
Je regardai l’appareil, me demandant ce que je devais en faire.
Jusqu’à présent, il n’avait jamais eu besoin d’être rechargé. Je n’avais rien pour le faire, ce modèle n’étant compatible avec aucun matériel connu. Ma première réaction fut d’ignorer le message et de le ranger au fond d’un tiroir. Mais quelques heures plus tard, je ne parvenais pas à l’oublier.
Je le ressortis de mon bureau, l’écran affichait toujours la même phrase :
……Batterie faible, veuillez brancher rapidement votre mobile …
Mon fils étant rentré, je lui demandais conseil :
-Dis-moi, tu sais, le téléphone que je t’avais montré il y a quelques temps. Il faudrait que je le recharge. Aurais-tu un chargeur compatible à me prêter ?
-Tu as gardé ce truc ? Tu ne l’as encore jamais chargé ! Tu n’as pas dû t’en servir beaucoup ! Montre-le moi, je ne me souviens plus de quel modèle il était.
-Regarde, il affiche cette phrase depuis le début de l’après-midi.
-Sans s’éteindre ? La batterie ne doit pas être si faible que ça !
Il le retourna dans tous les sens, et conclut de nouveau :
-Je ne connais pas ce genre de modèle. Jamais vu un truc pareil ! Il n’y a même pas d’endroit où brancher le chargeur. Le gars qui te l’a donné, s’est bien fichu de toi !
-Oui, en attendant… Qu’est-ce que je peux faire ?
-Le rapporter à la boutique ! Mais le temps que tu y ailles, il sera définitivement éteint, je pense ! Au fait, tu pourrais aussi me prendre une nouvelle coque, la mienne est foutue…
– Oui, je crois que tu as raison. Probablement que cela ne servira à rien, mais au moins j’aurais essayé.

Le lendemain, je retournais dans la boutique de téléphonie, presque déserte à cette heure-ci, sans me faire d’illusion sur ce qu’allaient me dire les vendeurs. Ce modèle n’était pas connu, et ils n’avaient pas de chargeur adapté, que je ne l’avais pas acheté chez eux…
Le jeune garçon à qui je m’adressais, fut pourtant très aimable, et essaya de comprendre pourquoi ce téléphone bizarre n’avait pas de prise pour adapter un chargeur. Et malgré l’aide de tous ses collègues appelés à la rescousse, aucune solution ne fut trouvée. Le même message restait inscrit sur l’écran de veille, alors que l’indicateur de batterie était vide !!
Les employés commençant à me regarder avec une curiosité déguisée sous des sourires commerciaux, mais je voyais bien que l’appareil les intriguait et qu’ils se demandaient d’où je le tenais. Je ne parlais pas de l’homme qui me l’avait donné, bien que je sois très déçue de ne pas le voir dans la boutique. Enfin, l’un d’eux m’indiqua qu’une boutique de matériel informatique venait d’ouvrir ses portes dans la galerie marchande.
-Vous devriez y trouver votre bonheur, me dit-il. Ils ont tout, même des accessoires qui datent des débuts de l’ère informatique. J’ai vu là-bas un vieil Amstrad, du même modèle que mes parents avaient acheté l’année de ma naissance, où il y avait un jeu de casse-brique que j’adorais. Si un moyen de recharger ce modèle de téléphone existe, ils le trouveront sûrement.
Je repris un peu espoir.
– Je vous remercie de ce renseignement, je vais aller voir. Répondis-je, avec un sourire. Avant cela, j’ai besoin d’une coque pour le portable de mon fils. J’espère que ce modèle est encore d’actualité.
Le vendeur s’empressa de me trouver différents modèles, ravi de me vendre quelque chose malgré tout. Je payais et quittais de la boutique en le remerciant chaleureusement. En m’éloignant, je sentis son regard fixé sur moi, et l’entendis murmurer à oreille de son collègue, une phrase dont je ne compris que deux mot :
– … histoire bizarre !
Il ne savait pas à quel point il avait raison sur la bizarrerie de cette histoire !
