Photo du jour : Vol de jour

En voyant passer ces avions d’un autre âge dans la lumière du soir, j’eus l’impression que le temps s’était arrêté.

La surface des vagues me renvoyait l’écho des moteurs,  comme le bourdonnement d’une abeille lointaine.

Le vent s’était tu pour les entendre passer.

Dernier hommage aux courageux pilotes que la traversée de l’océan n’effrayait pas.

Quelle était leur destination ?

Buenos Aires, Ushuaïa …

Les terres lointaines d’une autre hémisphère ?

Le rêve passe et avec lui le souvenir de tous les pilotes qui ont donné leur vie pour ce ciel.

A l’horizon, se dessine le visage d’un autre pilote, disparu en 1944, dans une mer plus bleue.  Pilote écrivain, héros emporté par les nuées de la guerre, qu’un petit garçon égaré avait pris pour guide une nuit dans le désert, à mille miles de toute terre habitée …

Il aura suffi que ces deux avions passent pour que ses mots me reviennent …

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Photo M. Christine Grimard

 

« Les collines, sous l’avion, creusaient déjà leur sillage d’ombre dans l’or du soir. les plaines devenaient lumineuses mais d’une insalubre lumière : dans ce pays, elles n’en finissent pas de rendre leur or, de même qu’après l’hiver, elles n’en finissent pas de rendre leur neige.

Et le pilote, Fabien, qui ramenait de l’extrême Sud, Buenos Aires, le courrier de Patagonie, reconnaissait l’approche du soir aux mêmes signes que les eaux d’un port : à ce calme, à ces rides légères qu’à peine dessinaient de tranquilles nuages. Il entrait dans une rade immense et bienheureuse. »

Antoine de Saint-Exupéry.  Vol de nuit.