Photo du jour: Silence

« Silence is a source of Great Strength.”
Lao Tzu

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Jour de clameur.
Bal des apparences
Danse de la peur.

Nuit de douceur.
Refuge de l’espérance.
Moment d’apesanteur.

D’où viens-tu ?
Où seras-tu demain ?
Qui seras-tu au matin ?
Sur quel chemin marcheras-tu ?
Vers quelle chimère voleras-tu ?

Reste immobile devant la splendeur
De toutes les couleurs du silence
Admire les et Oublie tes peurs

Jusqu’à la dernière de tes heures,
Être vivant, Savoure ta chance,
Et d’Amour, laisse battre ton cœur .

Laisse-toi bercer par ce silence,
Laisse-toi habiller de douceur,
Laisse-toi aller vers l’insouciance.

Les Filles de la Lune (Partie 4)

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Une fois chez elle, Lina déposa son carton sur la table du salon, et se fit un chocolat chaud. Avant tout, elle avait besoin de laisser décanter les évènements de ces dernières heures. Le liquide chaud et onctueux la réconforta jusqu’à l’âme. Elle se laissa quelques minutes de répit, puis ouvrit le carton où elle avait entreposé les carnets.

Chacun d’eux comportait une date manuscrite sur la couverture de cuir, difficile à déchiffrer, tant la poussière avait obscurci les lettres. L’écriture était soignée, finement déliée, à la mode ancienne. En regardant de plus près, les carnets avaient été écrits de la même main, contrairement à ce qu’elle avait cru en les parcourant dans le grenier. L’écriture s’était affermie au fil des pages. Sur chaque couverture, à côté de la date, était dessiné un prénom féminin en caractère majuscule gothique, que Lina eut du mal à lire.

Elle en choisit un au hasard, et en lustra la couverture jusqu’à ce que l’inscription soit lisible. Il était écrit :

Moona ou Mouna (1875)

Elle l’ouvrit précautionneusement, les pages fines semblaient fragiles et craquaient lorsqu’on les touchait. Elles étaient couvertes de cette écriture soignée, penchée et ronde, certains mots étant à peine lisibles, l’encre commençant à s’effacer. Le récit débutait ainsi :

 

« Je consigne ici l’histoire des femmes de ma lignée, du moins, de celles dont on m’a raconté l’histoire et dont je me souviens encore.

Ces femmes sont mes ancêtres, et je les décrirai du mieux que je pourrai le faire, avec les maigres souvenirs qui me restent, et dans le temps qui me restera.

Ces carnets seront notre mémoire.

Je relate ici les faits que ma mère et ma grand-mère m’ont relaté, afin que le souvenir de ce qu’elles étaient ne s’envole pas dans l’oubli, et qu’ils éclairent les pas de mes filles.

Leur combat fut souvent incompris et parfois réprimé avec violence, mais je sais qu’il ne sera pas vain, puisque d’autres femmes se lèveront pour le poursuivre.

A travers moi, qui ai tenté d’être digne de leur courage, je souhaite que leur lumière éclaire notre postérité, comme elle a illuminé mon présent. »

 

Sur la page suivante, un dessin à la plume représentait un paysage forestier au clair de lune. Un chêne monumental s’élevait au milieu d’une clairière, le sommet de ses branches fièrement dressées, était illuminé par une lune pleine et éclatante. Lina admira le talent de l’artiste qui avait rendu le relief et la lumière de cette scène, en quelques traits d’encre noire. Elle se demandait comment ce chêne stylisé pouvait sembler aussi vivant, comme s’il allait jaillir du carnet.

Elle resta de longues minutes à contempler cet arbre fascinant, avec la sensation de l’avoir déjà vu, sans doute sur une gravure ancienne. Elle avait l’impression d’être debout dans cette clairière, de sentir le vent soulever les branches et lui caresser ses cheveux, d’entendre le souffle de la nuit la bercer de sa mélopée. Elle croyait en voir les feuilles frémir sous la brise.

 

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Elle reposa le carnet devant elle.

Il fallait qu’elle redescende sur terre. Ce dessin avait un effet hypnotique sur elle, c’était sûrement la fatigue qui lui jouait des tours. Elle passa le doigt sur les branchages pour s’assurer qu’ils étaient immobiles, et la sensation de flottement qui l’envahissait, disparut dans l’instant.

Décidément, il fallait qu’elle aille se reposer. Après une bonne nuit de sommeil, elle continuerait sa lecture demain et n’aurait plus d’hallucination.

Mais, dans un dernier sursaut de curiosité, Lina jeta un coup d’œil à la page suivante, où un poème était reproduit.

 

Fille de la Lune et du vent

Oublie ta peur

Suis la lumière de ta mère

Dans sa force, puise ta sève de vie

Poursuis ta route au-delà de la mort et du temps

De sa magie, de sa beauté, sois fière

Au-delà les tourments, vaincra la vie.

