés à la vanille bourbon et au beurre salé. La jeune fille assure qu’elle n’en a jamais goûté de meilleurs depuis que la vieille dame n’a plus la force d’en préparer. En l’écoutant, Pierre retrouve sur sa langue la saveur sucrée-salée des sablés de sa jeunesse. Il demande à la jeune femme d’ajouter le plus gros paquet de macarons dont elle dispose, la règle et reprend le chemin du numéro 42.

Lorsqu’il pénètre dans le corridor, le silence se fait sur son passage comme si les personnages des dessins encadrés sur le mur interrompaient brusquement leur conversation pour l’observer. Il écarte doucement le rideau de la porte de la salle principale mais rien ne bouge à l’intérieur. Il frappe discrètement mais n’obtenant pas de réponse, se décide à entrer.

Le petit logement se résume à cette seule pièce ouverte à l’ouest sur une cour intérieure par une large verrière d’atelier. La cuisine où trône un antique fourneau de fonte, occupe la plus grande partie de la pièce. Pierre, en admiration devant la multitude de moules à gâteaux en cuivre pendus sur le mur, les ustensiles de pâtissier disposés dans tes pots de terre sur une plaque de granit noire polie, laisse courir ses doigts sur la surface brillante comme un miroir, imaginant les gâteaux qui y ont été confectionnés pendant des décennies. Il lui semble qu’un parfum de fleur d’oranger flotte encore au-dessus du fourneau. Il dépose le panier à ses pieds, cherchant autour de lui où il pourrait ranger tout ce qu’il avait rapporté de l’épicerie, lorsqu’une voix s’élève derrière lui.

  • Laissez le panier sur la table, Ginette, je rangerai demain quand j’aurai retrouvé un peu mes forces.

Il se retourne, interloqué, cherchant la voix qui provient d’un placard de bois sculpté occupant le mur opposé à la verrière. Il connaît ce meuble mais a beau chercher dans sa mémoire, il n’en retrouve trace. La voix tout d’abord atténuée par les panneaux de bois, prend de l’ampleur tandis qu’une main fripée pousse la lourde porte coulissante. Pierre se souvient : c’est un lit clos breton comme il en a vu dans son enfance. Il avait même joué à l’intérieur de l’un d’eux, avec un de ses amis d’enfance dont les parents en possédaient un depuis plusieurs générations. Ses souvenirs resurgissent à mesure que le panneau coulisse, comme la brume se dissipe lorsque la brise d’octobre balaye la lande au petit matin.

  • Je ne suis pas Ginette, murmure-t-il pour ne pas effrayer la vieille dame, mon nom est Pierre. Je suis allé à l’épicerie à sa place. Il restait de beaux macarons, ceux que vous préférez m’a dit la petite vendeuse… ajoute-t-il comme pour excuser sa présence.

La vieille dame le découvre, surprise, puis lui offre son plus beau sourire où il manque quelques dents. Elle s’assoit au bord du lit en l’examinant des pieds à la tête. Il se sent tout petit sous ce regard puissant, aux reflets gris bleus comme celui de la crête des vagues en automne.

  • Pierre, oui. C’est bien toi, tu es Pierre. Je t’aurais reconnu tout de suite à cette jolie fossette si j’avais encore mes yeux d’antan…

Pierre n’ose la contredire, se demandant avec qui elle le confond.

Elle paraît sortie tout droit d’une des gravures de son corridor, faisant presque corps avec le bois du lit tant sa peau est burinée. Elle tend la main vers Pierre pour qu’il l’aide à se lever puis saute sur ses pieds, plus agile qu’il n’y parait et poursuit :

  • Tu ne te souviens pas de moi ? Pourtant tu es souvent venu jouer avec mon Joël, vous restiez des heures derrière les portes de mon lit à vous raconter des histoires de pirates. Tu n’as pas oublié mon Joël quand même !

Elle le fixe sévèrement de toute la hauteur de sa petite taille, et Pierre se sent soudain plus bas que terre. Comment avait-il pu oublier cette période de sa vie ? Joël, son meilleur copain de la communale, son alter-ego, son frère. Il s’approche du lit-clos, en caresse les sculptures suivant du doigt volutes et grappes, puis se tourne vers la vieille dame, des larmes plein les yeux.

  • Je n’ai pas oublié Joël, il est toujours au fond de mon cœur, ni les histoires de pirates, ni le goût de vos sablés, Corentine, je les avais seulement enfouis sous tant de sable…
  • Mon petit, répondit la vieille femme, en hochant la tête, tant de marées sont passées sur le sable pour moi aussi. Tu ne pouvais pas me reconnaître derrière ce masque de vieux pruneau desséché qui me sert de visage, désormais. Je te pardonne volontiers. Mais je suis si heureuse de te revoir. Raconte-moi où tu as roulé ta bosse durant toutes ces années.

