- Marcher résolument les yeux dans les cieux, histoire de se prendre pour un oiseau.
- Confier ses espoirs aux nuages pour qu’ils les portent le plus loin possible.
- Souhaiter qu’il fasse beau cette année à l’extérieur et à l’intérieur.
- Oublier les brumes de l’hiver pour se tourner vers la lumière d’un nouveau cycle.
- Retrouver chaque année avec le même plaisir, ce vert tendre qui n’existe qu’au début du printemps.
- Prendre la ferme résolution de laisser germer ce petit grain de folie qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue.
Mois: mars 2018
Un petit air d’hiver (10) : Attente
« Le sentiment d’attente ne s’ajuste qu’au seul printemps.
Avant lui, après lui nous escomptons la moisson, nous supputons la vendange, nous espérons le dégel. On n’attend pas l’été, il s’impose; on redoute l’hiver. »
L’Etoile Vesper (1946)
Colette
Photo m Christine Grimard
..
Attente
À jour frisant
À fleur de ciel
À court de patience
Apparaît un pâle soleil de printemps
..
En catimini
Entre chien et loup
Enrubanné d’espoir vermeil
Élégamment écharpé de brume
Entre en scène un dernier matin d’hiver
..
Ils se regardent
Intrigués d’autant d’audace
Inconscients de leur propre beauté
Insouciants du temps qui les séparera
Impatients de goûter la douceur du jour qui viendra
..
Offrande réciproque
Odeurs des premières violettes
Ondulant sous les branches encore nues
Ombrageux peupliers aux bourgeons impatients
Oubliant que le gel pourrait les noircir d’un retour de flamme
…
Attente
Espérance
Impatience
Obsession
…
Dis maman, il arrive quand, le printemps ?
..
Un petit air d’hiver (9) : liste d’attente
Stephen Hawking :
« Be curious. And, however difficult life may seem, there is always something you can do and succeed at. It matters that you don’t just give up. »
.
Photo m Christine Grimard
…
Ne pas se laisser engloutir par le manque de lumière.
Apprécier les ciels d’orage comme on le ferait d’un spectacle de jazz où le batteur se croit seul au monde.
Tendre ses branches vers le ciel pour capter la moindre parcelle de lumière comme on prendrait sa douche sous une cascade tropicale.
Se réchauffer du pâle soleil de mars aussi gris au zénith qu’au petit matin, en occultant les quelques flocons qui tourbillonnent autour de son tronc.
Prendre solidement appui sur ses racines pour résister aux violentes rafales de mars, leur tourner résolument le dos, le regard tourné vers l’été qui viendra.
Ne jamais se décourager et ne garder que le meilleur de la vie qui va, laissant derrière soi l’inutile et le mauvais.
Rêver au monde tel qu’il devrait être et s’en souvenir au matin, pour en bâtir un petit morceau chaque jour.
Un petit air d’hiver (8) : Eau d’ici, eau d’ailleurs
« Il n’y a, en fait d’infini, que le ciel qui le soit à cause de ses étoiles, la mer à cause de ses gouttes d’eau, et le cœur à cause de ses larmes. Par là seul il est grand, tout le reste est petit. »
Correspondance: A Louise Colet 9 août 1846
Gustave Flaubert
Photo m.christine Grimard
..
D’où vient-elle
L’eau de là
Où va-t-elle
L’eau là-bas
…
Vers quelle rivière
Ruissèlera-t-elle
Vers quel estuaire
Glissera-t-elle
….
Dans quel corps
A-t-elle vécu
Sur quelles joues
A-t-elle coulé
…..
De quels chagrins
Se souvient-elle
Vers quels espoirs
Affluera-t-elle
…….
Où vit-elle
L’eau de là
D’Où vient-elle
De l’au-delà
.
La ronde de mars : « Dialogue(s) »
Ronde du 15 mars 2018 autour des Dialogues.
Entrons dans cette nouvelle ronde dont je vous rappelle le principe retranscrit ici depuis le blog de Dominique Autrou:
«La ronde est un échange périodique bimestriel de blog à blog sous forme de boucle, sur une idée d’Hélène Verdier, le promeneur, quotiriens et Dominique Autrou à l’automne 2012. Le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, et ainsi de suite. Pour chaque échange, un thème, un simple mot. Prétexte à un travail d’écriture pouvant prendre la forme d’un récit, une fiction, un poème, une page de carnet…»
Selon l’ordre de cette ronde, je publie le texte de Dominique Autrou et le mien est publié chez Giovanni Merloni .
