
Photo m Christine Grimard
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Apprécier la chance
De voir se lever le jour
Encore une fois
Photo m Christine Grimard
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Apprécier la chance
De voir se lever le jour
Encore une fois
« Être vivant, c’est être vu, entrer dans la lumière d’un regard aimant.
– L’Inespérée –
Christian Bobin
photo M. Christine Grimard
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Tu me regardes et je te vois.
Qu’y a-t-il au fond de tes yeux ?
La joie d’être là auprès de moi.
Le bonheur simple d’exister.
La tranquillité d’une vie douce.
La certitude d’être nourri et d’être aimé.
Tant d’autres choses qui m’échappent.
Tes oreilles se dressent lorsqu’un oiseau chante.
Un parfum de jasmin et d’herbes sèches passe avec le vent et ta truffe frémit.
Mais c’est moi que tu surveilles, si je me lève, tu me suivras.
Peu importe où j’irai, tu seras sur mes pas.
Être le centre du monde pour quelqu’un, c’est une chance incroyable et tant de responsabilités aussi…
Mais là je ne vois que cet amour qui emplit ton regard et ce sourire que tu me donneras si je prononce ton nom.
“Je meurs chaque nuit pour ressusciter chaque matin.” Bernanos
Promesse de tous les possibles
Espoir
De nouveau jour beau et paisible
Promesse
De lumière scintillant en douceur
Attente
De plaisirs corrélés aux envies
Découverte
De rivages inconnus en regards imprévus
Valse
De surprises et gourmandises
Renaissance
Aux saveurs de pain frais et café noir
Je remercie pour sa présence pour la troisième fois sur cette page Dominique Hasselmann qui anime le blog Métronomiques où vous pourrez découvrir la richesse et la diversité de ce qu’il partage quotidiennement.
J’ai pris un grand plaisir à remplir ce nouveau vase communicant de nos textes échangés et le remercie d’avoir choisi d’orienter ce partage autour du thème de la nuit. Chacun a écrit son texte à partir d’une photo de l’autre prise une nuit sur la ville.
Vous pourrez retrouver mon texte si vous le souhaitez sur la page du jour de son blog où il me fait l’honneur de me recevoir.
Je vous laisse juger du résultat, et souhaite une belle navigation entre les lignes et les textes de ce mois-ci.
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« Tiers Livre de F. Bon et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement…
Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. »
Sur le blog : Le rendez-vous des vases communicants tenu désormais par Marie-Noëlle Bertrand, ayant pris la suite d’Angèle Casanova et de Brigitte Célérier, vous retrouverez la liste des échanges de ce mois.
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Un jour, la nuit [2/2]
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Il y avait comme de l’électricité dans l’air, le ciel était un espace inaccessible ou insensible, je rêvais de le rejoindre mais il me manquait l’échelle à déployer pour y parvenir. La nuit, tous les chats n’étaient pas gris, l’un d’eux, noir aux yeux verts, me suivait depuis un certain temps le long de ce chemin mal éclairé.
Je marchais sans but et sans regret. Le « halage » n’existait plus, on ne voyait personne tirant une péniche ou la moindre embarcation depuis la berge. Le soir, aucun cycliste ne s’aventurait sur ce chemin pourtant goudronné, une atmosphère de pesanteur régnait dans le paysage malgré la suavité des roses célestes au-dessus de ma tête.
Mon téléphone se mit à vibrer (je pensais aux poteaux en bois qui se dressaient encore ici ou là), c’était juste un message d’information. Le gouvernement avait démissionné et une nouvelle équipe allait se remettre dare-dare au travail. La politique, même à la campagne, ne nous lâchait pas les baskets. Mais ici, pas besoin d’essence ou de « gazole », l’air pur suffisait à faire carburer les poumons.
Étrange, comme le calme enveloppait tout : quelques oiseaux se signalaient de temps en temps, peut-être un gentil « bonsoir » envoyé d’un merle à une pie voleuse (un baiser volé). Je me sentais seul – le chat me suivait toujours – et libre, dans ces moments où aucune voiture n’encombrait ma route, où aucune cheminée d’usine ne lançait vers le ciel ses fumées nauséabondes, où les klaxons à deux tons des véhicules de police ou des ambulances ou des pompiers ne vrillaient mes oreilles.
Je savais qu’au bout du chemin il y aurait le café qui s’ouvrirait vers les 7 heures du matin, on était bien encore à 20 km, et je demanderais un petit bol de lait pour mon compagnon de fortune. Ma mémoire me disait que le bistrot s’appelait « Aux mariniers », sans doute une enseigne qui devait dater de l’époque où ils étaient nombreux à naviguer sur la Marne.
Je rêvais déjà de ce petit-déjeuner : une demi-baguette, toute fraîche, une grande tasse de café noir, il me manquerait juste un journal à feuilleter (mais « Libération » était devenu aussi maigre qu’un jour sans pain). Au long de mon parcours, j’avais baptisé le chat : «Hibou».
Maintenant, le ciel changeait de couleurs peu à peu : il irait sans doute vers l’uniformité du bleu, laissant ses divagations nocturnes me plaire pour une autre randonnée sans horizon autre que celui de mon imagination parfois trop vagabonde.
texte : Dominique Hasselmann
photo : Marie-Christine Grimard
***
Pour toi, la ville s’endort.
Le fleuve se teinte de feu.
Sur les ponts,
Les derniers passants pressés,
Laissent glisser leur ombre,
Le long des pavés sombres
À contre-jour.
En contre-champ,
À contre-cœur.
Tu te hâtes de rentrer,
Avant que la nuit ne t’engloutisse,
De son hostile obscurité.
Pour moi, le matin ouvre ses volets.
L’air est encore frais,
La lumière est légère.
La rumeur de la ville étire
Ses derniers lambeaux de nuit.
Les premiers passants glissent
Sur les pavés humides
d’un petit jour pluvieux.
Je me hâte de sortir,
Avant que je temps ne m’enserre,
De ses griffes de regrets.
Tu mon Ouest.
Je suis ton Est.
Mais nous dansons ensemble
Sur la même Terre.
Donnons-nous la main,
Je sais que tu es là.
Donnons-nous le temps,
Tu sais que je vis là.
Oublions nos peurs,
D’être si différents.
Unissons nos cœurs,
D’être si ressemblants.
Bonsoir mon frère
Que cette nuit te soit douce.
Bonjour ma sœur
Que ce jour te soit fou.