La ronde de Novembre : « Figure » (2)

Pour ceux qui auraient l’envie de relire mon texte, le voici :

Figures à géométrie variable

Les figures réalisées par ces patineurs sont autant d’exploits. Ils enchaînent arabesques et pirouettes, semblant défier les lois de la pesanteur à chaque instant. Ils gravent dans la glace et dans l’esprit des aficionados le souvenir de leur sillage impeccable, peu importe si les juges ne leur accordent pas la suprême récompense. Parfois les nuits d’hiver,  la glace qui glisse sous le vent, rêve aux figures qu’elle a gardées en mémoire et dessine sur les fenêtres les guirlandes de volutes dont elle se souvient.

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Ma chérie, je n’ai plus figure humaine, regarde ce que ce coiffeur a fait de moi. Je lui ai demandé d’égaliser les pointes et il est parti sur ses grands cheveux, à grand renfort de ciseaux aiguisés qu’il agitait au-dessus de ma tête. Je le voyais dessiner des grands cercles concentriques de plus en plus serrés, me demandant quelle figure géométrique, triangle, losange ou pentagramme, trônerait au sommet de mon crâne à la fin de son délire.

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Le visage de cet homme me rappelle une figure géométrique : un carré ou plutôt un beau cube lisse aux arêtes saillantes, sans un poil sur le caillou, les oreilles collées à son crâne dans le sens du vent, les yeux enfoncés et le nez aplati comme si rien ne devait dépasser de sa personne. Un vraie figure de statue de sel, imperturbable et tellement sûr de lui, qu’on a envie de voir un oiseau le prendre pour perchoir pour lui rabattre son caquet !

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Je vous demande d’écrire un texte d’invention, vous avez tout loisir de choisir librement votre sujet, en utilisant cependant toutes les figures de style apprises depuis le début de l’année.  Votre texte devra se développer comme un arbre dont on suivrait la croissance des branches harmonieusement construites, dans un registre réaliste. Les figures de style apparaîtront comme autant de perles agrémentant le texte pour mettre en valeur vos idées. Vous avez quatre heures.

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Figurez-vous qu’un jour, j’aurai le temps de l’écrire ce roman surréaliste où les plantes s’empareront du monde pour se venger de ce que les hommes leur ont fait subir depuis leur apparition sur terre. Elles s’affranchiront de leur immobilité, franchiront les limites de l’inimaginable et feront disparaître les vestiges de la civilisation humaine sous un tourbillon de vrilles et de feuilles.

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Finalement, je ne sais quelle figure choisir, tous ces textes feraient bien le début d’une belle histoire à figure humaine ou pourquoi pas des aventures d’une figure de proue ! En ces temps de récompenses littéraires, il suffirait de laisser les mots s’étirer sur la page en prenant le temps de les écrire en suivant les lignes comme on suit le vol des oies sauvages…

texte et photos M. Christine Grimard

La ronde de Novembre : « Figure »

Ronde du 15  novembre 2018 autour du mot « figure »

Entrons dans cette nouvelle ronde dont je vous rappelle le principe retranscrit ici depuis le blog de Dominique Autrou:

«La ronde est un échange périodique bimestriel de blog à blog sous forme de boucle, sur une idée d’Hélène Verdierle promeneurquotiriens et Dominique Autrou à l’automne 2012. Le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, et ainsi de suite. Pour chaque échange, un thème, un simple mot. Prétexte à un travail d’écriture pouvant prendre la forme d’un récit, une fiction, un poème, une page de carnet…»

Selon l’ordre de cette ronde, je publie mon texte chez Dominique et j’ai le plaisir de recevoir celui de Helène .

Merci à eux deux, merci à tous ceux qui font la ronde autour des «Figures».

La ronde tourne cette fois-ci dans le sens suivant, par ordre du tirage au sort (un clic sur le lien de son blog libère le nom de l’auteur) :

Voici le texte d’Helène:
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Eux, elle et autres figures
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Eux,

 

paisibles dans la nacelle de l’été

— sous le  filtre des platanes au soleil descendant — lumineuse élégance, lui vêtu de blanc, elle à la robe bleu ciel, ils marchaient d’un pas lent et menu, ils marchaient se tenant pas la main et parfois, s’arrêtant, prononçaient quelques mots ;  dans ces conversations demeurait l’invisible, le temps, la répétition qui n’est jamais redite ou quelque événement qu’eux seuls pouvaient connaître,  ou peut-être encore la courbe gracieuse du fleuve au plus bas des saisons, les figures glissées des canards et des cygnes sur le miroir de l’eau et, par le menu recommencés, le fleuve, la ville,

