Agenda ironique de janvier

Le texte publié aujourd’hui a été écrit pour L’Agenda ironique de janvier, exercice littéraire et néanmoins ludique orchestré par Carnets Paresseux, dont les différents textes sont regroupés ce mois-ci sur le blog de Lyssamara, et dont les consignes sont résumées sur leurs blogs respectifs. Les contraintes sont écrites en italique dans mon texte. Bonne lecture à tous ceux qui me feront le plaisir de se déplacer jusqu’ici.

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Photo Marie-Christine Grimard

Tandis que les autres demeuraient silencieux, il se mit à aller et venir, fouillant dans tous les tiroirs. Il avait été soulagé d’apprendre son décès. Cette vieille chouette ne lui ferait plus de mal désormais.

Elle avait fini sa vie seule, enfermée dans son égoïsme, au milieu de ses bibelots. Son appartement était tel qu’il l’avait vu en claquant la porte il y a vingt ans. Le sol et les tables étaient toujours jonchés de livres poussiéreux, les murs couverts de gravures de la belle époque et de croûtes à la mode. L’accumulation d’objets hétéroclites soigneusement accumulés chez les antiquaires en vogue entretenaient une ambiance étouffante. Pas une once de l’appartement n’était délaissée, chaque recoin étant occupé : par ici, des galets qui n’avaient pas vu l’océan depuis un demi-siècle, par là, une collection d’anges aux visages grimaçants qui l’effrayaient depuis l’enfance. Leurs regards cruels de sicaires semblant vous suivre dans toute la pièce, les auréolaient d’ une dimension diabolique. Cette ambiance figée dans la naphtaline lui serre le cœur comme s’il avait toujours cinq ans.

Puisqu’elle avait stipulé dans son testament qu’il pouvait récupérer « un meuble et un seul », le notaire l’avait convoqué avec tous les autres héritiers. C’était pour elle le moyen de se revancher de l’amour que lui portait son père, mais ça, elle n’avait jamais pu le lui voler. Quelques vieux parasites qui gravitaient autour de son compte en banque sont là, d’autres visages inconnus tentent de déchiffrer les signatures des tableaux défraîchis. Le soleil est de la partie, jouant avec les branches du tilleul planté avec son père, le jour de ses sept ans. Ce clin d’œil lumineux l’oblige à fermer les paupières, un flot de souvenirs remonte à la surface.

Kaléidoscope de sensations.

Frissons…

Le notaire le salue, lui demandant s’il a choisi un meuble en particulier. Il lui désigne le secrétaire de son père qui trône dans un coin de la chambre qu’elle a transformé en coiffeuse en ajoutant un miroir triptyque. On dirait une verrue monstrueuse ce miroir, dit-il. Qu’en penserait son père qui tenait à ce meuble fabriqué par son propre père comme à la prunelle de ses yeux? L’homme de loi en prend note et lui explique que la maison sera vidée en fin de semaine et que le meuble lui serait livré par la suite. Il lui recommande d’examiner de plus près ce secrétaire-coiffeuse et d’en prendre des photos pour avoir un recours en cas de litige.

L’assemblée commence à se disperser, un homme très âgé s’approche de lui, le fixant d’un regard lavande. Il connaît ce regard, sans pouvoir mettre un nom sur ce visage.

– Bonjour, jeune homme. Vous avez bien grandi. Je suis heureux de vous voir, la dernière image que j’avais gardée de vous, était celle d’un enfant en pleurs. Votre père serait fier de voir le bel homme qui se tient devant moi. Oh oui, très fier !

– Jérôme. C’est bien vous ? Le secrétaire particulier de mon père. Vous étiez son homme de confiance , je suis heureux de vous revoir.

– Et moi encore plus , mon jeune ami. Lorsqu’elle a décidé de vous envoyer en pension à l’étranger pour parfaire votre éducation, comme elle l’avait dit à votre père pour le convaincre d’accepter, j’ai été bien triste. Vous étiez le seul soleil de cette maison pour lui depuis la mort de votre mère. Il ne s’est jamais remis de votre départ. la vie ici est devenue trop lourde et il l’a laissée s’enfuir. Vous savez, je m’attache très facilement, mais elle je ne l’ai jamais appréciée. J’étais très proche de vos parents mais lorsque cette femme est arrivée dans la maison après le décès de votre maman, j’ai tout de suite compris qu’elle ne ferait pas son bonheur. Je ne l’ai jamais aimée. Le revif que souhaitait votre père s’est transformé en mort lente.

