Découvertes à la Fondation Vuitton -/- 5 -/-

« Quand les choses sont difficiles, je ne les abandonne pas , je continue et je serre les dents jusqu’à ce que j’arrive au bout même si c’est extrêmement pénible. »

Charlotte Perriand

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photo M C Grimard

Photo Marie-Christine Grimard

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La chaise longue basculante est une icône des années 20. Elle est emblématique de son travail de recherche, avec son crayon et son fidèle mannequin en bois, pour adapter la forme de ses réalisations au corps humain, à la fois chaise de lecture ou de repos selon l’inclinaison qu’on lui donnera. en faisant basculer le cercle qui la porte sur des rouleaux.

Ce nouveau mobilier en tube d’acier sera présenté au salon d’automne en 1929. Une révolution à l’époque où les bergères et autres fauteuils Louis XIV ou Henri IV remplissaient les salons bourgeois.

« Il n’y a rien de plus difficile à faire qu’un siège, car chaque trait signifie quelque chose, ça signifie une forme, ça signifie un usage, ça signifie un matériaux, un prix.. Tout ceci étant fait, il y a une dimension supplémentaire qui est la dimension du rapport de l’objet à l’homme. »

Charlotte Perriand

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photo MC grimard

Photo Marie-Christine Grimard

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Ses banquettes spartiates épurées avant-gardistes semblent naturelles aujourd’hui, mais que de recherche dans leur mise au point.

 

photo M Chistine Grimard

Photo Marie-Christine Grimard

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Elle s’est engagée dans le combat pour l’habitat populaire dès 1933. Il s’agissait de remplacer les ilots insalubres par des cités d’habitations agréables, elle a travaillé sur l’unité de base, l’aménagement des « cellules de vie » de 14 m² par habitant. Une des solutions était l’usage de cloisons coulissantes.

« Visuellement on peut créer de l’espace, sans qu’il y ait beaucoup de m² pour autant, vous devez créer du vide pour commencer. La meilleure manière de créer du vide c’est de concentrer dans des murs de rangements tous les objets dont vous avez besoin, que ce soit du linge, des livres des casseroles, tout ce que vous voudrez. Par contre c’est absolument nécessaire de trouver au bout de vos doigts précisément, tout ce dont nous avons besoin. C’est ce que j’appelle la fonction. La fonction d’une part, et la création d’espace d’autre part. » Charlotte Perriand

Elle utilisera cette démarche pour l’aménagement de différents projets immobiliers qu’elle réalise avec Le Corbusier; pour les chambres d’étudiants de la cité universitaire de la ville de Paris,  pour  la cité refuge de l’armée du salut et dans sa propre architecture pour les loisirs du peuple.

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Elle entraine ses amis à sortir des savoir-faires traditionnels, le décorateur René Herbst, Robert Mallet-Stevens, Eileen Gray, Le Corbusier et Pierre Jeanneret, les peintres Sonia Delaunay et Fernand Léger. Ils forment l’UAM (union des artistes modernes). Ils veulent faire entrer la modernité dans le quotidien.

« Il nous fallait créer un instrument de combat, élargir notre mouvement à toutes les disciplines liées à la vie contemporaine, avec des créateurs en sympathie de tendance et d’esprit, urbanistes, architectes, ensembliers, tisserans, éclairagistes, peintres, affichistes, constructeurs. Large éventail ! J’avais donné beaucoup. Sans moi ça ne se faisait pas, Le clash, c’est moi qui clashait, toujours ! »

Charlotte Perriand.

 

Photo Marie-Christine Grimard

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C’était une artiste entourée d’artistes depuis les années folles. Ici son portrait de Joséphine Baker en 1927. Résolument en avance sur son temps.

« L’affiche de Paul Colin immortalisait Joséphine Baker  qui se produisait au théâtre des Champs Elysées , quel choc. une femme sauvage authentique. Je m’initiais au Charleston , j’étais coiffée à la garconne. Mon cou s’ornait d’un collier que j’avais fait façonner constitués de vulgaires boules de cuivre chromées. Je l’appelais mon roulement à billes. Une provocation et un symbole qui marquait mon appartenance à l’époque mécanique du XX° siècle. »

Charlotte Perriand

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Photo Marie-Christine Grimard

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Photo Marie-Christine Grimard

Photo Marie-Christine Grimard

Et toujours ce sourire et cette joie de vivre.