 

Lina récita le poème à voix haute, écoutant chanter les syllabes, avec un sourire, et quand elle se tut, un courant d’air parcourut la pièce, faisant claquer la porte, tournant la page du carnet posé sur la table.

 

Elle resta figée devant l’image qui suivait. C’était une reproduction de la statuette qui se balançait entre ses seins. Machinalement elle baissa les yeux vers elle, effectivement, la ressemblance était frappante. Cependant, un détail supplémentaire apparaissait dans le dessin. L’artiste avait ajouté un cœur à la statuette.

Elle détacha la statuette de sa chainette, et la posa sur la table devant elle. Aucune trace de cœur sur le bois, aucune aspérité visible, la forme était lisse et ronde, comme si des centaines de mains l’avaient effleurée avant les siennes. S’il elle avait eu un visage autrefois, il n’y en avait plus trace. Quelques ombres dans les veines du bois suggéraient l’emplacement d’une bouche mais aucun regard ni expression humaine n’était plus visible. Elle la détaillerait mieux à la lumière du jour. La gravure montrait une femme vêtue d’une tunique retenue par une simple ceinture, aux bras alignés le long du corps, mains ouvertes vers l’extérieur, au visage serein et souriant respirant la bonté. Mais rien de tout cela n’apparaissait sur la statuette, qui ressemblait plus à un morceau de bois qu’à une œuvre d’art, dans la pénombre de la pièce.

 

Elle abandonna la statuette, et poursuivit sa lecture. L’auteur indiquait que les trois premiers carnets seraient dédiés à ses ancêtres, et que dans le dernier, elle relaterait sa propre histoire.

Lina avait des difficultés à déchiffrer son écriture serrée à la lueur de la lampe, et commençait à trouver que tout ce charabia était bien fatigant. Elle parlait des «Filles de la Déesse », de femmes devant accomplir leur destin, marquées d’un croissant, apparaissant toutes les sept générations de cette lignée féminine. Suivait tout un passage ésotérique, où certains mots semblaient effacés, parlant de solstices, phases lunaires, cycles solaires, ce qui finit de décourager Lina.

Elle décida de ne pas poursuivre son exploration plus avant et d’aller se coucher. Demain, elle se plongerait dans ces cinq carnets en suivant l’ordre chronologique. Elle les étala sur la table mais ne parvint pas à déchiffrer les dates et les prénoms sur les couvertures. Elle en lustra le cuir craquelé, avec patience, un à un, jusqu’à ce que l’inscription soit lisible, puis les rangea par date. Quatre prénoms étaient apparus :

Luna (1455)

Diane (1595)

Selena (1735)

Mouna (1875)

 

Le cinquième carnet était un peu différent, il semblait presque neuf, les pages étaient blanches. Elle ne parvint pas à voir ce qui était manuscrit sur la couverture. Elle le tourna et le retourna, l’examinant à jour frisant, sans parvenir à ses fins.

Épuisée par sa journée trop riche en émotions, elle sentit le découragement la gagner. Elle alla se coucher, en se disant qu’elle verrait mieux l’inscription au grand jour. Elle sombra dans un sommeil pénible, peuplé de toiles d’araignées, de bibliothécaires centenaires, de livres poussiéreux, et de ciels tourmentés où la lune se battait avec des nuages de tempête.

 

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Lina se réveille brutalement et se redresse, en sueur, le cœur battant.

La pièce est d’un noir d’encre.

Soudain, la Lune sort de derrière les nuages, et inonde sa chambre d’une lueur argentée.

Un des rayons se pose sur le plateau où elle est posée la statuette, l’illuminant à contre-jour.

Lina distingue distinctement la forme d’un cœur aux reflets de rubis qui semble illuminer la statuette, de l’intérieur.

Elle retint son souffle, terrorisée.

Pourquoi a-t-elle récupéré tous ces objets qui lui font peur ?

Elle n’a plus qu’une idée, celle de les enfermer de nouveau dans cette armoire et de ne plus en entendre parler.

Mais en un instant, les nuages passent de nouveau devant la lune et la statuette redevient sombre et muette.

Lina soupire, crispée. Elle a mal à la tête, et la nausée. C’est probablement dû à ce réveil brutal. Elle se sent contractée, son corps tout entier lui semble lourd. Des milliers d’aiguilles lui labourent le front, et son avant-bras gauche la brûle. Machinalement, elle éclaire et remonte sa manche pour frotter l’endroit douloureux. Il n’y a que sa tache de naissance, même si elle semble plus rouge que d’habitude. Ce n’est rien. Elle masse doucement, la peau devient écarlate, et la brûlure insupportable. Lina se lève et va mettre son avant-bras sous l’eau froide, la douleur s’apaise, mais la tâche est presque violette. Stupéfaite, elle la regarde comme si elle la voyait pour la première fois, elle se détache nettement de la blancheur de son bras et dessine un croissant de lune.