Pierre a de nouveau huit ans. Il la regarde émerveillé comme si une fée avait brusquement surgi des nuits de son enfance. Il se sent si bien près d’elle, il lui semble que s’il ferme les yeux, Joël va sortir de ce lit de chêne en riant, comme il l’a si souvent vu le faire.

Il tire près de la table le vieux tabouret sur lequel il s’asseyait pendant qu’elle confectionnait ses gâteaux, et commence à lui raconter ses années de jeunesse autour du monde. Dans un coin, l’horloge égraine les minutes puis les heures, mais le temps de compte plus pour eux.

Corentine s’approche du fourneau, attrape un tablier pendu dans un coin de la cuisine et dit :

  • Il est temps de secouer la poussière de ce vieux tablier. Pendant que tu me racontes tes voyages, je vais te faire quelques sablés. Ne regarde pas ce que je mets dans la pâte. C’est mon secret, mais tu m’en diras des nouvelles !

Dehors, le soleil décline, couvrant les carreaux de la verrière de reflets dorés. Le sourire de Corentine est parsemé de petites étoiles. Un chat aux yeux verts s’étire sur le toit du lit-clos puis saute d’un bond sur ses genoux. La lumière glisse sur les mains de Corentine pétrissant la pâte sablée. Pierre se sent de nouveau vivant. La vie qu’il aime est là, palpable, au goût de vanille, aux couleurs du couchant, à la saveur du sourire d’un ami, à la fragrance du rire de Morgane.

Pierre se dit qu’il a bien fait de pousser la porte bleue du 42 ce matin-là.

 

 

 

 

Photo du jour : fin d’été 

“La nuit, en secret, épanouit les fleurs et laisse le grand jour récolter les compliments.”Rabindranàth Tagore

 

photo mcgrimard

 
Fin d’été 

Le jardin compte les pétales qui lui restent.

Il jète à la tête du promeneur ses dernières fleurs en guise de bouquet final. 

Fleurs de topinambour et roses d’automne s’accrochent aux rayons d’un pâle soleil.

Et je compte les jours qui nous séparent des brumes de novembre.

La vie brûle ses dernières cartouches, ce soir, mais le feu d’artifice valait le détour.

Il y aura encore quelques belles journées avant que la parenthèse hivernale ne se referme sur nous. 

Et le temps des marrons glacés remplacera celui des cerises, avec un égal plaisir en ce qui me concerne.

Mais ceci est une autre histoire…

  

Phrases 46 : Mots ordinaires.

« il nous faut peu de mots pour exprimer l’essentiel, il nous faut tous les mots pour le rendre réel. »

Paul Eluard 
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Photo M.Christine Grimard 

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Bonjour 

Comment vas-tu ?

Je t’ai apporté quelques fleurs du jardin.

Il fait un peu froid ce matin.

Si tu sors, il faudra mettre ton écharpe.

Nous allons vers l’automne, les jours sont plus courts. 

Je t’achèterai du miel d’acacia pour ton petit déjeuner, il est plus doux. 

Il faudra faire entrer du bois, les réserves diminuent. 

Ce matin, les hirondelles se sont regroupées sur le vieux frêne, elles partiront bientôt.

Hier soir, nous avons dû allumer pour dîner.

Le chat a passé trois fois la patte derrière son oreille gauche, il va pleuvoir demain. 

Les étourneaux ont envahi la vigne du père Antoine, il n’aura plus une grappe quand il rentrera de l’hôpital. 

Les enfants ont tous repris les cours, ils ont beaucoup de travail cette année. 

Il n’y a plus de pain au village, le boulanger a fait une crise cardiaque. 

Ta maison est belle avec la vigne vierge qui rougit sur le mur de la grange. 

Les mésanges ont fait leur nid derriere le volet de la cuisine, je ne l’ai pas ouvert pour ne pas les déranger jusqu’à ce que les jeunes se soient envolés.

Je ne sais pas si tu m’entends, mais je voulais te remercier pour m’avoir appris l’amour de la vie et des hommes. 

Les chiens seraient heureux de venir te voir, mais leur présence n’est pas tolérée ici.

Il faudra que je t’apporte des pantoufles chaudes pour l’hiver.

On a tondu devant la terrasse mais l’herbe n’a pas repoussé depuis qu’il fait aussi frais le matin.

Maman ne pourra plus venir te voir, elle a retrouvé sa mère et la tienne l’année dernière, elles t’attendent toutes les trois de l’autre côté du lac. Il faudrait te décider à les rejoindre. 

J’ai rangé la cave, le pied de ton télescope est à côté des cannes à pêche, je les conserverai pour nourrir mes souvenirs.