– Ce que vous me dites me touche beaucoup. Je savais qu’elle me détestait mais je croyais que mon père était heureux de ne plus être seul. Je comprends mieux pourquoi il m’écrivait en de termes si tristes. Il disait qu’avant de s’endormir il pensait à moi en regardant l’étoile polaire, cette Cépheide qu’il m’avait appris à reconnaître. Il voulait que je la regarde aussi tous les soirs avant de m’étendre dans le noir, pour qu’ainsi nous soyons ensemble. Je le fais encore aujourd’hui et j’ai l’impression qu’il est encore avec moi.

– je crois qu’il l’est encore. Il m’avait confié le soin de vous dire qu’il avait laissé un petit souvenir pour vous dans son secrétaire. Vous sauriez le trouver ?

– Elle a essayé de le transformer à son image mais je n’aurai pas de difficulté à lui rendre son aspect primitif. Je pense qu’elle n’a pas dû découvrir son petit secret …

– Je le crois aussi, répond le vieil homme en souriant. J’ai vérifié en arrivant.

Le jeune homme étend la main sous le meuble, caressant du bout des doigts les noeuds du bois jusqu’à trouver celui qui libère le mécanisme. Il appuie deux fois comme son père lui a appris, faisant apparaître un tiroir secret derrière le pied de gauche. En tremblant, il en sort un petit paquet entouré d’un ruban de soie appartenant à sa mère. Il l’ouvre précautionneusement. Trois mèches de cheveux entremêlés forment une tresse retenue par deux alliances. Il reconnaît une boucle blonde de sa mère et le crin d’ébène de son père. Entre les deux, une mèche presque blanche de ses propres cheveux de bébé éclaire la natte. Le parfum de jasmin de sa mère s’échappe de ce trésor.

Il ferme les yeux, laissant couler ses larmes.

La vie aurait pu être du différente si …

– Vos parents seraient si fiers de vous aujourd’hui. L’amour qu’ils vous ont donné ne sera jamais effacé à l’image de ces cheveux entrelacés. Je suis content d’avoir pu vous les rendre. Votre maman disait toujours : « L’amour, c’est bien la seule chose qui reste de nous. ». Elle avait bien raison. Ne croyez-vous pas ?

Veille de Noël : Veillons sur Noël

Veille de Noël

Jour d’espoir pour les enfants

Jour de désespoir pour certains adultes

Jour où la solitude est plus lourde que les autres jours

Jour où les absents nous manquent encore plus

Jours où les cœurs saignent plus durs

Jours où les yeux brillent plus forts

Pour moi Noël n’a rien d’une fête commerciale où la joie est de mise. Noël est le jour du don. Don de soi. Don de son amour. Don de son temps . Don de son plaisir pour faire plaisir à l’autre.

J’essaie de donner à chacun ce dont il a besoin chaque jour de l’année, ce qui demande beaucoup d’énergie. C’est pour moi une joie que d’avoir aidé quelqu’un chaque jour de ma vie.

Mais le jour de Noël est un jour particulier.

Ce jour-là il y a toujours un peu de magie dans l’air, celle qui est portée par le partage de tout cet amour. Que l’on croit ou non à cette magie n’est pas très important.

Je ne suis pas magicienne mais je souhaite à chacun de vous de trouver un peu de cette magie au pied du sapin: que chacun de vous partage un moment de plaisir avec ceux qu’il aime en ce soir de Noël.

Il suffit d’y croire…

Primum non nocere

Primum non nocere

Juste une mise au point.

Une fois n’est pas coutume mais cette pandémie change la donne !

Sur ce blog, je ne parle jamais de mon métier, préférant partager un peu de rêve et d’énergie positive. Un peu d’évasion ne nuit pas.

Photo Marie-Christine Grimard

L’académie nationale de médecine et l’académie des sciences ont publié un communiqué le 25 mars 2020 devant les dérives et délires auxquels on assiste depuis le début de cette pandémie meurtrière.