Lina reste pétrifiée devant cette image évidente, qu’elle porte depuis toujours, sans l’avoir jamais remarquée.

Elle se retourne vers la statuette, qui semble de nouveau inerte. Que lui réserve-t-elle encore comme mauvaise surprise ?

A côté de la statuette, le dernier carnet attire son attention. Que lui cache-t-il aussi entre ses pages vierges ? Lina sait qu’elle ne pourra pas échapper à la vérité, autant l’affronter tout de suite !

Elle a soudain une intuition et se met à chercher fébrilement de quoi la suivre. Elle trouve un citron, qu’elle presse, et dont elle imbibe un chiffon de coton. Elle s’approche du carnet, et hésite un instant, puis se décide.

Elle frotte doucement la couverture, en petits mouvements circulaires. Le jus de citron éclaircit progressivement la couleur du cuir qui passe du noir au bordeaux. Lina voit se dessiner peu à peu quelques lettres penchées. La première est un L aux volutes aériennes. Elle poursuit sa tâche patiemment. Quelques secondes suffisent pour découvrir un cinquième prénom et une date.

 

Lina tremble de tous ses membres et ne peut détacher son regard de cette inscription :

Lina (2015)

 

 

Photo du jour: Jachère

« Lorsque l’avenir est laissé en jachère intellectuelle ce sont les peurs plutôt que les désirs qui l’investissent ». Étienne Klein

Laisserons-nous notre monde en jachère.
Nous avons construit tant de splendeurs , nous avons détruit tant de merveilles.
Nous avons bâti des pyramides, des cathédrales, des tours de Babel.
Tant de défis à notre condition humaine, tant de remparts pour notre insignifiance.

Nous avons érigé des civilisations, nous avons découvert des continents, nous avons écrit des religions.
Nous avons chanté des poèmes, nous avons dessiné des chefs-d’œuvre qui ont défié le temps et la raison.

Saurons-nous continuer, ou laisserons-nous ce monde en jachère?

Et pendant tout ce temps, les galaxies tournaient autour d’un axe inconnu, les étoiles implosaient, les trous noirs se concentraient.
Prêts pour la suite du concert ?
Le chef d’orchestre est là, tout près, tout prêt, baguette levée, il se concentre.
Le concert va commencer …

Serons-nous là pour l’écouter ?

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Photo du jour : nocturne

La brume danse,
Le jour s’apaise,
La nuit se pose,
Les vents se taisent,
Dans le miroir immense,
La lune est rose,
Tombe le silence.

Par la fenêtre grande ouverte
De la maison sur le port,
S’élève un chant mystérieux,
Tandis que la vie s’endort,
Dans la douceur inerte,
De ce soir silencieux.

Notes en cascade
De velours
Nocturne balade
Tours et Détours
Harmonieuse sérénade
Partage d’Amour.

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Photo du jour: plumes

Ce soir un ange est passé

Mais personne ne l’a entendu.

.

Si on avait baissé la voix,

On aurait entendu

Un souffle léger,

Balayer les nuages,

Dans un bruissement d’ailes.

.

Ce soir un ange est passé,

Mais personne ne l’a vu.

.

Si on avait levé les yeux

On aurait aperçu

Un envol de plumes blanches

Dans les rayons vermeils

Du soleil couchant.

.

Ce soir un ange est passé

Mais personne ne l’a senti.

.

Si on avait laissé nos peurs

Si on avait ouvert nos cœurs

Si on avait oublié l’heure.

.

On aurait admiré

Son sourire,

On aurait échangé

Nos regards.

On aurait savouré
Un peu de légèreté,

On aurait partagé

Une once de douceur.

On aurait engrangé

Quelques grammes d’espoir,

On aurait pu goûter

A cette humanité,

Que l’ange nous a laissé,

Et cette lueur d’espoir,

Pour écairer le soir.

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Les filles de la Lune (Partie 3)

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Le lendemain matin, lorsque le téléphone sonna à l’aube, Lina sut qu’une page de sa vie était tournée, avant même de décrocher.

Elle hésita, puis prit le combiné, le cœur battant. Une voix douce et jeune lui annonça en hésitant que sa mère s’était endormie paisiblement la vieille, mais ne s’était pas réveillée ce matin. Un long silence suivit, Lina n’arrivant pas à admettre que ce qu’elle redoutait était arrivé, et se disant à la fois qu’elle avait toujours su que cela se produirait. Après quelques minutes, la jeune femme s’inquiéta :

– Madame, avez-vous besoin d’aide ?

– Je … Non, Merci, répondit enfin Lina. Ne vous inquiétez pas, je vais venir tout de suite.

