Envie de sorbet
Vanille rose et citron
Contre la touffeur
Voici mon texte écrit pour le quatrième volet proposé par François Bon pour ces ateliers d’écriture de l’été 2017, portant sur le thème des personnages, avec retard puisque le cinquième est déjà en cours, er que je n’y ai pas encore réfléchi…
Il s’agissait de décrire un personnage à un tiers selon de texte de Nathalie Sarraute : « Ah vous ne connaissez pas Bréhier ? » Vous trouverez sous ce lien cette proposition.
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– Belle lumière ce matin sur la lande ! Je prendrais bien un café sans sucre et un muffin aux myrtilles.
Devant mon silence, il ricana et ajouta :
– Vous devriez en prendre un aussi, vous êtes pâle comme la mort !
« Préparer l’avenir ce n’est que fonder le présent.
Il n’est jamais que du présent à mettre en ordre.
À quoi bon discuter cet héritage.
L’avenir tu n’as point à le prévoir mais à le permettre. »
Citadelle
Antoine de Saint-Exupéry
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.Bientôt l’été s’achèvera.
Je rangerai ces trente-cinq cartes non postales à côté du gros coquillage où l’on entend la mer.
Il ne leur manquera que le parfum iodé des algues.
Les goélands retrouveront le calme de l’estran déserté.
J’espère que ces quelques pages vous auront plu et vous auront fait rêver un peu d’océan.
Je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps à photographier tout ce qui passe au-dessus de ma tête sur cette plage.
Il faut savoir refermer la porte en sortant.
Les vacances et l’été s’achèveront dans une gerbe d’écume.
L’avenir s’écrira dans le sable qu’une seule vague effacera.
Je remercie tous ceux qui suivent ce blog amicalement et qui ont apprécié mes tentatives maladroites pour occulter les ombres du chemin, entre canicule et aquilon.
Ainsi s’achève cette série de cartes non postales d’un été porté en bandoulière entre ciel et mer.
Que le vent marin vous porte vers le meilleur.
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“Sous les vagues, la mer est dressée, on dirait qu’elle est au ciel, Qu’elle touche et arrose les nuages qui couvrent tout. ”
Ovide
Les Métamorphoses. Livre XI
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Je suis retournée ce matin à l’endroit précis où j’ai pris cette photo en 2012, depuis la plage à été transformée par les tempêtes, les grandes marées, l’érosion, le vent et le temps qui s’allient pour sculpter l’estran selon leurs désirs.
D’autres voiles se déploient à l’horizon, d’autres marins suivent d’autres caps, d’autres goélands chevauchent la crête des nuages.
L’océan, indifférent au tumulte de la vie des hommes, poursuit son va et vient.
Les vagues tirent sur le vert, la marée aplanît les bancs de sables comme il y a cinq ans mais la configuration de la plage est bien diffferente de celle de ce jour-là.
Cette image de 2012, aussi belle soit-elle, ne reviendra jamais. Cette femme qui parcourt l’estran, est bien différente de celle qui prit cette photographie. Bien des vagues ont balayé ce sable, bien des pas ont traversé cette plage. Bien des évènements se sont produits dans ma vie et dans ce monde depuis ce jour-là…
Que sont devenus tous ces gens ?
Que suis-je devenue ?
Et vous , qu’avez-vous vécu durant ces cinq années ?
« On ne revient jamais d’aucun voyage, car celui qui revient n’est plus le même. Ce dépaysement que nous allons chercher sur d’autres territoires, d’autres lumières, d’autres parfums, est un subtil et nécessaire exil intérieur. »
Se trouver – La psychanalyse nous aide-t-elle à moins souffrir ? Anne Dufourmantelle
. Qu’es-tu venue chercher sur cette plage ?
Un peu d’air du large
Un parfum d’iode et d’embruns
Un soupçon de sérénité
Un instant de tranquillité
Une belle portion de lumière
Un grand bol d’écume de mer
Un zeste d’évasion
Un pur moment de Plaisir
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. Et qu’as-tu trouvé sur cette plage ?
Tout cela
Plus
Moi
« Je réclame le droit de rêver au tournant
De la route aux grands charmes de la promenade
Le droit de m’émouvoir du monde maintenant
Que s’approche la canonnade. »
Les Yeux et la Mémoire,
Louis Aragon, éd. Gallimard, 1954, IV
(« Je plaide pour les rues et les bois d’aujourd’hui »), p. 36
Je réclame le droit d’oublier
Le mauvais, la terreur
La violence et la mort
Le vain et le mauvais sort
~^~
Je réclame le droit de rouler
Sans but et sans enjeu
Au fond des vallées bleues
Le long des chemins creux
~^~
Je réclame le droit d’exister
Seulement pour le Plaisir
De suivre mes désirs
Sans jamais m’assagir
~^~
Je réclame le droit de flâner
De vouloir et d’aimer
De rire et de chanter
De vivre et de rêver
“En automne, je récoltai toutes mes peines et les enterrai dans mon jardin. Lorsque avril refleurit et que la terre et le printemps célébrèrent leurs noces, mon jardin fut jonché de fleurs splendides et exceptionnelles.”
