To Do List 24 : Fleurs de mémoire

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Photo M.Christine Grimard

 

  • Choisir les  fleurs les plus colorées pour celle qui me manque tant.
  • Décider de ne garder que le souvenir des jours heureux.
  • Se projeter vers l’avenir malgré les ornières qui jonchent la route.
  • Apprécier la beauté de ce cimetière couvert de fleurs frissonnant sous ce pâle soleil d’octobre.

 

Phrases 42 : Mots en passant

«Le souvenir est une voix brisée,

On l’entend mal, même si on se penche.

Et pourtant on écoute, et si longtemps

Que parfois la vie passe.

Et que la mort

Déjà dit non à toute métaphore.»

Yves Bonnefoy

*

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Photo M. Christine Grimard

 

  • Garde de ton passé le meilleur, oublie l’amertume des regrets et l’acidité des remords, tu ne construiras pas ta vie sur les ruines de ce qui aurait pu être, regarde devant toi la vie qui brille sous le soleil du jour qui se lève et avance vers sa lumière sans te retourner.
  • Souviens-toi du parfum des roses de juin, de la caresse du vent dans tes cheveux, de la chaleur de tes étés, pave ton chemin de tes meilleurs souvenirs, puise ta force dans l’amour donné, mais ne reste pas là à savourer les bons moments passés, avance vers ton avenir où il y a encore tant à découvrir.
  • N’oublie pas le plaisir des rencontres ni le parfum des baisers, les regards croisés et les sourires échangés, la danse du soleil dans les marais et l’éclat de l’aurore sur les genêts, la caresse du vent dans ta crinière ; n’oublie pas les douceurs de ta vie, profites-en pendant que tu la tiens !

Photo du jour : Manque

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Photo M. Christine Grimard

*

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Tomber en arrêt devant ce souvenir.

Un photo si banale et pourtant si chargée d’émotions.

Se souvenir des journées d’été où le seul travail est de découvrir la vie qui va, la vie qui vibre.

Rester en arrêt devant  l’oiseau goûtant les grappes encore vertes.

Admirer les fleurs sauvages et les mouettes friponnes.

Se laisser guider par son vélo sans lui demander où il vous entraîne.

Se laisser porter par le vent sur les chemins de traverse.

Se laisser griser par le soleil jouant dans les pins.

Se laisser bercer par le bruit du ressac.

Se laisser aimer par le soir qui vient.

Se laisser vivre.

Encore.

Enfin.

*

 

Phrases 24 : Mots mémoriaux 

« La reconnaissance est la mémoire du cœur. » Hans Christian Andersen 

photo M.Christine Grimard

  • Jour où les souvenirs affleurent au bord du cœur, là où le manque serre, là où les sourires de l’enfance ont disparu après un dernier signe de la main, là où le sourire d’une jeune femme brune en robe Vichy mauve, à qui je ressemblais, s’est évanoui dans la brume du temps, là où la mémoire s’est noyée dans un torrent de larmes.
  • Jour de mémoire, où chacune des fleurs déposées est un cœur qui s’ouvre dans la lumière des souvenirs, où les mots murmurés sont encore ceux que l’amour portait, quand les bras se tendaient et les mains se serraient, quand les regards savaient ceux que les lèvres taisaient. 
  • Jour de manque, où l’air glacial cingle les joues, où les mains tremblent, où le cœur saigne, où la lumière de novembre tient ses promesses, et où la mémoire endeuillée se retourne un instant pour que  l’enfant du passé ne la voie pas pleurer. 

photo M.Christine grimard

Photo du jour : À la pêche aux souvenirs 

Photo M. Christine Grimard

 

Juste parce que le manque est trop grand

Que travailler dans la fournaise est trop difficile

Que les photos d’océan qui fleurissent sur la toile me font le même effet qu’une dernière canette fraîche coincée dans le distributeur, un jour de canicule.