– Au contraire, prenez votre temps de vous remettre avant de prendre la route. Nous préparerons les démarches administratives, il faudrait que quelqu’un vous accompagne.

– Oui, vous avez raison. Je viendrai dans la matinée.

Lina posa le combiné, puis s’assit, abasourdie, avec la sensation que son monde venait de s’écrouler….

 

Lina vécut les jours suivants comme on traverse une tempête, ballotée de part en part par les vagues de chagrin, confrontée aux absurdités de l’administration, à l’indifférence, aux tracasseries en tout genre. Elle émergea de cette période, comme un noyé qui se réveille sur le sable de l’estran, sonné et fourbu.

Lorsqu’elle se retrouva seule, la famille qui était venue la soutenir lors des obsèques de sa mère étant rentrée chez elle, elle comprit qu’elle ne pouvait plus repousser le moment de déménager la maison de ses parents.

Déménager n’était pas le mot approprié, il s’agissait plutôt de la démanteler, de vider tous ses souvenirs et de les mettre au rebut. Elle ne parvenait pas à accepter cette idée. Le dimanche suivant, elle décida de faire un premier tri, pour évaluer l’ampleur de la tâche. En ouvrant la porte vitrée de l’entrée, une odeur de jasmin vint lui chatouiller les narines, le parfum de sa mère. Elle ferma les yeux, l’imaginant sortant de la cuisine pour l’accueillir avec son sourire éclatant. Mais il n’y eut que le silence. Elle sut alors que la tâche ne serait pas facile, et hésita un instant entre continuer ou rebrousser chemin.

Elle rassembla son courage, et commença à vider les armoires de linges, en essayant de ne pas réveiller ses souvenirs, de plier les costumes de son père sans évoquer les jours où il les portait. Deux heures après, elle avait fini et ne garderait que la robe de mariée de sa mère et le « trousseau » de sa grand-mère, des draps de baptiste qu’elle avait patiemment brodés à son chiffre, qu’elle n’utiliserait jamais, mais qui gardaient encore l’odeur des sachets de lavande fraîche que sa mère disposait sur les rayons à chaque récolte automnale, des mouchoirs fins comme des ailes de papillons, et des services de table centenaires.

Épuisée, elle s’assit dans le salon, regardant la lumière décliner sur les tableaux, celui que son père avait offert à sa mère au moment de leurs fiançailles représentant le canal traversant son village, qu’elle quittait pour l’épouser et dont elle était restée nostalgique toute sa vie, les portraits de ses ancêtres, et le sien, dessiné au fusain par un jeune artiste de Montmartre alors qu’elle avait quinze ans. Tout ceci ne pouvait être vendu, elle les emballa soigneusement pour qu’ils supportent un séjour prolongé dans sa cave. Les murs vides devenus impersonnels, il lui serait plus facile de poursuivre sa tâche.

Le jour suivant elle déménagea la vaisselle, sans réussir à se décider à s’en défaire, puis le bureau de son père, jetant la plupart des papiers administratifs, et gardant la correspondance et les photos, qu’elle se promit de trier plus tard. Sa cave commençait à être pleine de cartons, mais peu à peu les meubles et les placards se vidaient. Bientôt la maison serait vide, et elle pourrait la louer meublée ou mettre des annonces pour vendre les meubles. Cette étape était une épreuve supplémentaire et elle se donnerait quelques jours pour y réfléchir.

Le dernier jour, elle contemplait les pièces vides où ses pas résonnaient, fière, malgré tout d’être parvenue au bout de sa tâche sans trop de chagrin, lorsqu’elle réalisa qu’elle avait oublié le grenier. Cette contrariété fut la goutte d’eau, et elle s’écroula sur le canapé du salon, en larmes. L’impression de vide qu’elle ressentait soudain, l’envahit toute entière, comme si elle était seule, désormais, et pour l’éternité, sans savoir où le chemin la mènerait, ni si elle y parviendrait seule. Sa mère avait toujours été là pour la guider dans ses choix, et son absence se faisait lourde, brutalement. Elle essaya de se remémorer ses dernières paroles à propos des vieilleries qui se trouvaient dans ce grenier. Elle voulait qu’elle les trie et qu’elle garde ce qui était le souvenir de sa lignée maternelle.

 

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Lina, se ressaisit, il fallait en finir. Elle allait jeter un coup d’œil et elle reviendrait dans la semaine si cela en valait la peine. Après tout, si c’était la dernière volonté de sa mère, elle pouvait bien encore faire cet effort.