Je parcourus la galerie marchande à la recherche de cette fameuse boutique informatique, sans la trouver. Les rares personnes qui étaient présentes ne purent me renseigner. J’allais renoncer quand une enseigne s’éclaira lorsque je passai devant, le nom de la boutique était inhabituel : «Espace et connexions». J’entrai et jetai un coup d’œil rapide autour de moi. Il n’y avait personne dans la boutique, ni appareils sophistiqués, seulement quelques présentoirs vitrés avec des téléphones de toutes les couleurs, et quelques ordinateurs portables fermés. Les marques m’étaient inconnues, ce qui n’aurait pas étonné mes enfants, je suppose. J’attendis quelques minutes, mais comme personne ne semblait s’apercevoir de ma présence, je me dirigeai vers le comptoir et appelai :
– Il y a quelqu’un ?
-Voilà, voilà, j’arrive ! Me répondit une voix forte dans l’arrière-boutique. Puis je vis entrer un homme trapu, à reculons, qui portait des cartons si volumineux qu’ils dépassaient de sa tête. Il posa sa charge et se retourna vers moi.
Je restai muette de surprise, en le reconnaissant malgré sa barbe et ses cheveux plus courts.
Il me regarda en souriant, silencieux quelques instants, ses yeux rieurs attiraient d’emblée la sympathie. Je ne pus m’empêcher de lui rendre son sourire.
Il se décida à parler le premier :
– Je suis ravi de vous revoir. Il semble que vous vous souveniez de moi.
– Ne soyez pas ironique, vous savez qu’il aurait été impossible de vous oublier, avec ce que vous m’avez fait vivre au cours de cette année.
– Oh, moi je n’ai rien fait, dit-il. Je vous ai simplement donné un instrument, dont vous étiez libre de vous servir ou non. Il me semble que c’est vous qui avez choisi de poursuivre l’aventure. Rien ne vous obligeait à le faire.
– Rien !! Vraiment rien ? Vous croyez ?
Je n’en revenais pas. Plus je m’indignais, plus son sourire s’élargissait. Il poursuivit.
– Oui, rien ne vous obligeait à le faire, si vous réfléchissez bien. Vous auriez pu ranger ce téléphone dans un coin, et ne plus le regarder. Les choses en seraient restées au point où elles étaient, les histoires auxquelles vous étiez confrontées se seraient déroulées différemment. Qu’en pensez-vous ?
– Je pense que vous vous moquez de moi. Qui aurait pu laisser les choses de faire, et attendre sans intervenir, comme vous dites ? Personne je pense !
– Oui, ça c’est ce que vous pensez, en effet ! Moi, je vous dis que rien ne vous obligeait à le faire, et que de nombreuses personnes n’auraient rien fait, pour ne pas avoir d’ennui, pour ne pas chambouler leur vie, par peur de l’inconnu, par paresse ou par lâcheté, ou simplement pour avoir la paix. J’ai déjà fourni de nombreux téléphones vous savez, et les personnes qui me l’ont rapporté comme vous le faites aujourd’hui, se comptent sur les doigts d’une main …
– Je pense que vous exagérez, je ne vous crois pas. Répondis-je. Lorsqu’on a cet écran devant les yeux qui vous montre de telles images, il est impossible de les ignorer et de passer son chemin en fermant les yeux. Mais il est vrai, que c’est très stressant, chaque fois, un peu plus que la précédente. Mais enfin, on peut au moins essayer, il me semble !
– Vous avez raison, bien sûr, mais soyez réaliste, ma chère. Ici, on est dans la vraie vie, pas dans un conte de bonne-femme. Combien de personnes se lèvent pour défendre quelqu’un qui est agressé dans le métro ? Combien de fois nous préoccupons-nous de la santé de notre voisin ? Combien de fois laisse-t-on la peur, l’envie, la jalousie paralyser nos actions ? Pourquoi se préoccuperait-on du bien-être de l’inconnu que l’on croise dans la rue, puisqu’on ne le reverra jamais ? Alors à quoi bon le regarder dans les yeux en le croisant ? C’est sans doute pour cela que tant de personnes marchent dans la rue en regardant le bout de leurs chaussures.