J’avais juste envie de ressortir mes souvenirs d’océan (été 2010 sur une plage de Vendée…) comme on lance une bouteille à la mer …

Une image … Une histoire : Cendres

« Dieu aima les oiseaux et inventa les arbres.
L’homme aima les oiseaux et inventa les cages. »
Jacques Deval

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Voilà si longtemps qu’il n’était revenu dans cette vallée.

Depuis la mort de son père, il avait préféré rester loin d’ici. Les derniers jours avaient été si éprouvants. Il ne voulait pas s’en souvenir.

Il n’était pas revenu pour ça. Les jours noirs, tâchés de sang, les morceaux de chair brûlée, les relents de cendres froide qui l’avaient poursuivi nuit après nuit pendant presque un an, il ne voulait plus y penser.

Les choses avaient bien changé. La mousse avait recouvert les ruines de la grange, Pour un étranger, il était difficile de savoir qu’à cet endroit, s’élevait une ferme florissante, un jardin tiré au cordeau et un verger prolifique. Seule, la maison était encore debout, teintée de gris, uniformément recouverte de tristesse, à l’abandon.

Aucune âme n’était passée par ici depuis son départ. Les gens du village évitaient de s’approcher de la « maison  maudite ».

La guerre est le prétexte que les hommes se donnent pour libérer leur barbarie. Et certains plus que d’autres.

Il s’était toujours demandé pourquoi leur vie avait brusquement basculé vers l’horreur. Il était enfant, vivait dans un monde sans soucis, jouait à danser avec les papillons dans les rangs de lavande. Il aimait sauter dans la rivière pour sentir les alevins argentés glisser entre ses jambes, et par-dessus tout, dévaler les contreforts de la montagne avec son chien sur les talons. Rien ne pouvait ternir son sourire, jusqu’à ce jour…

Quand son père avait refermé brutalement la porte de la grange, et lui avait dit de rester dans la maison, en scrutant le chemin du village, il avait été soudainement inquiet. Il n’avait jamais vu ce regard sombre dans le yeux de son père auparavant. Et quand sa mère était sortie à la tombée du jour avec un pain et un lourd sac sous le bras, il n’avait pas osé poser de questions. Mais il sentait bien que quelque chose était différent.

Cette nuit-là, il avait guetté les pas de son père, suivis bientôt d’autres pas plus pesants, qui s’éloignaient vers le maquis. Au petit matin, épuisé d’avoir dormi aussi tard, il fut éveillé en sursaut par les cris des miliciens. Ils proféraient des menaces, ils crachaient des injures, ils trainaient son père vers la grange en vociférant. Il ne comprenait pas tout, mais quand il vit sa mère arriver dans sa chambre en lui ordonnant de rester caché sous son lit jusqu’à ce qu’il soient partis, il sut que quelque chose de grave était arrivé. Il entendit des détonations, des hurlements, puis le ronflement infernal du brasier qui encerclait la grange. Puis des bottes qui s’éloignent. Puis plus rien. Il ne sut combien de temps il était resté là, à trembler sous son lit. L’odeur âcre des cendres avait envahit tout l’espace.

C’était la dernière odeur dont il se souvenait. Et en revenant ici, il avait l’impression qu’elle envahissait encore les murs délabrés.

Sa mère n’avait plus jamais prononcé une parole après cette nuit-là, comme si ses mots étaient partis en fumée dans cette grange. Ils avait quitté les Cévennes pour se rendre à Marseille, chez sa grand-mère, où ils avaient survécu jusqu’à la fin de la guerre. Après l’armistice, son père avait reçu les honneurs de la république pour hauts faits de résistance, et il regardait souvent la médaille de la légion d’honneur qu’on leur avait remise, en espérant y voir le sourire de son père. Mais il avait bien fallu qu’il apprenne la vie sans lui. Il avait appris, trainant ses guêtres dans tous les pays, exerçant tous les métiers, sous toutes les latitudes, sous tous les climats. La seule chose qu’il n’avait jamais accepté de faire, c’était la guerre, fuyant tous les conflits. S’il avait tenu un fusil, il aurait eu la sensation de descendre au niveau des hommes qui avaient massacré son père.