Les réseaux sociaux et en particulier Twitter et son armée de « néo-virologues autoproclamés » n’ayant aucune compétence médicale ni scientifique, se sont emparés du sujet, comme ils le font avec la politique ou avec tout autre sujet.

Il suffit que n’importe qui étale ses délires ou ses désirs sur la toile, pour qu’ils soient repris et amplifiés à l’infini. Lorsque les piliers du « café du commerce » discutaient entre deux bières, cela ne faisait pas le tour de la terre, et prêtait plutôt à sourire. Aujourd’hui, rien n’arrête les inepties complotistes, il n’y a plus de limites à la bêtise humaine.

D’aucuns ont découvert que les médecins préfèrent utiliser des traitements ayant prouvé leur efficacité et leur innocuité, dans des études randomisées de grandes cohortes. Comment se fait-il qu’ils aient besoin de telles preuves avant de prescrire un produit ?

Primum non nocere

Un produit qui a une action, provoque toujours une contre- réaction. Il faut que celle-ci ne soit pas plus nocive que l’action elle-même pour que le produit soit accepté. Voilà à quoi servent les études prospectives randomisées « en double aveugle » pour qu’il n’y ait pas de biais dans l’interprétation des résultats.

Alors quand un microbiologiste nous dit sur YouTube (la bible moderne) que dans son éprouvette, le coronavirus est en parti détruit par la présence de Chloroquine, et qu’en conséquence, l’épidémie sera réglée en quelques semaines, je crois à un « fake ». Il y en a tant…

L’eau de javel aussi détruit le virus in vitro et bien qu’un président en exercice l’ait conseillé à la télévision, je pense que personne ne se risquerait à l’avaler.

Et quand quelques jours plus tard on y ajoute un antibiotique (très efficace sur les surinfections bactériennes pulmonaires) d’une famille connue pour ses interactions médicamenteuses nombreuses pouvant induire des arythmies cardiaques mortelles, je n’en crois pas mes yeux. La torsade de pointe est une des hantises de tout cardiologue.

Combien de morts cardiaques va-t-on induire avec une association de ce type sans surveillance cardiologique ?

Une partie de la réponse vient de tomber avec une étude observationnelle parue dans le Lancet portant sur les registres recueillis dans 671 hôpitaux et sur l’évolution de 96 032 patients, montrant une nette surmortalité liée à l’utilisation de cette association de traitements.

Et malgré cela, sur les réseaux sociaux, les colibets et injures diverses et variées continuent à l’encontre des médecins qui avaient mis en garde contre cet engouement aussi soudain qu’irréfléchi.

Alors, bien que cette terrible pandémie, réveille en nous la peur ancestrale de la mort, bien que notre vie en soit bouleversée, bien que la souffrance qu’elle génère dans tous les pays du monde soit insupportable, il est impossible de se jeter sur la première idée venue et de « tenter le coup » parce qu’on n’a pas d’autre solution.

Il n’y a pas de traitement antiviral efficace pour le moment contre ce nouveau virus. Il génère plus de questions que nous avons de réponses, son évolution nous est inconnue.

Restons modestes et gardons les pieds sur terre.

Laissons travailler les chercheurs et aidons les par notre patience.

Oui le temps nous est compté, mais ça n’est pas une raison pour faire n’importe quoi.

La maison brûle, oui. Que dirions-nous si les pompiers dans leur précipitation à bien faire, avaient pris une citerne au hasard dans la cours de la caserne sans vérifier son contenu, et viennent arroser le brasier avec de l’essence ?

On a lu et entendu tant de fausses informations sur ce nouveau coronavirus, entre les manipulations volontaires, les mensonges par omission, les maladresses involontaires, les rumeurs et autres scoops.

Personne ne détient la vérité parce que nous ne connaissons pas ce virus. Nous ne savons pas comment il va évoluer, combien de « répliques » se produiront. Nous ne savons pas si notre immunité sera efficace, et donc si nous pourrons nous protéger par un vaccin.

Nous ne savons rien de notre avenir collectif ou individuel. Alors un peu de modestie.

Je suis médecin et je suis là pour empêcher mes patients de souffrir dans la mesure de mes moyens. Je ne suis pas magicienne ni voyante extra-lucide. Je ne suis pas sorcière. Lorsque je ne sais pas, je dis « je ne sais pas ».

Mais ce que je sais, c’est que je ne prescris pas un traitement qui n’a pas prouvé son efficacité et son innocuité.