Elle monta péniblement l’étroit escalier de bois qui menait au grenier, chaque marche grinçant sous ses pas. Elle poussa la porte qui s’ouvrit en gémissant, comme si elle regrettait de laisser passer une visiteuse indésirable. Lina fut submergée par l’odeur de vieille poussière qui régnait dans la pièce. Elle traversa le grenier pour ouvrir le fenestron et en poussant le volet de bois, laissa le soleil couchant pénétrer dans le réduis. Quelques cartons étaient disposés le long des murs, elle décida de les descendre dans le salon pour mieux en trier le contenu dans la semaine. Dans le coin opposé de la pièce, une grande armoire de bois occupait tout le mur. Elle appartenait à la mère de sa grand-mère, et avait été fabriquée par son arrière-grand-père. C’était un meuble monumental, en bois ouvragé, magnifique, et Lina se promit de lui donner une place de choix dans son appartement, si toutefois, elle parvenait à le glisser sous son plafond ! Elle avait oublié l’existence de cette armoire, qui était dans le bureau de son père dans sa petite enfance, et que l’on avait relégué dans ce grenier, lorsque son père avait acheté un meuble plus moderne pour y conserver ses papiers administratifs. Elle laissa glisser ses doigts sur les volutes de bois entourant les serrures, avec l’impression que le bois se réchauffait sous ses mains. Lorsqu’elle effleura la serrure, la porte s’entrouvrit, libérant un parfum de jasmin. Lina reconnu celui de sa grand-mère, et sourit à l’évocation de son regard si doux qu’elle avait connu seulement une dizaine d’années. Elle eut alors la surprise de découvrir une bibliothèque entièrement remplie de livres brochés ou gainés de cuir. Elle n’avait jamais su que ce grenier recélait de telles merveilles. Des livres d’auteurs majeurs côtoyaient ceux d’illustres inconnus, que Lina ouvrit précautionneusement, craignant de les voir tomber en poussière. Mais l’armoire de bois les avait bien protégés, et certains semblaient presque neufs.

Sur l’étagère la plus haute étaient alignés une demi-douzaine de carnets, que Lina prit d’abord pour les carnets de sa mère, mais lorsqu’elle les parcourut, elle découvrit qu’ils étaient couverts d’écritures différentes et inconnues. Plusieurs auteurs semblaient avoir soigneusement consigné des évènements dont ils souhaitaient garder le souvenir, et Lina remarqua   qu’ils avaient été écrits à des époques différentes.

Sans savoir exactement ce dont il s’agissait, elle comprit que c’était là l’héritage dont sa mère parlait. Elle rangea soigneusement ce trésor de famille dans un carton, et y ajouta les fameux carnets de sa mère qu’elle trouva derrière la seconde porte de l’armoire, se promettant de les lire attentivement, en essayant d’en reconstituer la chronologie à tête reposée.

Elle allait quitter la pièce, lorsqu’elle remarqua une statuette qui brillait dans le soleil couchant, sur une étagère de coin. Elle était éclairée obliquement par les derniers rayons. Il s’agissait d’une silhouette d’allure féminine, tellement usée et polie, qu’on ne distinguait plus son visage, mais à l’endroit où devait se trouver son cœur, la lumière dessinait une flaque rouge scintillante. Lina s’approcha, fascinée par cette lumière qui battait comme un cœur, sans oser la toucher. Ce devait être la représentation d’une divinité féminine, mais elle ne ressemblait pas aux statuettes de la vierge qu’elle connaissait. Elle tendit la main pour la saisir, et dans l’instant, la lumière se fit plus vive, semblant inonder toute la pièce, ce qui la fit hésiter. Mais le cœur palpitant sous cette fine couche de bois, l’attirait inexorablement, et lorsqu’elle s’en empara, elle sentit une douce chaleur l’envahir, qui l’apaisa. Une curieuse impression s’imposa à elle, comme si elle était enfin rentrée chez elle, alors qu’elle mettait la touche finale au démantèlement de sa maison d’enfance!  La statuette était montée sur une chaîne d’or. Pour ne pas la faire tomber, Lina la passa autour de son cou. Elle ressentit de nouveau cette douce chaleur, plaisante. Elle se laissa porter par la certitude apaisante qu’elle aurait bientôt les réponses à ses questions, pris son carton sous le bras, puis referma le grenier et redescendit les marches.

Arrivée au bas de l’escalier, elle crut entendre de nouveau la voix de sa mère qui lui disait :

« …les objets qu’il contient n’étaient pas les miens au sens propre, mais ils font partie de notre héritage, celui de la lignée des femmes de ma famille. Ils sont ton héritage, et ils te reviennent de droit. Tu comprendras de quoi je parle en les voyant. »

Elle se retourna brusquement, mais il n’y avait personne. Décidément le chagrin la rendrait folle, si elle n’y prêtait pas attention.

Machinalement, elle posa la main sur la statuette qui se balançait entre ses seins. Celle-ci était chaude, et semblait battre au rythme de son propre cœur. Cela ne l’effrayait pas, au contraire, sans qu’elle comprenne pourquoi, elle qui avait toujours détesté les histoires ésotériques.