Trente ans après, il était de nouveau devant les ruines de cette grange. Un amas de pierres noircies pratiquement recouvertes de végétation. Il avait décidé de rentrer. Il n’allait pas fuir plus longtemps. Il avait eu beau faire tout le tour de la terre, il savait que sa maison était ici et qu’il devrait affronter ses démons pour se donner enfin le droit de vivre.

Un érable doré avait poussé au milieu des ruines. A la cime, un hibou lançait sa mélopée. Il leva les yeux vers lui, et vit se lever la lune dans l’enchevêtrement des branches. Le hibou se tut, le regardant fixement, immobile, puis il cligna de l’œil et s’envola vers le sud. Il sourit et s’assit au milieu des ruines, observant les nuages qui passaient devant la lune. Il ne s’était pas sentit aussi serein depuis bien longtemps.

Pris d’une soudaine impulsion, il se mit à fouiller au milieu des pierres, en extirpa quelques morceaux de bois vermoulus.  Tressant des branches d’érables pour les solidariser, il en fit une croix, qu’il décora avec une couronne de feuilles dorées. Il la dressa sur un amas de pierre qui se trouvait au milieu de l’ancienne grange, puis admira son œuvre en silence. Il s’assit sur une grosse pierre et fut pris de sanglots.

Il ne sut pas combien de temps il était resté là à pleurer, mais quand il vit l’aube poindre au dessus de la combe, il sécha ses joues, et commença à parler. Il entendait sa voix résonner contre les murs de la maison et lui revenir en écho. Il raconta à son père son enfance sans lui, sa jeunesse lointaine, ses chagrins et ses joies, ses errances et ses certitudes. Quand il eut tout dit, il se sentit soulagé.

Il se leva, léger, s’étira dans les premiers rayons du soleil, et conclut:

– Je reviens à la maison, papa. Je vais en faire ce que tu aurais voulu qu’elle soit. J’ai relevé des défis plus difficiles que celui-là…

Il revint vers sa voiture pour en sortir ses provisions, lorsqu’il vit quelqu’un s’approcher sur le chemin. Il tenta de refréner sa première réaction de méfiance, et se tourna vers l’inconnue qui avançait d’un pas décidé, son chien sur les talons. Celui-ci s’approcha de lui, reniflant ses bottes et poussa un aboiement approbateur. La jeune femme sourit et dit:

– Pyrus vous aime bien, c’est le meilleur des passeports. Bienvenue à vous. Je m’appelle Sandra !

– Enchanté, répondit-il. Merci de m’accueillir chez moi. Je suis Pierre.

– Ravie de voir que cette maison sera de nouveau occupée. Je trouvais dommage qu’une aussi belle construction soit à l’abandon. J’aime beaucoup la vue qu’il y a du sommet du sentier, et mon chien aussi. Je passerai un peu plus au large, désormais pour ne pas vous déranger.

– Non, n’en faites rien, je serai heureux d’avoir un peu de compagnie. Je n’ai rien d’un ermite. Je vais remettre la maison en état et je serai ravi de vous y recevoir quand elle sera présentable.

– C’est très gentil. Je suis institutrice au village, et je profite de mes heures de loisirs pour chiner quelques plantes dans les bois. Il y a quelques espèces devenues très rares dans cette région. La botanique c’est ma passion, ajouta-t-elle en rougissant.

– J’essayerai de vous dénicher quelques spécimens, répondit Pierre. Je m’y connais un peu en botanique.

– Super, dit-elle le gratifiant d’un magnifique sourire. Allez Pyrus, on y va …

– A bientôt, répondit Pierre, soudain un peu intimidé.

Il la regarda s’éloigner, pensif, puis poussa la porte de la maison avec le pied. Un odeur de moisi et de cendres s’échappa, le bloquant dans son élan. Il se ressaisit, pris une grande inspiration et entra d’un air décidé en disant:

– Si on veut que la vie revienne dans cette maison, pas d’hésitation, autant s’y mettre tout de suite !