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La ville,

 

texture toujours menacée d’ombre, usée jusqu’à la trame,

figure vivante de pierres accumulées,

couronnée d’un château qui scrute la ville et l’eau  sous le souffle vibratile des grands pins séculaires ;

dans le lacis obscur où pénètrent une fois l’an les arbres

ou plutôt leurs ombres gnomoniques portées

comme des estafettes au cœur de la cité,

la ville où règne l’entraide des maisons jetant par dessus les passants

des arcades de pierre au travers de la rue,

et cette porte de ville impénétrable sommée d’un campanile de fer dont cloche et sirènes sonnent les alarmes — du moins on le suppose —

quand la fureur saisit le fleuve,

 

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Le fleuve,

pénétrant imprévisible par tous les interstices dans la ville construite sous le niveau des crues,

la ville toujours là comme le pont romain,

ou le gué de béton quelques mètres en amont qui brise les folies du fleuve et des modernités ;

le fleuve cévenol, le fleuve protestant qui va battre les flancs des remparts d’Aigues-Mortes pour prendre le sillage du roi saint en route vers Carthage

— ce fleuve qui sépare ici la ville vieille de sa ville des morts—

 tandis qu’aux alentours, comme partout ailleurs,

se développent les zones qui, dans l’ignorance du fleuve, dévorent la plaine de leurs agitations,

 

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Journal : un peu d’air pur

Vidéo M. Christine Grimard

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Partir travailler dans le froid, le brouillard et la nuit.

S’arrêter au feu rouge, le regard dans le vide.

Soudain, voir s’épanouir un rai de lumière sur l’estran, imaginer le vol d’une sterne au ras de l’eau.

Se remémorer ce moment de plénitude sans entendre le klaxon de la voiture qui s’impatiente au feu vert…

Et démarrer, les yeux fixés sur le sable et l’esprit flottant sur l’océan.

Inspirer à fond l’air du large, et ne plus sentir les relents de gazole derrière la fragrance iodée des vagues.

Finalement, la journée sera lumineuse…

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Photo M.Christine Grimard

Photo du jour : l’heure rose

Photo m Christine Grimard

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La lumière lâche prise

Place aux ombres

L’heure est au rose et au noir

Instant d’apaisement

Moment de bilan

Qu’ai-je fait de ce jour ?

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Un sourire partagé

Un peu d’amour échangé

Quelques erreurs ou maladresses

Un soupçon de tendresse

Beaucoup de mots et quelques gestes

Pour aider celui qui attend

Un peu de soutien ou d’attention

Quelques échanges d’amitié

Quelques instants de vérité

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La lumière laisse la place

Le ciel hésite entre rose et bronze

Demain sera un autre jour

Qu’en ferons-nous ?

Un catalogue de sentiments

Un soupçon d’humanité

Une liste de mots utiles ou futiles

… et un raton-laveur ?

To do list 64 : Berce la palme

Photo m. Christine Grimard

  • Regarder jusqu’à l’éblouissement, les palmes bercées par le vent, onduler avec un plaisir évident.
  • Se promettre de planter quelques graminées au printemps prochain pour avoir ce genre de spectacle à domicile.
  • Admirer l’élégance des plantes et envier un peu leur légèreté.
  • Se dire qu’il faudra passer le plumeau sur les meubles en rentrant .
  • Attendre qu’un oiseau vienne se poser au sommet de la palme pour le plaisir de le voir se balancer .
  • Aimer ce que la vie offre de petites merveilles au quotidien .

Photo du jour : Et Novembre Flambe

Photo m Christine Grimard

Novembre flambe

Il sort le grand jeu pour son premier coucher de soleil

De quoi faire oublier les illuminations de décembre

De quoi faire pâlir de jalousie les soirées de juillet

..

Il y en aura pour tous les goûts

Il peut planter tous les décors

Du brouillard le plus tenace

Aux averses les plus perverses

Il nous promet du grand spectacle

Novembre flambe

Pourquoi rester au coin du feu

Quand il offre juste devant nos yeux

De quoi faire étinceler

Les regards les plus blasés

Photo du jour : novembre à la fenêtre

Photo m Christine Grimard

Savourer les couleurs que le soleil donne à Novembre

En sachant que l’hiver habillera bientôt le jardin de noir et blanc

Goûter la douceur des couleurs et le jeu des ombres sur le rideau

En sachant que l’instant passera plus vite que le vent

Aimer la vie pour ce qu’elle donne de plaisirs éphémères

En sachant qu’elle est plus courte que le temps

Partager l’envie de continuer à l’aimer

En sachant qu’il n’y a aucune autre raison d’exister

To do list 63 : nuages de passage

Photo M. Christine Grimard

    Regarder les nuages faire la chenille en regrettant d’avoir raté le début du spectacle.
    Enfourcher les alizés pour tenter de les rejoindre au grand bal d’Halloween
    Savoir que les nuages, comme les ennuis, ne sont que de passage.
    Avoir la tête dans les nuages, histoire de recouvrir ses soucis d’un voile de coton doux.
    Choisir d’avancer, les yeux dans le ciel, car c’est la ouate que l’on préfère.
    Rêver d’être aussi légère qu’un nuage pour faire le tour de la terre en un coup de vent.