 

–> A suivre

19 réflexions sur “Découvertes à la Fondation Vuitton -/- 5 -/-

  1. ah oui la chaise longue on l’attendait.. mais piur mon goût plutôt les banquettes et puis l’étagère (mais pour les yeux, pour vivre l’aurais envahie et détruite ) et puis cette silhouette métallique et le sourire, oui

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  2. Je ne connaissais pas Charlotte Perriand…
    Merci Marie-Christine de m’avoir fait découvrir cette belle artiste dont les créations méritent bien cette exposition!
    Bonne journée à toi, avec beaucoup de soleil… dans les coeurs 💙🌻

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    • Merci Christian !
      De nombreuses personnes sont dans ce cas également. Moi-même, avant d’avoir vu cette expo, ne savais pas tout ce qu’on lui devait. J’avais apprécié certaines de ses réalisations sans savoir que c’était ses œuvres, dont la chaise longue en tubes d’acier et ses fauteuils de cuirs ou chaises tournantes, en pensant que c’était Le Corbusier qui les avaient dessinées !!!
      Comme quoi les femmes sont toujours effacées par l’histoire…
      Bonne journée à toi malgré la pluie 🙂

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  3. Cette chaise-longue fait penser à celles qui s’appelaient « conversation », l’une tournée vers l’autre.
    Le mobilier intérieur a longtemps été délaissé avant que le Bauhaus et Le Corbusier ne s’en préoccupent en lui apportant un « design » mariant esthétique et confort, dont Charlotte Perriand a effectivement su réaliser la synthèse stylée.
    Je me demande soudain comment sont les chaises des salles réservées aux gardiens (s’il y en a) de cette très belle expo… 🙂

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    • Vous avez raison, c’est à ce genre de fauteuil de conversation que j’ai pensé aussi. Mais les bergères louis XV ont pris de coup de jeune sous le crayon de Charlotte Perriand 🙂
      Les gardiens n’ont pas de chaise dans les salles d’exposition, ils sont debout et se promènent au milieu des visiteurs. Un laser surveille et sonne si un myope s’approche trop près des œuvres, c’est le monde moderne !
      Merci à vous pour la visite et ce commentaire 🙂

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  4. Une créativité et une avance incroyable. Chapeau pour cette dame.

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  5. Il me semble avoir vu cette Joséphine en fil de fer à Rodez pour une expo consacrée à Calder. Serait-ce la même ? Bien contente de découvrir Charlotte Perriand ! Merci Chris !
    https://les-ateliers-du-deluge.com/2017/10/28/carnet-des-jours-25/

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  6. Il me semble avoir vu cette Joséphine en fil de fer au musée Rodez pour une expo consacrée à Calder. Serait-ce la même ? Je découvre Charlotte Perriand, merci Chris ! https://les-ateliers-du-deluge.com/2017/10/28/carnet-des-jours-25/

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  7. Le mouvement « downsizing » n’a rien inventé

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    • Oui, rétrécir les hommes et leur habitat pour lutter contre la surpopulation… une utopie qui le restera on espère !
      Les Cités radieuses étaient une belle idée sur le papier, avec des jardins et des appartements bien conçus pour que chacun trouve son espace de vie minimum possible. En fait, il y avait autour 80% de jardins sur les maquettes, et l’on voit ce que les jardins étaient dans les « grands ensembles » qui ont été construits plus tard. C’est sûrement là où le bâts a blessé… Plus l’entassement et l’isolement, et enfin la nature humaine elle-même probablement, qui est toujours le paramètre imprévisible.
      Merci à vous 😉

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  8. Merci de toutes ces explications et de ces beaux clichés. Bonne journée à vous

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  9. Merci pour cette longue visite documentée.

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  10. Je ne pensais pas connaître Charlotte Perriand. Ses travaux me disent le contraire. Je reconnais le style du mobilier plus facile à vivre que ceux d’Eileen Gray. Cela me rappelle une exposition au Havre sur l’architecture d’intérieur dans les écoles au milieu des années 50. La ligne est fluide, esthétique. J’adhère.

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