Une image…une histoire : Rose des sables (3)

Photo Marie-Christine Grimard

Il reconnaît la lueur qui a attiré son attention. Elle semble provenir du visiteur lui-même ou d’une lanterne qu’il porterait derrière le dos. C’est une impression bizarre. Son visage est dissimulé par le contre-jour . Un reflet lumineux dessine sa chevelure contrastant avec la densité de la nuit qui les entoure. Surpris, le pilote recule d’un pas.

Il scrute le visage de l’inconnu mais ne parvient pas à distinguer son regard. Il est petit, un halo de cheveux blond encadre son visage. Celui-ci garde le silence quelques secondes puis lève le bras vers le ciel pointant de son index en direction de la Petite Ourse et dit :

« Parfois, l’on cherche bien loin le trésor que l’on avait sous les yeux, alors il n’y a plus qu’à rentrer pour le retrouver, même si les rencontres que l’on fait au cours du voyage font partie du trésor. Qu’est ce que tu en penses ? »

Le pilote cherche des yeux l’étoile que lui montre l’enfant. Il y en a tant.

 Il murmure : « Je pense que tu as raison, j’essaye aussi de rentrer malgré les apparences. Mais de quel trésor me parles-tu ? Des étoiles ? »

Silence.

Il se retourne, il n’y a plus personne. Juste un glissement dans la nuit lui prouve qu’il n’a pas rêvé. La lueur s’éloigne peu à peu puis disparaît dans l’ombre des dunes comme une barque minuscule perdue dans l’océan.

Fin

Une image…une histoire : Rose des sables (2)

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Photo Marie-Christine Grimard

Le bruit se rapproche.

On dirait un long sifflement ou un glissement d’étoffe sur le sable. Il n’a jamais été peureux mais malgré lui, il sent l’angoisse lui étreindre l’estomac. Il décide d’en avoir le cœur net et sort du biplan. Il s’éloigne de quelques pas de son avion mais ne voit rien. Le désert est sombre et silencieux, une brise légère caresse le sable, on dirait le souffle d’un gigantesque animal. Il n’est pas facilement impressionnable mais se sent minuscule dans cet océan d’obscurité. Comme prévu, il est seul. Nul glissement et nulle lueur devant lui. Seule présence, celle des étoiles qui sont légions autour de sa tête.

Il sourit de sa propre peur.

Évidemment, il n’y a rien, ni personne ! Comment pourrait-il en être autrement à mille miles de toute terre habitée ? Il n’y a que lui et les étoiles.

Il pousse un soupir d’admiration et s’exclame : « Autant de beauté ça vous console d’être coincé ici ! »

Derrière lui, une petite voix lui répond : « Elles ne sont pas toutes identiques, parmi elles il y en existe une qui est plus la belle de toutes, enfin pour ceux qui aiment les roses…»

 A suivre

Une image… une histoire : Rose des sables. (1)

Photo Marie-Christine Grimard



Un biplan tangue entre les courants d’air chaud que le sable exhale en cette fin d’après-midi brûlante. Un crépuscule flamboyant souligne la beauté des dunes, le pilote ébloui en oublie presque ses difficultés.

Un coup d’œil sur le compas, il croise le reflet de son regard soucieux. Un poids lui écrase la poitrine. Quelques hoquets du moteur suffisent pour confirmer ses craintes, il n’a plus d’autre choix que de tenter un atterrissage acrobatique entre les dunes. Il en a vu d’autres, il connaît bien le désert, mais il se trouve loin de toute oasis et il sait qu’il ne pourra compter que sur son talent pour effectuer les réparations. La routine avec ce coucou rouillé, mais cette fois-ci il a un pressentiment bizarre. Cette angoisse ne lui ressemble pas, lui, l’homme aux nerfs d’acier comme le surnomment les copains.

Atterrissage en douceur sur le sable brûlant. Silence oppressant. A l’horizon, le soleil disparaît derrière le sommet de la dune la plus proche.

Il descend de l’avion, cale le train d’atterrissage avec quelques pierres ramassées alentour. Aucun vent de sable n’est prévu mais on ne sait jamais ce que vous réserve le désert. Il s’installe dans le cockpit avec sa couverture de survie, dîne de quelques gâteaux secs et d’une gourde d’eau et essaye de s’endormir. Demain, il faudra réparer dès l’aube.

