Photo du jour : Brièvement à la source

« Elle est retrouvée

– Quoi ? l’éternité.

– C’est la mer allée

– Avec le soleil. »

L’Éternité , dans Reliquaire,

Arthur Rimbaud,

(éd. L. Genonceaux, 1891, p. 100, vers 1-4 )

Photo Marie-Christine Grimard

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Brièvement

Là où tout à commencé

Dans le parfum iodé

Des embruns salés

Sous le vent

Revenu

À la source

De sa vie

La ronde autour du désir

Ronde du 15  mai 2019 autour du désir.

Entrons dans cette nouvelle ronde dont je vous rappelle le principe retranscrit ici depuis le blog de Dominique Autrou:

«La ronde est un échange périodique bimestriel de blog à blog sous forme de boucle, sur une idée d’Hélène Verdierle promeneurquotiriens et Dominique Autrou à l’automne 2012. Le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, et ainsi de suite. Pour chaque échange, un thème, un simple mot. Prétexte à un travail d’écriture pouvant prendre la forme d’un récit, une fiction, un poème, une page de carnet…»

Selon l’ordre de cette ronde, je publie mon texte chez Giovanni  et j’ai le plaisir de recevoir celui de  Jean-Pierre Boureux.

Merci à eux deux, merci à tous ceux qui font la ronde , dont le thème est : «Désir(s)».

La ronde tourne cette fois-ci dans le sens suivant, par ordre du tirage au sort (un clic sur le lien de son blog libère le nom de l’auteur) :

Hélène Verdier écrit chez Marie-Noëlle Bertrand chez Dominique Hasselmann chez Noel Bernard Talipo chez Guy Deflaux chez Jean-Pierre Boureux chez Marie-Christine Grimard chez Giovanni Merloni chez Joseph Frisch chez Franck

Voici le texte de Jean-Pierre :
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Des désirs, noirs ou noircis.

Vous entretiendrai-je d’un groupe de rock qui fit du bruit, de la « Mauresse » de Moret-sur-Loing ou autres sombres désirs de grand roi, tel Anabia prince noir qui servit un temps comme capitaine dans un régiment de cavalerie à Amiens ? Point du tout, rien de tout cela, mais de profonds désirs noircis sur une paroi ou au plafond d’une carrière. Ordinaires réflexions notées au graphite sur et dans la pierre plutôt que sur l’écorce d’un arbre, afin que le futur passant pense à vous sans ne vous avoir jamais connu. En somme une tradition venue des siècles passés, même lorsque l’individu nous dit l’Histoire, n’existait pas encore en tant que tel. Dans le noir de la carrière à peine éclairée d’une mèche chancelante l’ouvrier tout entier à son ouvrage pénible de carrier songe au futur, au sien et celui de ses successeurs sur cette terre et inscrit son prénom, son nom, une date et parfois quelques autres signalements anecdotiques.

« 1645, Jean Ladeuille, aAgé de 20 ans »

Profondes pensées déroulées à la bougie, pensées de survivants oubliés qui l’instant suivant pourraient bien disparaître à tout jamais. Qu’elles sont tragiques ces émotions traduites en mots simples et que nous recevons aujourd’hui, un siècle environ plus tard, lors d’une déambulation inquiète dans la grotte suintante de froid et le cliquetis léger du goutte à goutte des stalactites ! Un sentiment différent de celui déclenché par la vue des courses de bisons et d’aurochs dans une caverne préhistorique, mais une même présence de l’Homme face à lui-même dans l’infini de ses doutes, de ses espoirs, de son refus du néant. Cet homme-là toujours nous interpellera par ces quelques lettres, mots ou graphismes noircis quelque part, comme à la sauvette, alors qu’il pousse un cri aussi fort que celui d’Edvard Munch et que l’on n’entend d’ordinaire pas parce que la voix reste bloquée par trop d’émotions. Voici cent deux ans, ce « Vive la Paix » n’est pas utopique, il est l’expression d’une nécessité et d’une exigence absolues liées au contexte des mutineries dont on comprend à la lecture de ces seuls mots tout le tragique et l’espoir. Désir de soi, désirs d’entre soi, désirs d’humanité.

Photo du jour : trait abstrait

« Le ciel est joli comme un ange.

L’azur et l’onde communient.

Je sors. Si un rayon me blesse

Je succomberai sur la mousse. »

Arthur Rimbaud

Photo m Christine grimard

Un ange passe

Plus vite que le vent

Le temps trépasse

Et s’envole en riant

Trois feuilles frissonnent

Dans le jour qui rayonne

Les oisillons s’époumonent

Sur l’herbe qui foisonne

….

Un trait dessiné à la craie

Tracé de main de maître

Message secret

Pour ange à sa fenêtre

Regard attendri

Pour la vie qui danse

J’avance en silence

Dans le jour qui blondit

Fête du travail : chômez !

Photo M. Christine Grimard

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Fête du travail, journée fériée

Faite pour ne pas travailler

Feux d’artifice à déguster

Pour les rêveurs et les désœuvrés

Fêtons le temps libre retrouvé

Et soyons heureux sans arrière pensée

De ne rien faire et de rêvasser

.

Célébrons le travail abandonné

Pour ceux qui en ont et ceux qui l’ont oublié

Savourons ce jour sans contraintes ni corvées

Remercions les législateurs zélés

Qui l’ont encadré

Et se sont concertés

Pour en réduire la pénibilité

.

Fêtons ce jour chômé

Dégusté en liberté

Il fait trop beau pour s’agiter

Profitons de ces prémices d’été

Pour offrir quelques brins de muguet

Dans les nous allons nous promener

Pour ne rien faire du tout et rêver !