Il était temps de quitter cette maison, elle rassembla les différents objets qu’elle avait sélectionnés, et les emporta dans sa voiture. Elle leur ferait une place dans sa vie, en souvenir de ses parents, mais elle savait déjà que sa plus importante richesse, serait la lecture de ces mystérieux carnets. Elle espérait qu’ils lui révèleraient les secrets de cette statuette, bien qu’elle les pressente déjà sans bien comprendre pourquoi.

En reprenant la route de son appartement, il lui sembla évident qu’elle venait de tourner une page de sa vie.

Elle serait différente désormais, comme si elle venait de quitter son innocence, et que cette mue donnait naissance à une personne inconnue, celle qu’elle avait toujours été sans le savoir.

Elle se demandait si cette nouvelle personne serait son amie, ou si elle devrait en avoir peur.

 

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Photo du jour: Eloge de la Différence

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Petit pavé deviendra grand.

Petit pavé deviendra rouge

Rouge de colère

Rouge de tourments.

 

Ecoutez-le crier:

« Le système est devenu mauvais.
Je refuse de suivre la ligne.

Je me démarquerai.

Si personne ne donne l’alarme, tout continuera inexorablement.

Il faut bien que quelqu’un commence  à parler, à dévier, à soulever la question !

 

Je me lève, je sors de la ligne.

Regardez-moi tous, Ecoutez-moi.

Oui, c’est moi qui parle… « le Rouge »

Là ! Juste devant vos yeux!

 

Ecoutez!

Levez-vous avec moi, et partons, tous ensemble, en courant, pendant que personne ne nous regarde!

Tous les robots qui décident pour nous, se retrouverons seuls, au fond de leurs bureaux aseptisés, à ne gouverner plus que du vent, à pondre leurs lois mille-feuilles pour des fantômes, à décider de tout, jusqu’à ce qu’ils étouffent sous leurs certitudes.

Suivez-moi, on part ….

La plage .. c’est par là ! »

Photo du jour : Maman

Maman !

Mot empreint de douceur,

Mot nourri d’amour et de sang.

Lignée vitale

Chemin d’éternité .

Merci de m’avoir fait naître fille, pour que je devienne femme, pour que je renaisse mère, pour que je transmette ma sève à d’autres poussières d’étoile,

Pour que ma fille poursuive la route après moi …

Merci pour la première fois où j’ai senti mes enfants vivre dans mon corps, merci de leurs coups, merci de leur lumineuse et miraculeuse présence .

Merci de cet instant unique où leur premier cri résonne, et où en les voyant pour la première fois, on se demande comment on a réussi à modeler un aussi beau miracle.

Merci pour les nuits blanches et les jours bleus, merci pour les jours passés en leur présence, merci pour le partage de leur avenir dans cet amour infini .

Merci à mes enfants d’être passés par moi pour choisir leur vie.

Merci à ma mère, pour m’avoir donné l’opportunité de savourer cette vie .

Un jour pour le dire

Un jour pour l’écrire

Une image pour le décrire

Une vie pour le vivre .

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Les Filles de la Lune . (Partie 2)

Les Filles de la Lune

Prologue

Lina (2015)

 

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Lorsque sa mère décida de partir vivre, dans une maison de retraite, Lina tenta de la convaincre de rester chez elle, mais elle comprit rapidement qu’elle ne gagnerait pas cette ultime bataille. Peu à peu, elle admit qu’à 85 ans on ne pouvait plus s’assumer seule, même lorsqu’on avait autant de volonté que sa mère. Sa vie personnelle était remplie d’obligations, et elle ne pouvait pas l’accueillir chez elle, faute de place et de temps pour s’occuper d’elle.

Elle courrait toute la journée, donnant des cours de dessins aux quatre coins de la ville, vivant dans un quartier trop agité, où sa mère ne serait pas tranquille. La laisser seule toute la journée était pire que de l’installer dans cet endroit impersonnel programmé pour qu’elle y finisse ses jours.

Alors, elle lâcha prise, elle accepta, non sans avoir essayé d’aller contre le courant en mettant en place une structure d’aide à domicile. Mais il ne fallut pas plus d’un mois, pour qu’elle constate que sa mère dépérissait, malgré la gentillesse des jeunes femmes qui venaient au quotidien lui faciliter les tâches. Contrairement à ce qu’elle croyait, compte tenu du caractère indépendant de sa mère, celle-ci s’adapta très rapidement à la vie en collectivité. Elle était rassurée de ne plus être seule, et occultait l’environnement proche, pour ne voir que les avantages de sa nouvelle situation.

