
.
Lumière d’automne
Souligne les souvenirs
D’un ourlet de sang
.
Lumière d’automne
Souligne les souvenirs
D’un ourlet de sang
Photo Marie-Christine Grimard
.
L’automne transforme
Des centaines de feuillages
En gouttes de sang
Photo M.Christine Grimard
La vie coule en moi
Glissant entre ombres et lumière
En gouttes de sang
«Je rêvais d’un autre monde, mais je le voulais de chair et de temps, comme le nôtre»
Yves Bonnefoy, L’Arrière-pays
*
Photo M.Christine Grimard
Monde alléchant de tentations
Monde magnifique d’imperfections
Monde surprenant dans ses actions
Monde immense dans ses inventions
Monde minuscule dans ses ambitions
*
Monde noirci de guerre et de cendre
Monde rougi de chair et de sang
Monde bleuté de ciel et de rêve
Monde doré de sève et de miel
Monde blanchi de paix et d’amour
*
Je veux ce monde dans ma main
Je veux ce monde sur mes lèvres
Je veux ce monde dans mes yeux
Je veux ce monde dans mon cœur
Je n’en connais point d’autre mais je sais que c’est lui que je veux.
« Il y a trop à voir pour ne pas se perdre. »
Christian Bobin
*
Il y a tant à voir, regarde et écoute
Écoute l’été dégouliner sur les dahlias.
Il n’en finit plus de colorier les buddléias.
*
Il y a tant à voir, regarde et écoute
Écoute l’été habiller les matins de braises
Il n’en finit plus de gorger de nectar, les fraises.
*
Il y a tant à voir, regarde et écoute
Écoute l’été mûrir les grappes sur la treille.
Il n’en finit plus de saouler les abeilles.
*
Il y a tant à voir, regarde et écoute
Écoute l’été égrainer ses jours resplendissants
Il n’en finit plus de teinter les pétales de sang.
*
Il y a tant à voir, regarde et écoute
La vie qui va, la vie si courte.
« Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune. »
Verlaine
Chaque fois qu’elle regardait cette photo, elle se projetait là-bas.
Ce jour-là. A cet instant précis. Ce soir-là.
A l’instant où le jour s’éteint, où la mer s’étale, où se tait le vent, où chacun se presse de rentrer , où se montre l’obscurité.
Comment était-elle arrivée là ? Ce n’était pas important. Elle était là, c’est tout.
Elle était là pour le voir glisser vers l’horizon.
Il passait en silence, flottant sur les vagues sanglantes. Il passait et elle savait qu’il ne reviendrait jamais.
Le ciel à la dérive.
Le cœur sur l’autre rive.
Elle devrait oublier l’absence, apprendre à aimer le silence, choisir l’insouciance.
Elle ne pourrait oublier l’enfance.
Il n’y aurait pas de renaissance.
Chaque fois, le même rêve, la même couleur de sang.
Cette nuit écarlate.
Ce soir de cuivre et de sang où elle avait vu mourir la lune.