Dans la nuit, un bruit inconnu le réveille. Un frôlement ou un glissement de sable, il ne peut l’identifier. Il ouvre les yeux, s’habitue à l’obscurité et finit par distinguer une lueur qui ondule sur l’horizon.

La lumière se rapproche très lentement. Il cligne des yeux pour en comprendre l’origine. En vain. Au-dessus de la verrière du cockpit, des milliers d’étoiles scintillent sur un écran de velours noir. Il quitte des yeux une seconde la lueur mystérieuse pour admirer le ciel. Quand il se retourne, elle a disparu.

—> A suivre

Atelier d’hiver de François Bon @fbon : vers un écrire-film, #01 | renversement Koltès

Voici mon texte écrit dans le cadre de l’atelier d’hiver 2017 de François Bon « Vers un Ecrire-film ».

Vous trouverez les autres participations et les conseils de François bon sur sa page de Tiers Livre.

***

Rose des sables

 

Plan large : Un biplan tangue entre les courants chauds que le sable exhale en cette fin d’après-midi brûlante. Un crépuscule flamboyant souligne la beauté des dunes, le pilote ébloui en oublie presque ses difficultés.

Travelling avant sur le regard du pilote. Quelques minutes de hoquet du moteur suffisent pour confirmer ses craintes, il n’a plus d’autre choix que de tenter un atterrissage acrobatique entre les dunes. Il en a vu d’autres, il connaît bien le désert, mais il se trouve loin de toute oasis et il sait qu’il ne pourra compter que sur son talent pour effectuer les réparations.

Travelling arrière : Au loin le soleil disparaît derrière le sommet de la dune la plus proche. Il descend de l’avion, cale le train d’atterrissage avec quelques pierres ramassées alentour. Aucun vent de sable n’est prévu mais on ne sait jamais ce que vous réserve le désert. Il s’installe dans le cockpit avec sa couverture de survie, dîne de quelques gâteaux secs et d’une gourde d’eau et essaye de s’endormir. Demain, il faudra réparer dès l’aube.

Gros plan : Dans la nuit, un bruit inconnu le réveille. Il ouvre les yeux, s’habitue doucement à l’obscurité et distingue une lueur qui semble onduler à l’horizon.

Travelling circulaire : La lueur se rapproche très lentement. Il cligne des yeux pour en distinguer la source en vain. Au-dessus de la verrière du cockpit, des milliers d’étoiles scintillent sur un écran de velours noir. Il quitte des yeux une seconde la lueur mystérieuse, pour admirer le ciel. Quand il se retourne, elle a disparu.

Plan fixe : Le bruit se rapproche, on dirait un long sifflement ou un glissement d’étoffe sur le sable. Il n’a jamais été peureux mais malgré lui, il sent l’angoisse lui étreindre l’estomac. Il décide d’en avoir le cœur net et sort du biplan. Il s’éloigne de quelques pas de son avion mais le désert est redevenu sombre et silencieux. Nul glissement et nulle lueur devant lui. Les étoiles sont légions autour de sa tête.

Gros plan sur le visage de l’homme : Il pousse un soupir d’admiration et s’exclame : « Ça au moins, ça vous console d’être coincé ici ! »

Derrière lui, une petite voix lui répond : « Elles ne sont pas toutes identiques, parmi elles il y en existe une qui est plus la belle de toutes, enfin pour ceux qui aiment les roses… »

L’homme se retourne brutalement vers cette voix surgie du néant, il reconnaît la lueur qui a attiré son attention semblant provenir du visiteur lui-même ou d’une lanterne qu’il porterait sur le dos.

Travelling arrière : Le crâne du pilote cache le visage du visiteur, on distingue un halo lumineux autour d’eux contrastant avec la densité de la nuit qui les entoure. Surpris, il recule d’un pas.

Gros plan sur le visage de l’inconnu qui apparaît à contre-jour. On ne distingue pas son regard mais seulement sa petite taille et un halo de cheveux blond encadrant son visage. Il lève le bras vers le ciel pointant de son index la petite ourse et dit : « Parfois, l’on cherche bien loin le trésor que l’on avait sous les yeux, alors il n’y a plus qu’à rentrer pour le retrouver, même si les rencontres que l’on fait au cours le voyage sont aussi une partie du trésor.

Travelling vertical : La caméra s’éloigne doucement des personnages. Le pilote cherche des yeux l’étoile que lui montre l’enfant. La lueur se rétrécit peu à peu, puis disparaît dans l’ombre des dunes, comme une barque minuscule qui serait perdue dans l’océan.