Khalil Gibran Le Sable et l’écume
S’asseoir pour écouter les abeilles butiner
Admirer leur courage dans la touffeur de l’été
En préservant farouchement mon immobilité
Décider de cultiver mon inutilité
Endormie à l’ombre du mirabellier
Jusqu’à ce que septembre ne m’oblige à me lever
Et oublier de boire mon café
« Ma France à moi c’est celle de Picasso, de Cézanne et celle de Soulages, celle d’Ingres, celle de Rodin, la France des calembours, des Bidochons, celle de la paillardise aussi bien que celle du chant des partisans.
Ma France c’est celle de Daumier, celle de l’ Assiette au beurre, du Sapeur Camembert, celle de Chaval, celle de Cabu, de Gottlieb, de Siné, celle du Canard, de Fluide Glacial et de Charlie, drôles, insolents, libres !
Ma France, c’est aussi celle des dictées de Pivot celle de Klarsfeld et celle de Léopold Sedar Senghor, la France des Enfants du Paradis et des Enfants du Veld ’hiv, celle de la mode libre, celle de la danse, des flirts et des câlins, celle de la musique douce et des rock déjantés, celle de la gourmandise, ma France à moi c’est une France capable de renvoyer dos à dos la Bible et le Coran s’il lui prend l’envie d’être athée. »
Ma France à moi.
Pierre Perret
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…
Rue Manuel (ancienne Rue du paradis)
Les sables d’olonne (Vendée)
…
Rue Manuel
On s’interpelle
Rue Manuel
On est plus près du ciel
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Rue du paradis
On rit
Rue du paradis
On Vit
…
Souvent, en flânant dans ces ruelles où des jolies maisons se serrent les unes contre les autres, je me demande quelles joies, quelles peines, quelles passions, quelles attentes se cachent derrière les fenêtres aux rideaux brodés de mouettes.
On est forcément heureux en vivant dans une maison aussi jolie. Derrière une façade aux couleurs tendres, où les roses trémières ont élu domicile, le malheur ne peut pénétrer. Dehors, on n’entend que des rires d’enfants et le murmure lointain des vagues sur la jetée.
Les nouvelles terrifiantes de la folie du monde sont si loin, si incroyables, si impensables.
Le monde sanglant, barbare, inhumain ne peut exister ici. Peut-être sommes-nous dans un monde parallèle…
…
Rue du paradis
Tout est permis
Rue du paradis
On rit de la vie
» J’ai rendez vous chaque matin avec la beauté du monde. »
Christian Bobin
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Avancer tout droit vers l’ouest
Traverser la pinède
Suivre le sentier tapissé d’aiguilles de pin
Lever les yeux vers le ciel
Admirer la valse de leurs cimes dans le vent marin
Grimper la dernière dune couverte de genêts
Déboucher d’un seul coup sur la lumière
Être éblouie par cette beauté offerte
En perdre ses mots
S’asseoir sur un rocher
Se dire que l’on pourrait rester là
Jusqu’à la fin des Temps
Dans le silence de la mer
« Comme il est profond, ce mystère de l’Invisible ! Nous ne le pouvons sonder avec nos sens misérables, avec nos yeux qui ne savent apercevoir ni le trop petit, ni le trop grand, ni le trop près, ni le trop loin, ni les habitants d’une étoile, ni les habitants d’une goutte d’eau. .. avec nos oreilles qui nous trompent, car elles nous transmettent les vibrations de l’air en notes sonores. Elles sont des fées qui font ce miracle de changer en bruit ce mouvement et par cette métamorphose donnent naissance à la musique, qui rend chantante l’agitation muette de la nature. .. avec notre odorat, plus faible que celui du chien. .. avec notre goût, qui peut à peine discerner l’âge d’un vin !
Ah ! si nous avions d’autres organes qui accompliraient en notre faveur d’autres miracles, que de choses nous pourrions découvrir encore autour de nous !. »
Guy de Maupassant – Le Horla
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Goutte à goutte
La vie s’écoule et s’échappe
Cellule après cellule
La vie se reforme et se transmet
Coûte que coûte
Le Temps nous détruit et nous écorche
Grain par grain
Le sablier se vide et jamais ne se retourne
Seconde par seconde
L’horloge égraine ses heures
Atome après atome
Le soleil brûle ses réserves d’énergie
Centimètre par centimètre
Les glaciers fondent et disparaissent
Goutte à goutte
La vie survivra tant qui lui en restera
L’envie
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