Finalement, Lina fut soulagée de la voir de nouveau heureuse, et tentait de ne pas voir la déchéance physique et mentale des nouveaux voisins de sa mère. Tout était fait, pour que la vie les « résidents » soit agréable, et que leurs besoins physiques soient satisfaits. La compétence et l’humanité du personnel étaient remarquables, et Lina finit par comprendre que ce nouveau mode de vie était préférable pour sa mère. Elles choisirent ensemble, quelques petits meubles et objets qu’elle souhaitait garder et aménagèrent au mieux les quinze mètres carrés de sa nouvelle vie.

Il ne fallut que quelques semaines à sa mère pour s’adapter à son nouvel environnement, et elle ne tarda pas à demander à Lina de s’occuper de vider sa maison. Celle-ci savait que cette question se poserait tôt ou tard, mais elle n’avait aucune envie de s’en occuper. N’ayant aucune fratrie, elle avait toujours su que cette tâche lui incomberait, mais elle préférait ne pas y penser.

Elle avait relégué cette idée au fond de son cerveau, ne voulant pas démanteler le décor qui avait bercé son enfance. Lorsqu’elle retournait dans cette maison pour chercher quelques affaires demandées par sa mère, elle avait l’impression en entrant, qu’elle voyait encore son père assis dans ce fauteuil, en face de la double fenêtre, ou sa mère qui s’affairait dans la cuisine.

Mais ce matin-là, sa mère insista lourdement :

–         Ma fille, il faut que tu vides cette maison, et que tu donnes ou détruises tout ce qui ne peut pas te servir. Je ne me suis jamais décidée à donner les vieux vêtements de ton père, et je sais combien il te sera difficile de le faire, mais il va falloir que quelqu’un s’en charge, et ce ne peut être que toi. J’avais déjà vidé une bonne partie de mes placards avant de partir, mais il reste de nombreux objets qui te rappelleront ton enfance, la mienne ou celle de ton père, et tu es la seule à savoir ce que tu voudras conserver. Je te confie cette tâche, puisqu’il n’y a que toi qui sache ce que nous avons vécu et les souvenirs que tu veux en garder.

–         Maman, je …

–         Non, ma fille, l’interrompit sa mère. Il y a un moment où il ne sert plus à rien de reculer. De plus, il faudra probablement la louer pour couvrir les frais de cette maison de retraite, si je dois y survivre encore longtemps. Et personne ne voudra vivre dans ce décor des années 60, tu ne crois pas ? ajouta-t-elle en riant.

–         Je le ferai, sois tranquille, répondit Lina, soudain résignée. Il ne servait à rien de contrarier sa mère lorsqu’elle avait décidé quelque chose. Elle le savait depuis toujours, elle n’aurait de cesse de lui répéter la même chose, jusqu’à ce que les choses soient accomplies comme elle le souhaitait.

–         Très bien, dit sa mère, en la regardant fixement. Alors écoute bien ce que j’ai à te dire, et rappelle-t’en surtout lorsque tu seras là-bas.

Soudain, Lina sentit que ce qui allait suivre était plus grave qu’elle ne l’avait cru d’abord. Elle regarda sa mère, dont le visage devint encore plus pâle. Celle-ci lui prit les mains et poursuivit :

–         Tu videras chaque placard, en veillant à ne garder que les objets qui méritent de t’accompagner sur ton chemin, il est inutile de s’entourer d’objets sans âme, pour finir par étouffer sous le nombre. Tu verras les choses seront faciles pour toi, tu as toujours eu une grande sensibilité, et tu en as même fait ton métier. Tu n’auras qu’à soupeser chaque objet et tu sauras si tu dois le garder ou non. Surtout n’oublie pas le grenier, les objets qu’il contient n’étaient pas les miens au sens propre, mais ils font partie de notre héritage, celui de la lignée des femmes de ma famille. Ils sont ton héritage, et ils te reviennent de droit. Tu comprendras de quoi je parle en les voyant. Je n’en étais que la dépositaire, et toi tu sauras ce que tu dois en faire, puisque tu es la septième génération de femmes de cette lignée.

Elle se tut brusquement, comme si elle en avait trop dit, lâcha les mains de sa fille et se détourna vers la fenêtre.

–         Maman, de quoi parles-tu ? Je ne comprends rien.

–         Tu comprendras, ma fille, et mieux que moi qui ne suis qu’un maillon de la chaîne. Toi, tu en seras une des pièces maîtresses, comme de nombreuses femmes de cette lignée l’ont été avant toi. Je ne t’ai jamais parlé de cette histoire auparavant, mais c’était une erreur. Je voulais te protéger en te laissant ignorer le passé de ta famille, mais j’ai eu tort. Notre famille est très ancienne, et son histoire a comporté de sombres moments que j’aurais dû te raconter.

