Photo du jour : Frimousse fraîchement froissée

« Le silence est la plus haute forme de pensée, et c’est en développant en nous cette attention muette au jour, que nous trouvons notre place dans l’absolu qui nous entoure. Il nous appartient – quand tout nous fait défaut et que tout s’éloigne – de donner à notre vie la patience d’une oeuvre d’art, la souplesse des roseaux que la main froisse, en hommage à l’hiver. »
Le Huitième Jour de la semaine
Christian Bobin

Photo Marie-Christine Grimard

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Petit matin au jardin

Roses et pivoines défroissent leurs fragrances

Le vent hésite entre fraîcheur et douceur

Mai se donne des allures d’été

Et le printemps s’éloigne incognito

Confinés, préoccupés, nous ne l’avons pas regardé

Le temps perdu ne se rattrape pas

Pour peu que l’on oublie de le compter

Il efface nos traces comme le vent sur le sable

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Primum non nocere

Primum non nocere

Juste une mise au point.

Une fois n’est pas coutume mais cette pandémie change la donne !

Sur ce blog, je ne parle jamais de mon métier, préférant partager un peu de rêve et d’énergie positive. Un peu d’évasion ne nuit pas.

Photo Marie-Christine Grimard

L’académie nationale de médecine et l’académie des sciences ont publié un communiqué le 25 mars 2020 devant les dérives et délires auxquels on assiste depuis le début de cette pandémie meurtrière.

Les réseaux sociaux et en particulier Twitter et son armée de « néo-virologues autoproclamés » n’ayant aucune compétence médicale ni scientifique, se sont emparés du sujet, comme ils le font avec la politique ou avec tout autre sujet.

Il suffit que n’importe qui étale ses délires ou ses désirs sur la toile, pour qu’ils soient repris et amplifiés à l’infini. Lorsque les piliers du « café du commerce » discutaient entre deux bières, cela ne faisait pas le tour de la terre, et prêtait plutôt à sourire. Aujourd’hui, rien n’arrête les inepties complotistes, il n’y a plus de limites à la bêtise humaine.

D’aucuns ont découvert que les médecins préfèrent utiliser des traitements ayant prouvé leur efficacité et leur innocuité, dans des études randomisées de grandes cohortes. Comment se fait-il qu’ils aient besoin de telles preuves avant de prescrire un produit ?

Primum non nocere

Un produit qui a une action, provoque toujours une contre- réaction. Il faut que celle-ci ne soit pas plus nocive que l’action elle-même pour que le produit soit accepté. Voilà à quoi servent les études prospectives randomisées « en double aveugle » pour qu’il n’y ait pas de biais dans l’interprétation des résultats.

Alors quand un microbiologiste nous dit sur YouTube (la bible moderne) que dans son éprouvette, le coronavirus est en parti détruit par la présence de Chloroquine, et qu’en conséquence, l’épidémie sera réglée en quelques semaines, je crois à un « fake ». Il y en a tant…

L’eau de javel aussi détruit le virus in vitro et bien qu’un président en exercice l’ait conseillé à la télévision, je pense que personne ne se risquerait à l’avaler.

Et quand quelques jours plus tard on y ajoute un antibiotique (très efficace sur les surinfections bactériennes pulmonaires) d’une famille connue pour ses interactions médicamenteuses nombreuses pouvant induire des arythmies cardiaques mortelles, je n’en crois pas mes yeux. La torsade de pointe est une des hantises de tout cardiologue.

Combien de morts cardiaques va-t-on induire avec une association de ce type sans surveillance cardiologique ?

Une partie de la réponse vient de tomber avec une étude observationnelle parue dans le Lancet portant sur les registres recueillis dans 671 hôpitaux et sur l’évolution de 96 032 patients, montrant une nette surmortalité liée à l’utilisation de cette association de traitements.

Et malgré cela, sur les réseaux sociaux, les colibets et injures diverses et variées continuent à l’encontre des médecins qui avaient mis en garde contre cet engouement aussi soudain qu’irréfléchi.

Alors, bien que cette terrible pandémie, réveille en nous la peur ancestrale de la mort, bien que notre vie en soit bouleversée, bien que la souffrance qu’elle génère dans tous les pays du monde soit insupportable, il est impossible de se jeter sur la première idée venue et de « tenter le coup » parce qu’on n’a pas d’autre solution.

Il n’y a pas de traitement antiviral efficace pour le moment contre ce nouveau virus. Il génère plus de questions que nous avons de réponses, son évolution nous est inconnue.

Restons modestes et gardons les pieds sur terre.

Laissons travailler les chercheurs et aidons les par notre patience.

Oui le temps nous est compté, mais ça n’est pas une raison pour faire n’importe quoi.

La maison brûle, oui. Que dirions-nous si les pompiers dans leur précipitation à bien faire, avaient pris une citerne au hasard dans la cours de la caserne sans vérifier son contenu, et viennent arroser le brasier avec de l’essence ?

On a lu et entendu tant de fausses informations sur ce nouveau coronavirus, entre les manipulations volontaires, les mensonges par omission, les maladresses involontaires, les rumeurs et autres scoops.

Personne ne détient la vérité parce que nous ne connaissons pas ce virus. Nous ne savons pas comment il va évoluer, combien de « répliques » se produiront. Nous ne savons pas si notre immunité sera efficace, et donc si nous pourrons nous protéger par un vaccin.

Nous ne savons rien de notre avenir collectif ou individuel. Alors un peu de modestie.

Je suis médecin et je suis là pour empêcher mes patients de souffrir dans la mesure de mes moyens. Je ne suis pas magicienne ni voyante extra-lucide. Je ne suis pas sorcière. Lorsque je ne sais pas, je dis « je ne sais pas ».

Mais ce que je sais, c’est que je ne prescris pas un traitement qui n’a pas prouvé son efficacité et son innocuité.

Primum non nocere

To do list 83 : Continuer

Photo Marie-Christine Grimard

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Durant le confinement continuer à assurer l’intendance au quotidien

Ne pas remettre au lendemain ce qui peut attendre le jour même

Décider de ne garder que l’essentiel pour le moment et confiner le superflu pour le ressortir aux temps chauds

Garder du temps pour ne rien faire et apprendre à le perdre sans avoir de remords

Comprendre enfin que le temps que l’on se donne est le plus savoureux

Regarder pousser les herbes folles en espérant qu’elles ne deviennent jamais sages

Vivre de l’air du temps en respirant à plein poumons sans y penser

Laisser du temps au temps parce que finalement c’est ce qui nous est le plus précieux

Photo du jour : devoir d’espoir

« On voit à la mesure de son espérance. »

Christian Bobin

Le très-bas.

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Photo Marie-Christine Grimard

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La nuit abandonne ses voiles derrière elle et va se coucher.

Au point du jour, une clématite pointe son nez.

Comme elle, je m’accroche à l’espoir d’un jour flambant neuf qui effacerait les ombres de la veille.

Défroissons nos pétales, sous la caresse d’une douche de lumière.

Devant nous, renaît l’espoir d’une ère nouvelle, où l’air serait léger et le silence apaisé.

Oublier les contraintes imposées et décider de les appliquer librement.

Accepter les devoirs pour ne pas tuer l’espoir.

Le jour qui se lève ne sera plus jamais le même.

Mais j’aurais appris que la vie en vaut la peine, pour peu qu’on la tienne et qu’on l’aime.

Peu de devoirs finalement pour tellement d’espoir.

Celui de respirer sans y penser.

Celui de vivre sans arrière-pensée.

Celui d’aimer sans compter.