Merci à eux deux, merci à tous ceux qui font la ronde de septembre, dont le thème est : «Dialogue(s)».
La ronde tourne cette fois-ci dans le sens suivant, par ordre du tirage au sort (un clic sur le lien de son blog libère le nom de l’auteur) :
Le principe de l’exercice, pour cette vingt-septième ronde, est d’isoler une seule phrase dans chacun des textes des participants des dix premières rondes, chronologiquement depuis décembre 2012 à novembre 2014, de la conserver telle quelle, en respectant les capitales, les majuscules et la ponctuation, et de retranscrire le tout dans le bon ordre, en dix paragraphes.
Il en résulte un cut-up qui, tiré par les cheveux, certes, compose comme un dialogue entre les premiers textes de la ronde. Ce cut-up peut d’ailleurs lui-même se lire comme un dialogue.
Le choix de se limiter aux dix premières rondes est motivé par le souhait de ne pas être trop envahissant dans un seul billet. Il n’est pas exclu de répéter l’exercice une prochaine fois avec les rondes ultérieures, si le thème s’y prête, bien sûr…
*
— c’est mieux au fond que tu n’aies pas pris l’image des tableaux, avec le temps ils prennent en toi
une importance qui est celle de tous les souvenirs
Oh, rien de nouveau dans tout cela,
C’est juste une méthode
Je n’aime pas les départs, ce que j’aime ce sont les arrivées.
Un long voyage, des dangers.
À l’épaule un sac d’osier pris la veille au grenier.
Vais-je prendre le bon ?
Il serait plus judicieux de simplement se laisser aller, se perdre dans ces yeux.
Sur cette route, elle posait des repères, adoptait des arbres qui lui faisaient une autre famille,
imaginaire, dans le silence du voyage.
Je n’étais pourtant pas avare de douceur, d’écoute, de caresses aussi.
On a fini par trouver, au vrai c’était un coin paumé.
À 21 heures je franchis le seuil baigné d’une lumière chaude, carnet à la main, appareil photo en
bandoulière.
Elle m’attend sur le seuil.
Des lumières rouges clignotent le long de notre descente et la chaleur se fait plus épaisse.
Elle a devant elle une journée à passer.
Et puis ce n’est pas un roman.
Une occasion pareille ne se présente qu’une seule fois dans la vie.
« Je vous montre la nuque ? »
Une soif inextinguible.
Curieusement, la cuisine est faite à l’huile d’olive.
Hep ! mon p’tit poussin ! Viens par ici que je te caliborgne, te reluque, te mate, te zieute… !
Instant figé des passants en arrêt devant sa mine déconfite.
Il dit que tout va bien et que c’est juste une question de regard.
C’était se moquer de la force des images.
Le regard se dirige quelque part, observe à l’extérieur de soi.
Deux squelettes se disputant un hareng.
— Jusqu’à vous submerger.
S’éloigner pour quelques jours.
Au retour, fiévreux, j’ai dormi trois jours de suite.
Je ne vois presque plus rien que la lumière,
— La lumière est un roseau…
C’est le feu du Soleil d’un astre la brillance
— si on parlait de vive-mort
au-delà des barreaux, une fin
un mariage réussi
À quoi bon s’entêter ?
Les chants cessent, la peur fait battre les cœurs dans les poitrines et les oreilles.
J’ai oublié
Je sens sur mes épaules une armée minuscule au garde-à-vous, puis cette envie de rugir, de courir,
de rire.
— Embrasse ce qui t’entoure
et que ça devrait frémir au-dedans
Dès mon retour à la maison je suis allé au jardin.
Mais, à cause de la pluie, elle n’y était pas descendue ce jour-là.
Le chat, peut-être, saurait.
Et ce fut long d’écrire toutes ces pages.
— Tu ne crois pas aux miracles ?
Les pieds nus plantés dans l’herbe folle
Elle ferme les yeux.
à tire-d’aile ils vont par-delà les frontières
Ce tableau-là fit jaillir les larmes retenues en silence.
l’eau suit son cours, un nuage s’effiloche,
Que craignez-vous ?
Je voulais contempler l’azur
Il est des villes où toujours on revient.
La première n’était pas parfaite.
Les métropoles sont des nécessités capitales, destinées au repos, à la toilette, à l’amour des
voyageurs.
Dans la rue des odeurs de kebab
Une femme nue implore le ciel
Hélios est de plomb
On pousse la porte avec respect
Devions achever l’acte en quittant ta demeure
Les dimanches d’hiver, la route devenait périlleuse sous la tourmente.