La nuit tombe plus vite en cette saison, il faudra que je rentre avant la pluie.

Hier soir, la lumière était belle sur le chemin, je me suis souvenu du jour où tu as enlevé les roulettes de mon petit vélo bleu. Ce jour-là, il y avait la même lumière. J’ai revu ton sourire et l’éclat de fierté au fond de ton regard.

Je t’apporterai un pot de confiture de mirabelles  la semaine prochaine, cette année le prunier a bien donné.

Si tu as entendu ce que j’ai dit, serre un peu ma main…

Bonsoir, j’espère que tu dormiras tranquille, la nuit est plus douce qu’hier.

Je te laisse.

N’oublie pas de faire de beaux rêves. 

C’est important les rêves quand il n’y a plus rien d’autre à faire.

J’ai oublié ce que tu disais quand tu venais me border le soir.

Ça me reviendra quand je penserai à toi avant de m’endormir. 

Ne t’inquiète pas, je reviendrai te voir. 

Je sais que tu as tout oublié mais peut être te souviens-tu au moins que je t’aime, le temps d’un regard.

Alors regarde-moi un instant.

Je t’aime.

Vases communicants de Septembre : de l’océan

Pour ceux qui n’auraient pas eu l’occasion de lire le texte que j’avais écrit pour les Vases communicants de septembre, je le publie de nouveau ce matin et remercie une nouvelle fois Françoise Renaud d’avoir été à l’initiative de cet échange très agréable autour de la mer.

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Ce matin l’air a un goût saumâtre.

Ou peut-être n’est-ce que mon état d’esprit du jour…

Le vent d’ouest laisse sur mes lèvres un goût amer, un goût de rentrée !

Dernier matin ; j’ai rangé la maison, nettoyé le réfrigérateur, remisé les fauteuils de jardin, vérifié l’irrigation des hortensias, bouclé les valises.

Avant de fermer les volets sur la saison achevée, j’irai faire un dernier tour sur la falaise histoire de regarder la mer danser, histoire de ne pas oublier les heures dorées de cet été envolé.

Je sais qu’il sera là, m’attendant comme chaque matin au bord de la falaise.

Je sais qu’il me verra approcher de son regard latéral et qu’au dernier moment il poussera un cri strident pour me signifier de ne pas franchir la limite qu’il a choisi pour nos échanges.

Je m’arrêterai tout au bord du sentier et l’écouterai en silence.

Il me racontera le parfum des embruns mêlés de résine de pin, le bruit des galets glissant sous l’écume, la chanson secrète des coquillages nacrés.

Je lui dirai le sourire que l’océan dessine sur le visage des enfants, la caresse que le vent distille dans les cheveux de ma fille, le frisson du sable ondulant entre mes orteils lorsque la vague se retire.

Il m’aidera à me souvenir du temps sucré des jours de liberté.

Et quand la brume se lèvera sur la mer, je prendrai la route.

Je laisserai les kilomètres défiler et mon esprit vagabonder sur ce rivage blond.

Il me restera quelques nuits pour rêver, à plat-ventre sur le sable, le menton sur les paumes, les cheveux ondulant sous le vent en phase avec les graminées de la dune.

Il suffira de ne pas se réveiller, pas encore, pas tout de suite.

Sur ce matin de rentrée…

                                                                            Photo Françoise Renaud       

Texte M.Christine Grimard    

 

 

 

Poème : si tu imagines…

« Ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu’endormis. »

Edgar Allan Poe

  
*

Petit homme à naître

Tu peux tout imaginer 

*

Imagine un monde baigné de lumière 

Imagine des nuits de soie douce

Imagine des jours de vent chaud  

Imagine des heures blondes et belles 

Imagine des mots clairs et vrais 

Imagine des hommes bons et sages 

Imagine un temps infiniment paisible

Imagine un monde brodé d’amour 

*

Si tu l’imagines

Aussi beau que ton âme 

Si tu l’imagines

Aussi grand que ton Coeur

Il  finira bien par exister 

*

Petit homme à naître 

Rêve ce monde en couleur 

Habille-le de ta lumière 

Pour qu’il te suive 

Emmerveillé 

Sur le chemin les étoiles 

Vidéo : La vie ne tient qu’à un fil

*

Quand un fil

Marche sur un fil

Que se racontent-ils ?

Des histoires de fils…

*

 
Photo et film David Weiller

*

Ne dit-on pas : Qui se ressemble, s’assemble ?

*

La vie, parfois mince comme un fil

Parfois solide comme un fil

Immortelle

Comme un fil

S’enroulant en double hélice

Autour d’elle

La vie pelotonnée

Autour d’une idée folle qui germa un jour dans l’imagination de l’univers

N’est-elle pas la plus belle ?

*