Il se tut, et le silence écrasant qui suivit sa tirade, me parut si lourd que je baissais les yeux vers mes chaussures, comme si elles allaient me fournir un alibi pour mes propres lâchetés.
– Vous avez raison, bien sûr. Si chacun faisait un pas vers l’autre, ce monde serait beaucoup moins lourd certains jours. Vous savez, je n’aurais jamais cru que j’arriverai à aider quelqu’un comme je l’ai fait au cours de ces derniers mois. Je suis lâche aussi, et quand un évènement se déroule devant mes yeux, je commence par tenter de me replier dans ma coquille. Il faut que l’indignation me pousse vraiment pour que je décide d’en sortir. Je ne sais pas si c’est de la timidité de la peur ou de la lâcheté, et je ne me suis jamais vraiment posé cette question auparavant.
– Moi, je savais que vous le pouviez. Mais vous, comme tant d’autres, ne le saviez pas, dit-il, ses grands yeux brillant en face des miens.
Ce regard clair et franc me donnant confiance, j’oubliais ma timidité pour poursuivre :
– Je sais que vous avez raison, chacun de nous est capable du pire et du meilleur. C’est une question de choix. Nous avons tous le même potentiel, mais nous ne le laissons pas toujours s’épanouir, selon ce que nous avons vécu, selon nos désirs ou nos craintes. Il faut souvent un déclic pour laisser notre nature s’exprimer. Il me semble que ce téléphone ailé ait été pour moi ce déclic, et je vous remercie de me l’avoir confié, finalement.
Je repassais dans mon esprit, le film des évènements de l’année précédente, en ayant l’impression que cela concernait quelqu’un d’autre. Les yeux dans le vague, je me pris à regretter que cela soit terminé. Il sembla lire dans mes pensées, et me demanda :
-Regrettez-vous ce qui s’est passé, ou regrettez-vous que cela soit terminé ?
Je le regardai, incrédule, la bouche ouverte, un instant, puis répondis :
-Je ne sais pas trop, je regrette un peu que tout cela soit terminé. Mais je crois que je regrette surtout que ce téléphone soit arrivé au bout de sa source d’énergie sans me donner la raison de tous ces mystères! Me direz-vous enfin, qui vous êtes, et qui a décidé du choix de ces évènements, et qui tire les ficelles ?
Il me regarda en silence, avec ce sourire énigmatique dans les yeux, une moue au coin des lèvres, en se caressant la barbe.
-Il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas dévoiler. Ce genre d’information ne vous avancerait à rien, surtout que vous connaissez déjà les réponses à vos questions. Il suffirait que vous ouvriez un peu votre esprit pour le savoir. Il me semble que vous êtes suffisamment futée pour y arriver un jour…
Il éclata de rire, ce qui eut le don de m’exaspérer ;
-Oui, c’est ça, je ne saurai rien de plus « Monsieur Mystère » ! Il suffit que j’ouvre mon esprit, et la réponse m’apparaitra, écrite dans les nuages, ou sur cet écran, désespérément éteint ! Vous vous moquez de moi. Tout cela vous plaît beaucoup, il me semble. Figurez-vous que j’aime bien connaître les tenants et les aboutissants des choses. J’ai l’esprit cartésien, et j’aurais beaucoup aimé avoir le fin mot de cette histoire !

Il me regardait, et il me semblait qu’il était tenté de me répondre. Enfin, il se lança, tandis que je retenais mon souffle, pour ne pas l’interrompre :
-Disons que vous méritez bien d’avoir quelques-unes de vos réponses. Peu de personnes ont réussi à remplir tout le tableau comme vous. Il me semble qu’on ne m’en tiendra pas rigueur, si je vous donne quelques indices. Alors écoutez bien, parce que je ne le répèterai pas deux fois.
Il baissa le ton, comme si la confidence était classée top-secret.
