« Ce qu’on appelle un poète n’est qu’une anomalie de l’humain, une inflammation de l’âme qui souffre au moindre contact – même à celui d’une brise. »
Christian Bobin
Quelques pas sous les branches suffisent pour que l’émotion m’étreigne.
La vie est là, échevelée, attentive au moindre rayon de lumière, de nouveau resplendissante.
Il semble que la joie muette soit contagieuse. Les yeux levés vers le ciel, je laisse venir à moi ce chant d’oiseau au loin. Ses trilles portées par la brise légère, accompagnent la floraison incendiaire des érables, en un ballet d’étamines ébouriffées de lumière.
Et je tourne les pages d’un atlas imaginaire, en faisant le tour du jardin, où chaque artiste enfile son costume de scène, ajustant son corset, paufinant son parfum, avant que le spectacle ne commence.
Certains ont le trac.
« Dis, tu m’aideras si je perds mon texte ? »
« Approche-toi de moi, je te soufflerai… »
Encore quelques heures de soleil, les spectateurs s’installent doucement, dans le silence de la prairie.
Il y a foule aujourd’hui !
Silence dans les rangs !
Maestro, s’il vous plaît…
Musique Philip Glass
Mad Rush