Vases communicants de Septembre : de l’océan

Pour ceux qui n’auraient pas eu l’occasion de lire le texte que j’avais écrit pour les Vases communicants de septembre, je le publie de nouveau ce matin et remercie une nouvelle fois Françoise Renaud d’avoir été à l’initiative de cet échange très agréable autour de la mer.

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vasoco sept

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Ce matin l’air a un goût saumâtre.

Ou peut-être n’est-ce que mon état d’esprit du jour…

Le vent d’ouest laisse sur mes lèvres un goût amer, un goût de rentrée !

Dernier matin ; j’ai rangé la maison, nettoyé le réfrigérateur, remisé les fauteuils de jardin, vérifié l’irrigation des hortensias, bouclé les valises.

Avant de fermer les volets sur la saison achevée, j’irai faire un dernier tour sur la falaise histoire de regarder la mer danser, histoire de ne pas oublier les heures dorées de cet été envolé.

Je sais qu’il sera là, m’attendant comme chaque matin au bord de la falaise.

Je sais qu’il me verra approcher de son regard latéral et qu’au dernier moment il poussera un cri strident pour me signifier de ne pas franchir la limite qu’il a choisi pour nos échanges.

Je m’arrêterai tout au bord du sentier et l’écouterai en silence.

Il me racontera le parfum des embruns mêlés de résine de pin, le bruit des galets glissant sous l’écume, la chanson secrète des coquillages nacrés.

Je lui dirai le sourire que l’océan dessine sur le visage des enfants, la caresse que le vent distille dans les cheveux de ma fille, le frisson du sable ondulant entre mes orteils lorsque la vague se retire.

Il m’aidera à me souvenir du temps sucré des jours de liberté.

Et quand la brume se lèvera sur la mer, je prendrai la route.

Je laisserai les kilomètres défiler et mon esprit vagabonder sur ce rivage blond.

Il me restera quelques nuits pour rêver, à plat-ventre sur le sable, le menton sur les paumes, les cheveux ondulant sous le vent en phase avec les graminées de la dune.

Il suffira de ne pas se réveiller, pas encore, pas tout de suite.

Sur ce matin de rentrée…

                                                                            Photo Françoise Renaud       

Texte M.Christine Grimard    

 

 

 

10 réflexions sur “Vases communicants de Septembre : de l’océan

  1. Le retour de la marée, même lointaine, toujours si agréable…

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  2. Excellent ! Juste avant de repartir, je vais une dernière fois contempler l’Océan…Neptune et ses Néréides…les éléments à l’état pur…je l’emporte dans l’artifice de la grande ville, dans ma tête, dans mon coeur, sur ma peau…

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  3. Restent sous les paupières les images d’été pour tenir dans les jours plus sombres…

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  4. La mer, c’est l’éternel retour ou « la mer toujours recommencée » chère à Valéry…Quand on s’absente d’elle,…elle est présente en nous…et le reste jusqu’aux retrouvailles…

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    • Elle est toujours dans mon Coeur et si j’avais le plaisir de la voir au quotidien, je ne m’en lasserai jamais. Je sais que vous l’aimez aussi de cette manière cher Patrick et qu’elle est un des personnages de vos romans. Heureuse que les mots trouvent un Echo dans vos pensées 🙂

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  5. De savoir qu’elle est là fidèle , même dans le gros coquillage sur l’étagère
    Il suffit de l’approcher de l’oreille
    Il est malvenue d’en parler ainsi !!! l’ayant sous les yeux chaque jour L’éloignement est d’autant plus nostalgique quand il faut s’en éloigner

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