-La providence qui règle les mouvements de cet univers, a parfois quelques moments de faiblesse. Disons que tout ceci est tellement complexe, qu’il arrive que la mécanique se grippe. Les erreurs de programmation étant difficiles à corriger, il faut souvent une aide extérieure pour le faire, le tout dans l’urgence bien sûr. Alors on fait appel à des bénévoles ayant l’esprit vif, prompt à découvrir comment régler les problèmes rapidement. On les choisit soigneusement, mais il nous arrive de nous tromper, et chacun ne parvient pas forcément à accomplir sa mission. Cependant, je dois reconnaître que la plupart du temps, ils y mettent la meilleure volonté du monde ! Ce qu’il est important de comprendre, c’est qu’ils gardent le choix de leurs actions, et s’ils veulent arrêter, ils le peuvent aussi. La bonne volonté est avant tout une question de liberté de choix.
Les grandes lignes de ce canevas commençaient à se dessiner doucement devant mes yeux. Il le sentit et interrompit son discours, en me fixant. Je tentai une dernière question :
-Ces bénévoles dont vous parlez, sont souvent apparus dans la littérature ou l’art, sous la forme d’êtres surnaturels, aux ailes diaphanes et au sourire angélique, n’est-ce pas ?
-Sans doute, comme vous le savez, les humains ont une imagination débordante ! Répondit-il en riant dans sa barbe. Ils ont besoin d’agrémenter leur quotidien d’un peu de rêve, alors les anges gardiens, le père Noël, le croque-mitaine, le lapin de Pâques, celui d’Alice et tout le reste, font partie de toutes ces légendes. Disons pour être plus juste, que le monde est régit par des forces qui doivent s’équilibrer entre elles. Quand une force négative voit le jour, il est nécessaire qu’une force positive s’oppose à elle, pour que l’équilibre général de cet univers, ne soit pas rompu.
Il se tut, et retourna derrière son comptoir, me laissant terriblement frustrée. J’insistais :
-Il me reste encore des interrogations.
-Oui, moi aussi, répondit-il, et plus d’une ! Mais je me contente des réponses que j’ai déjà pour avancer.
Le ton était cassant, et il semblait inflexible. Je ne saurais rien de plus. J’avançai vers lui, en scrutant son visage, pour tenter d’y retrouver les dernières pièces du puzzle. Il releva les yeux vers moi et dit :
-Inutile d’insister. Je ne dirai rien de plus, vous en savez déjà beaucoup trop. Personne ne m’a jamais posé autant de questions jusqu’ici.
Je restai piquée devant lui, et fit une dernière tentative.
-Je vais donc vous rendre ce téléphone, cependant il réclame d’être rechargé depuis plusieurs jours. L’écran reste éclairé, alors qu’il n’a plus de batterie depuis des lustres. J’aimerai juste comprendre. Vous pourriez m’expliquer, cela ne doit pas être un si grand secret. Et j’aurai une dernière question plus personnelle à vous poser après, et celle-ci je ne vous en voudrai pas si vous m’en refusez la réponse.
-Vous ne lâchez jamais prise, n’est-ce pas ? Dit-il en me regardant sévèrement.
-Oui, c’est drôle, on me dit souvent cela, finalement ! Répondis-je en riant franchement.
-Bien. Pour ce qui est du téléphone, il attend que je décide de le recharger, et l’écran restera allumé jusqu’à cet instant. J’ai alors deux options, où je le confie à quelqu’un d’autre, ou je vous le rends, si vous l’acceptez. L’avantage, c’est que désormais, vous savez à quoi vous attendre.
Il me regardait, attendant ma décision en silence.
J’avalais péniblement ma salive, un peu sonnée. Celle-ci je ne l’avais pas vue venir. Je réfléchissais rapidement aux conséquences de ce qu’il attendait de moi. Il allait recharger ce téléphone, de nouvelles missions, de nouvelles vies en attente, de nouveaux défis. Aurais-je assez d’énergie pour l’aider encore ? Qu’allait devenir ma vie ? Toutes ces questions tournaient dans ma tête comme un manège infernal, et je le regardais un peu perdue.