Je crois que je ne t’ai rien dit auparavant, parce que je pensais que ces vieilles histoires étaient éteintes et qu’elles n’avaient plus leur place à notre époque. Mais, nuit après nuit, je fais toujours le même rêve, où une femme vêtue d’une tunique blanche me regarde d’un air de profond reproche en me montrant du doigt un objet qui est dans la famille depuis des lustres, c’est une petite statuette qui est dans le grenier, que l’on se transmet de génération en génération et qui te reviendra à ma mort. J’aurais dû t’en parler avant, mais elle est liée à beaucoup de souffrances, et je voulais de protéger de ce passé obscur.

Elle s’arrêta, les yeux dans le vague.

–         Je voulais te protéger … poursuivit-elle, avec un sourire.

Heureusement, à notre époque, les hommes sont plus tolérants, du moins je l’espère. Enfin, je ne pourrai pas t’expliquer tous les détails, dans le temps qu’il me reste, mais tu les trouveras peu à peu par toi-même, et tu écriras la suite de cette histoire mieux que je ne pourrai jamais le faire. Je te fais confiance, ma petite fille chérie.

Lina aurait voulu poursuivre cette conversation, mais la fatigue était visible sur le visage de sa mère, et elle l’aida à s’allonger, pour qu’elle se repose avant le repas du soir. Elle se demandait si elle ne commençait pas à divaguer un peu par moment, et préféra ne pas insister. Elle lui sourit pour l’apaiser, et prit congé rapidement, en se disant qu’elles en reparleraient à un autre moment.

–         Je vais rester un peu au lit jusqu’à l’heure du repas, je crois que mes forces me lâchent doucement. Merci d’être venue aujourd’hui ma chérie et de m’avoir écoutée. Je veux que tu saches que je t’aime plus que tout même si je te demande des choses qui t’agacent un peu. N’oublie jamais ça, même si tu penses que je radote comme une vieille folle. Allez, rentre maintenant, tu as assez entendu de bêtises pour ce soir !

–         Je vais te laisser te reposer, tu es un peu pâle ce soir, et on reparlera de tout cela la semaine prochaine, tranquillement. Il faut que tu manges un peu plus, je te rapporterai les petites galettes que tu aimes. Et tu me raconteras ces vieilles histoires de famille.

–         Oui, je te raconterai ce que j’en ai compris. Il faudrait que je retrouve mes carnets. J’avais noté plusieurs anecdotes à ce sujet, mais je ne me souviens plus des détails, ce soir. Enfin, ça me reviendra peut-être…

–         Je te laisse, maman, je vois bien que je te fatigue. Dors bien, je te dis à la semaine prochaine. J’irai chez toi, pour chercher tes carnets et je te les apporterai samedi. Laisse-moi t’embrasser.

Lina serra sa mère dans ses bras, et ne put s’empêcher de remarquer qu’elle semblait de plus en plus petite, si mince qu’elle semblait fondre tout doucement. Son cœur se serra, et elle se détourna rapidement pour que sa mère ne remarque pas les larmes qui lui montaient aux yeux.

Elle chercherait ses carnets, pour lui faire plaisir et lui rapporterait bientôt, même si elle n’avait aucune envie de se rendre dans cette maison, en ce moment. Elle se retourna et lui fit un signe de la main en quittant sa chambre. Sa mère la regardait en souriant, et lui envoya un baiser d’un revers de main. Lina l’imita, restant un instant suspendue entre l’envie de rester encore un peu près d’elle, et celle de retourner vers sa vie.

Enfin, elle se décida à quitter la pièce, en réfléchissant au temps qui lui faudrait pour trouver ces fameux carnets et balaya cette idée d’un revers de main, avec le petit pincement au cœur qu’elle ressentait chaque fois qu’elle partait d’ici, en se demandant combien de temps encore durerait cette situation.

 

A suivre…

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Photo du jour : attraper la lumière

Attraper la lumière

En visant bien,

Fermer un œil et ouvrir l’autre

Tout grand,

Se laisser éblouir

Par la beauté de l’univers ,

Se laisser fasciner

Par le spectacle,

Les amas d’étoiles scintillantes,

Les volutes de galaxies éblouissantes,

Les tourbillons de nuages stellaires,

Les ombres oppressantes des trous noirs.

Rêver aux confins de l’univers,

Tenter d’Imaginer ce qui brille derrière,

Se laisser dépasser par la dimension sans fin du temps déformé par la distance,

Ne plus pouvoir intégrer l’immensité,

Et renoncer à comprendre.

Arrêter de s’interroger

Et rester simplement là, sans bouger,

Pour admirer …

Et remercier d’être là ,

Microbe parmi les étoiles,

Poussière parmi les lumières,

Insignifiante fourmi,

Sous les étoiles .

Oui, mais fourmi ravie

qu’on lui ait donné

le droit de penser

Et d’aimer sa vie !

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