Primum non nocere

Joyeuses Pâques

Photo m Christine grimard

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Joyeuses Pâques à tous

Que ce temps de renaissance

Soit pour chacun de vous

Un moment de paix et de lumière

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Temps de changements

Temps de renouveau

Temps d’interrogations

Temps d’espérance

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Malgré la détresse et la souffrance

Un message d’espoir nous est donné

La lumière triomphera des ténèbres

Et la vie renaître de ses cendres

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Cette photo est une belle allégorie de ce que je ressens en ce jour de résurrection

La Croix lumineuse au milieu des gravats encore fumants

L’espoir nous est donné

À nous d’en éclairer nos pas

Notre Dame de Paris

Drame absolu

L’émotion de toute la nation

Une partie de notre histoire s’envole

Le travail des bâtisseurs du moyen-âge

La forêt de madriers gigantesques séculaires partie en fumée

La ferveur des catholiques

Le souvenir des milliers de prières envolées sous ses voûtes

Napoleon et son sacre

Victor Hugo et Quasimodo

Le charme des sculptures, des gargouilles et des flèches découpées

Les rosaces. Dentelles de lumière

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Les photos de gargouilles de Brassaï du haut des tours

Un point de repère de notre histoire qui est détruit en direct devant les caméras du monde entier

Un peu de mon cœur qui flambe et s’envole en milliers de braises dans les nuages

Une émotion indicible

Une réalité terrifiante

Journal : l’important c’est aimer

« Je ne dirai pas les raisons que tu as de m’aimer. Car tu n’en as point. La raison d’aimer, c’est l’amour. »

[ Citadelle (1948) ]

Antoine de Saint-Exupéry

Tableau de Chagall

Amoureux ou non

Fête de l’amour ou de tous les autres jours

L’important c’est aimer et savoir le dire

Avant que le temps nous emporte

Avant le vent nous disperse

Hier, aujourd’hui et demain, c’est le jour où partager son envie d’aimer !

Variations et vibrations : lumière !

« Puisque j’ai rejeté l’épée, il n’est plus rien d’autre que la coupe de l’amour que je puisse offrir à ceux qui se dressent contre moi. »

Gandhi

Photo m Christine Grimard

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Pas à pas, marcher vers la lumière

Cligner légèrement des yeux

Pour voir danser sous ses paupières

Le sourire des gens heureux

Ivres du vent et de la mer

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Choisir de garder le meilleur

Des souvenirs et des amours

Vaincre le fiel et la douleur

Rire des tours et des toujours

Rien ne valant la joie d’aimer

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Ne pas attendre de retour

De ceux qui ne savent donner

Laisser partir les faux amours

Dans le vent sans se retourner

Le temps de vivre était si court

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Choisir de suivre la lumière

Croire aux miracles et au destin

Suivre le cours de la rivière

Sourire à l’inconnu qui vient

Aller là où le ciel est clair

Joyeux Noël à tous, que l’amour et la paix éclairent votre chemin

Par la force de l’amour

Le choix fut donné aux hommes

De vivre sur une terre accueillante

En harmonie et en paix

Avec leurs frères et leur terre

Mais l’égoïsme et la cupidité

Leur fit oublier qu’ils n’étaient que des passagers

En transit sur cette terre

Et ils chassèrent les animaux pour se nourrir de leur chair

Puis leurs frères pour s’approprier leurs terres

Un enfant leur fut donné

Aux yeux plein de sagesse

Pour leur montrer le chemin

Ceux qui croisèrent son regard

Virent leur vie changer à jamais

Il portait l’espoir et l’amour

Qui s’en rappelle aujourd’hui ?

Il portait le renouveau

Qui se souvient de lui ?

Comptine d’automne

Photo. M Christine Grimard

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Un petit nuage

Un jeune arbrisseau

S’aimaient d’amours tendres

Mais comment s’y prendre

Quand on est si loin ?

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Impression de déjà vu

Sentiment déjà connu

Histoire déjà entendue

Un souffle de vent

Aimant la tendresse

Entend leur détresse

Attendri, il décide de les aider

….

Désolé de leur maladresse

En deux temps, trois rafales

Il enroule le petit nuage

En spirale autour des branchages !

……..,

Fin de la comptine