-Vous savez, je ne confierais pas ce genre de fardeau, à quelqu’un qui n’aurait pas l’énergie nécessaire pour le porter. Faites-moi confiance ! Si je vous ai choisie, c’est parce que je savais que vous en étiez capable, ajouta-t-il. Je sais toujours de quoi les gens sont capables avant eux.
-Facile à dire, répondis-je entre mes dents. Je sentais que l’angoisse commençait à me serrer l’estomac.
-Le choix vous appartient, dit-il laconiquement.
Encore mieux ! Il ne m’aiderait pas ! Je ne regardais d’un air outré, mais il se contenta de sourire en prenant mon téléphone entre ses doigts. On entendit un bruit de carillon s’agitant dans le vent, puis l’écran s’éteignit.
-Voilà, il est rechargé, dit-il en le posant sur la banque devant moi. Que décidez-vous ?
Je regardais le téléphone dont l’écran était de nouveau muet, pendant quelques secondes, puis le pris dans ma main. Il me sembla qu’il me reconnaissait, et qu’aucune force au monde n’aurait pu me convaincre de le laisser à quelqu’un d’autre. Je levai les yeux vers l’homme et lui répondis :
-Je le garde, on fait une bonne équipe ensemble, il me semble.
Il sourit en silence, puis me dit :
-Je vous souhaite une heureuse année, ma chère, que vos pas vous guident vers le meilleur. Si vous le souhaitez, je serai là l’année prochaine à la même époque, et je serai ravi d’avoir de vos nouvelles. Je vous laisse reprendre le cours de votre vie, mais surtout je vous remercie de votre aide, et de votre efficacité discrète.
Tout en parlant, il me raccompagnait vers la porte, qu’il ouvrit largement, me signifiant que l’entretien était terminé. En me glissant dehors, je me retournais une dernière fois vers lui, et lui posais mon ultime question :
-Dites-moi, juste pour satisfaire mon insatiable curiosité, êtes-vous la Providence dont vous me parliez, êtes-vous le Chef d’Orchestre de toute l’histoire ?
Je le scrutais, espérant qu’il ne se déroberait pas. Il partit d’un grand éclat de rire et le dit :
-Non, je ne suis pas le Chef d’orchestre, Dieu Merci !!! Disons, pour satisfaire votre immense curiosité que je suis seulement son premier violon !
Sur cette dernière phrase, il referma la porte derrière lui, et quelques secondes plus tard, toutes les lumières de la boutique, s’éteignirent.
Je restais là, un peu interdite de cette dernière révélation. Il fallait que je rentre chez moi, pour digérer tout cela. Avant de me mettre en route, j’ouvris la coque ailée du téléphone, en attendant une aide indéfinie. Comme s’il m’avait entendue, l’écran s’illumina.
Devant les yeux, la représentation de « l’ange au sourire » apparut. Il me regardait avec ses grands yeux souriants, colorés de gris comme je ne les avais jamais vus auparavant. Puis, très distinctement, je le vis me faire un clin d’œil, et son sourire s’élargit pendant quelques secondes. Je me surpris à lui sourire en retour, et je lui rendis son clin d’œil. Il battit des ailes une fois, puis l’écran s’éteignit de nouveau.

Cette connivence inattendue me rendit le sourire, et je repris le chemin de ma vie, plus légère. Peu importe, ce qui allait arriver pendant cette année qui recommençait, j’allais faire de mon mieux, et avec l’aide de ceux que j’aimais, j’essayerai de ne pas perdre mon sourire.
En repartant dans les rues, je levai les yeux vers le ciel noir d’encre ce soir-là. Aucune Providence ne se montra, mais en marchant entre les immeubles, j’entendis un violon au loin, qui égrainait une cascade de notes. Je fis un signe de la main, en direction du son, qui redoubla de vitesse et de dextérité, puis s’éteignit comme le dernier bouquet d’un feu d’artifice, dans une gerbe de silence. Je compris alors que la confiance qui m’habitait ne me laisserait pas seule sur le chemin, et je rentrai en fredonnant, enfin sereine, comme je ne l’avais pas été depuis fort longtemps.
FIN

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