…Fin…
 

 

 

 

 

Journal 2 : Marche arrière

  • Mercredi 7 janvier :

Attentat au siège de Charlie Hebdo

Dix personnes dont Cinq dessinateurs lâchement assassinés

L’horreur et la barbarie envahissent nos vies.

Dans l’agenda la phrase du jour est :

« Dans la vengeance, le plus qui puisse arriver est de nous rendre égaux à nos ennemis, tandis que dans le pardon, nous montrons plus de sagesse et d’intelligence. » Alpeh Paulo Coelho

  • Jeudi 8 janvier:

La France sidérée est recueillie devant la barbarie.

Une minute de silence partagée à midi pile.

Le Glas de Notre-Dame de Paris retentit.

La Tour Eiffel s’éteint à vingt heure.

Symboles d’un pays en état de choc.

*

  • Vendredi  9 Janvier:

Chasse à l’homme et prises d’otages.

Le sang des fous et le sang des innocents mêlés en un bain d’horreur.

La barbarie gagnera-t-elle ?

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  • Samedi 10 janvier:

Le calme après la tempête ?

Des marches pour la liberté et pour la paix s’organisent spontanément dans tout le pays.

La phrase du jour sur l’agenda :  » Quand quelqu’un trouve son chemin, il ne peut avoir peur. Il doit avoir assez de courage pour faire des faux pas.  » Brida de Paulo Coelho

*

  • Dimanche 11 janvier:

Dans la France entière, les gens convergent et se retrouvent pour marcher pour la liberté d’expression, et contre la montée de la violence. Ils avancent malgré les menaces pour ne pas oublier que la Paix est la seule solution.

Jour de tolérance, et d’union.

Peu importent les dissonances.

Les hommes veulent croire en leur liberté.

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  • Lundi 12 janvier:

Le jour d’après, tout reste à construire.

Saurons-nous panser les plaies et rebâtir sur les cendres tâchées de sang ?

On dit pourtant que les cendres sont le meilleur terreau.

*

  • Mardi 13 Janvier:

La vie est repartie dans le pays.

Débute le temps des obsèques et du souvenir.

Il restera dans les mémoires comme un énorme gâchis.

*

  • Mercredi 14 janvier:

Le soleil éclaire ce matin et me donne des envies de printemps.

Là-bas, la haine gronde devant un dessin teinté de vert.

Les gens font des heures de queue pour obtenir un « Charlie ».

Obsèques de Cabu à Chalon-en-champagne.

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  • Jeudi  15  janvier:

Obsèques de Charb en une grand-messe cérémonie laïque, hommage et amitiés.

La citation du jour : « Il faut toujours savoir quand finit une étape de la vie. Si tu persistes à y demeurer plus que nécessaire, tu perds la joie et le sens du temps qui reste. Et tu risques d’être rappelé à l’ordre par Dieu. » La cinquième montagne de Paulo Coelho.

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  • Vendredi 16 janvier:

Obsèques d’Honoré.

Pluies en cataractes.

Les terroristes ne trouvent pas de lieu de sépultures.

Certains errent dans la vie et dans la mort sans jamais trouver la paix.

La phrase du jour : « Victoires et défaites font partie de la vie de tout le monde, sauf des lâches, puisque ceux-là ne perdent ni ne gagnent jamais. » Le démon et Mademoiselle Prym de paulo Coelho

*

Relire ces pages, trois semaines plus tard, avec le recul, loin du choc initial et des polémiques qui ont suivi, permet de poser la réflexion. Chacun garde ses propres souvenirs, mêlés à sa propre vie, et en tirera ses propres leçons. Les citations pré-imprimées sur cet agenda, donnent un éclairage supplémentaire, même si elles sont semées par le hasard. Les coïncidences en sont-elles vraiment, ou nous aident-elles simplement à ouvrir la route en suivant les signes semés pour nous ?

NOEL 2013 124

Photo M. Christine Grimard