Vases communicants de mars : Mémoire d’Aube (2/2)

Dans le cadre des vases communicants du mois de mars, j’ai eu la chance d’échanger avec Aunryz (Luc)  dont vous avez eu le plaisir de lire le texte poétique sur ma page.

Comme chaque mois, je retranscris ici mon texte écrit à partir d’une photo confiée par Luc, pour ceux qui n’auraient pas eu l’occasion de le lire.

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Photo Luc Comeau-Montasse

Un matin comme tous les autres
Un matin si différent
Loin du tumulte du monde
Au plus près de la lumière
Au cœur du silence
Sous le vent.

Elle écoute et se tait
Elle ose à peine respirer pour ne pas déranger
L’artiste…
Elle s’imagine au cœur du tableau, au centre de l’œuvre.
Tout ceci est là pour l’éblouir
Tout est là.

Elle n’a besoin de rien de plus.
C’est l’heure où le monde s’illumine, où tout peut arriver.
Elle n’aurait pu la rêver plus belle.
La montagne retient les voiles de sa nuit.
Ses craintes s’envolent au fil de vent.
La lumière efface les regrets et les ombres.

Encore un instant avant que l’horizon ne s’enflamme
Que l’aube tienne ses promesses
Une seconde avant que
L’eau de la terre épouse celle du ciel
Lavant ses blessures dans le sang du matin.

Prémisse du jour qui vient
Elle savoure le don qui lui est fait
Sentir le souffle de la vie lui caresser le visage
Elle sait qu’il suffit de lui faire confiance
Pour qu’il l’emporte vers sa lumière.

Elle sait qu’il viendra lui donner
Sa chaleur
Elle ouvre les bras à l’instant où le premier rayon traverse la brume
Elle ferme les yeux enfermant sous ses paupières
La lumière du premier matin où
Elle a su que sa vie
Était là.

Vases communicants de mars : Mémoire d’aube (1/2)

« Tiers Livre de F. Bon et Scriptopolis  sont à l’initiative d’un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement…

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. »

Sur le blog : Le rendez-vous des vases communicants, tenu désormais par Marie-Noëlle Bertrand vous retrouverez la liste des échanges de ce mois

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Je remercie pour sa présence une nouvelle fois sur cette page  Luc alias Aunryz Tamel , qui anime le blog Les décourcis de Lélio Lacaille, où vous pourrez découvrir l’originalité de ce qu’il partage et que j’apprécie beaucoup.

J’ai pris un grand plaisir à réaliser ce nouvel échange avec lui et je le remercie chaleureusement d’avoir accepté de partager ses mots avec moi, à partir de l’idée de «Mémoire d’aube» illustrée par nos photographies respectives de ce moment de lumière si particulier, bien qu’il ait peu de temps libre pour le faire.

Si vous souhaitez lire mon texte, rendez-vous sur son blog, où il me fait le grand plaisir de me recevoir.

Je vous laisse juger du résultat, et vous souhaite une navigation agréable entre les lignes et les textes de ce mois-ci.

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Comment y croire

la nuit est encore si noire.

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vase-1

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Il a beau savoir

que la terre tourne

et toutes ces choses que ses jambes ignorent

à propos du monde des astres, des planètes, de leurs lunes

– tout ce qu’il a appris de ceux qui ont pris les mesures de l’univers –

il a beau savoir

il doute encore

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vase-2

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Tout de même

ces branches hautes

dont il commence à percevoir la présence enchevêtrée

elles pourraient le rassurer

lui donner confiance en sa mémoire d’hier

et des jours qui l’ont précédé

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vases-3

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non

quelque chose

dont il ne saurait dire

si elle réside en son œil

dans la paume de ses mains

ou si elle flotte tout autour de son corps

quelque chose de lui

persiste à douter

et sa crainte augmente encore à la pensée que

celle qu’il attend pourrait la ressentir

la partager

et renoncer.

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vases-4

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Alors

il ferme les yeux

ouvre sa bouche comme pour bailler

rejette ses épaules et sa tête en arrière

laisse glisser son esprit le long de ses joues

de ses bras, de son ventre

jusqu’à ses pieds

jusqu’à la terre

balance son crâne de gauche à droite

en dessinant de ses lèvres

les aller et retour du silence dans l’espace.

Et ce n’est que

lorsqu’il est certain d’avoir gommé

tout ce qui dans sa présence

pouvait aider l’obscur à s’accrocher au ciel

qu’il ouvre les yeux

et voit

ébahi une fois de plus

qu’elle est là.

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vases-5

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Texte Aunryz Tamel

Montage photo de Luc à partir d’une photo de M. Christine Grimard