Treize ans déjà,
Nous voici à trois jours de notre mariage et, une fois de plus, je ne suis pas au rendez-vous.
Seul au milieu d’un tourbillon de mots
Et mon oeil batifole avec les feuilles
Froissées comme un visage
La plus vieille forêt là-bas s’y développe
mais je ne suis pas sûr
Tu entends, là ?
Texte et Photo Dominique Autrou
Un petit air d’hiver (7) : leurre ou l’heure
« L’heure de la fin des découvertes ne sonne jamais. » Colette
…
Un petit air trompeur
Où ce coquin d’hiver
Se déguise en printemps
Pour tromper les naïfs
Qui le croient moribond
Se réveillera demain
Pour brûler les bourgeons
Qui se sont entre-ouverts
Aux premiers jours plus longs
…
Quelle est cette lueur ?
Un semblant de printemps
Ou n’est-ce encore qu’un leurre ?
Un dernier déguisement
Avant que sonne l’heure
D’arrivée du printemps
…
Un petit air d’hiver (6) : un petit tour et puis…
« Rien n’est précaire comme vivre
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger »
Louis Aragon
*
***
Un petit tour
Et puis l’hiver
Fond comme neige au soleil
.
Un petit tour
Et puis le vent
Soulève les jupons des jonquilles
.
Un petit tour
Et puis le temps
Fait fondre la glace des étangs
.
Un petit tour
Et le dégel
Mouille les pattes des canards
.
Un petit tour
Et puis l’espoir
Revient dans le cœur des enfants
Vidéo : A change is gonna come
Une fois n’est pas coutume, voici un jour où la musique prendra la place des mots sur ce blog.
J’ai eu envie de partager avec vous un de mes coups de cœur récents, pour les voix, les échanges de regard et de talent entre le père et le fils, Brian et Thomas Owens .
Un pur moment de bonheur.
Ne le sentez-vous pas ? « A change is gonna come »
For the best , I guess…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
***
🎶
Oh and just like the river I’ve been running ev’r since
It’s been a long time, a long time coming
But I know a change gonna come, oh yes it will
‘Cause I don’t know what’s up there, beyond the sky
It’s been a long, a long time coming
But I know a change gonna come, oh yes it will
Somebody keep tellin’ me don’t hang around
It’s been a long, a long time coming
But I know a change gonna come, oh yes it will
And I say brother help me please
But he winds up knockin’ me
Back down on my knees, oh
But now I think I’m able to carry on
It’s been a long, a long time coming
But I know a change is gonna come, oh yes it will
🎶
Un petit air d’hiver (5) : Entre Deux
« Dans l’interminable
Ennui de la plaine,
La neige incertaine
Luit comme du sable.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune,
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Comme des nuées
Flottent gris les chênes
Des forêts prochaines
Parmi les buées.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune. »
Verlaine
*
Photo m. Christine Grimard
.
Dans l’inimitable
Beauté du couchant
Les chênes engourdis
Tendent vers un ciel rouge
Leurs désirs d’infini
.
Entre hiver et printemps
La vie attend son tour
Entre jour et nuit blanche
La mort attend son heure
.
Dans l’irrémédiable
Fuite éperdue du temps
L’esprit choisit le vent
Et dans un rire d’enfant
S’envole sous la lune
Un petit air d’hiver (4) : Mousse
« Lueur d’espoir; une petite mousse dans la fissure d’un mur. »
Aphorisme sous la lune et autre
Sylvain Tesson
Photo m Christine Grimard
…
Un petit rayon de soleil se glisse entre deux nuages, histoire de jouer un peu à cache-cache avec l’hiver.
Entre les pierres, la jeune mousse retrousse ses pousses, histoire de ne rien rater du spectacle.
Un instant ils se caressent du regard, histoire de faire connaissance.
La mousse courte sur pousses, faute de pouvoir rougir, éclate d’un rire vert tendre que seul le printemps peut offrir, histoire de paraître à son avantage.
Le petit rayon l’admire en silence, heureux d’être sorti de sa torpeur hivernale, il pousse un peu ses ardeurs histoire de lui plaire.
Ils se regardent, suspendant un instant le cours de leur existence, histoire de prolonger le plaisir de l’autre en partageant le sien.
…
Juste une histoire d’espoir, à la sortie de l’hiver
Juste un peu de lumière
Juste une lueur pour faire briller les cœurs
…