« Le quotidien nous éloigne de l’essentiel, notre civilisation de consommation ne nous en rapproche pas. Travailler pour consommer, un cycle infernal pour faire tourner la machine, une sorte d’esclavage économique où la sublime beauté de la vie n’est pas prise en compte. Le sujet, c’est l’homme, dans la plénitude de ses facultés encore en latence, qui ne demande qu’à s’épanouir. »
Charlotte Perriand
.
.
L’ère des « Congés payés » ayant été instaurée par le gouvernement du front populaire, des milliers de personnes partaient désormais en vacances d’été.
Charlotte Perriand conçoit la « Maison au bord de l’eau » en 1934 pour répondre aux besoins physiques et moraux des loisirs qui se développent.
Le refuge « Tonneau » sera élaboré entièrement en bois pour abriter 8 personnes selon les mêmes principes en 1938 pour la montagne.
.
Cette maisonnette en bois conçue pour accueillir une famille en vacances, est déjà dotée de tout le confort correspondant aux exigences modernes.
.
Une structure bâtie en U autour d’une terrasse en bois où la famille prend ses repas ou se repose, comprenant une cuisine ouverte sur une salle à manger et un salon d’un côté de U, et des chambres sur l’autre branche du U dont une suite parentale avec douche à l’italienne…
.
Toutes les exigences des familles du XXI° siècle !
.
.
Une vie entière de création, mise au service de l’homme, et aussi de la femme qu’elle souhaitait aider dans sa vie quotidienne. A l’époque où les femmes étaient cantonnées à passer la journée dans leur cuisine, elle invente la cuisine-bar ouverte sur le salon, ancêtre de la cuisine ouverte où elles pourront dialoguer avec la famille ou les invités tout en accomplissant leurs taches quotidiennes répétitives.
« Actuellement la femme travaille et la transformation de la cuisine devient une question d’évolution sociale, d’évolution de la condition de la femme au fond qui veut se libérer. » Charlotte Perriand
Elle publie un manifeste en 1950 » L’art d’habiter »
« Il faut placer l’homme au centre et insuffler à l’habitat âme et poésie.
Non seulement l’habitat doit réaliser les données matérielles, mais créer les conditions de l’équilibre humain et de la libération de l’esprit. II faut ici prendre position, allons-nous faire du plein ou du vide ? Le vide est tout puissant parce qu’il peut tout contenir. Dans le vide seul, le mouvement devient possible. »
Dans cette idée de vide, elle crée ses « chaises ombres » empilables et noires qui disparaissent parce qu’elles sont noires.
.
.
En femme engagée, elle milite pour la condition féminine à une époque où personne ne se pose encore cette question. Elle fera même un collage d’un « gouvernement féminin » idéal où on la retrouve sous le numéro 15.
Elle travaillera jusqu’à la fin de sa vie, à construire la station des Arcs de 1967 à 1989, puis la maison de thé de l’Unesco en 1993 dans un esprit d’harmonie et de paix, un lieu destiné au recueillement où elle nous invite à méditer et à rêver à un nouvel « âge d’or ».
« La chambre du Thé peut paraître obsolète, pourtant elle me semble d’actualité par la philosophie qu’elle soutend, elle peut contribuer à imaginer l’éthique de la société du vingt unième siècle qui déterminera le bonheur ou le malheur des hommes. le quotidien nous éloigne de l’essentiel, travailler pour consommer un cycle infernal pour faire tourner la machine, une sorte d’esclavage économique où la sublime beauté de la vie n’est pas prise en compte.
Il ne faut pas oublier le sujet ça n’est pas l’objet, c’est l’homme.
Le sujet ca n’est pas le bâtiment, c’est l’homme qui est dedans. Comment va-t-il vivre ?
Vivre c’est faire vivre ce qui est en nous, et ça il ne faut jamais mais jamais, l’oublier ! »
Charlotte Perriand
–> A suivre