
L’artiste invisible
Installe un fil de dentelles
Dans la nuit glacée
L’artiste invisible
Installe un fil de dentelles
Dans la nuit glacée
Janvier glacial
Transforme les herbes folles
En statue givrée
.
Une soirée glacée
Un ciel coloré
Des branches dénudées
Un silence étonné
Un hiver panaché
Des jours affairés
Des hommes pressés
Une fatigue exprimée
Un virus muté
Des craintes justifiées
Des lendemains confinés
Des rêves envolés
Des souffrances partagées
Des erreurs assumées
Des espoirs blessés
Un avenir bouché
Une année effacée
Et puis…
Une embellie espérée
Une solidarité retrouvée
Des assemblées desmasquées
Un espoir partagé
Un virus dompté
On peut toujours rêver
.
Enfin
Tu peux décider de la vie que tu veux
Tu peux choisir les mots que tu écris
Tu peux enchaîner les jeux et les modes
Tu peux suivre la ronde du plaisir
Tu peux avancer sans regarder derrière
.
Mais parfois…
.
Il y a ce regard croisé dans le miroir
Il y a cet enfant au bord de la route
Il y a l’ombre de ses cils sur ta joue
Il y a le murmure de ses soupirs
Il y a l’ombre de ses désirs
.
Et pourtant
.
Personne ne sait si ses prunelles était claires
Personne ne se souvient du timbre de sa voix
Personne n’a vu la couleur de ses rêves
Personne n’a su ce qu’il criait à la nuit
Personne n’a vu son ombre s’envoler
.
Alors
.
Ne le laisse pas s’enfuir sans toi
N’oublie pas la douceur de ses mains
Retrouve le goût de ses larmes sur tes lèvres
Dessine la forme de son visage dans le miroir
Ecoute-le peindre ses rêves
Fredonne sa chanson sous le vent
.
Partir sans lui
Serait te perdre
Dans le vent
Glacé
Au cœur de l’hiver
La glace étend son emprise
Au fond de nos âmes
.
Dans la nuit glacée
Le givre invente un ballet
Que l’aube révèle
« Il est plus intelligent d’allumer une toute petite lampe, que de se plaindre de l’obscurité. » Lao Tseu.
Photo Marie-Christine Grimard
.
Il y a des matins où l’on n’a pas envie de sortir pour affronter l’hiver.
Pluie mêlée de givre, vent glacial.
L’extérieur n’est pas très accueillant.
Pourquoi faut-il que je sorte alors que tant de gens sont encore au chaud sous leurs couettes ?
Chacun sa route …
Mon chemin est parfois bien pénible !
Monter dans sa voiture glaciale tient de la gageure, pare-brise givré, ciel en berne.
Attendre que le chauffage daigne se réveiller avant de démarrer,
Et puis, miracle, le soleil pointe son nez entre les gouttes.
Une seconde seulement.
Vite effacée par les nuages.
Juste un petit coup de projecteurs en guise d’encouragement.
Un petit coup de pouce lumineux.
Allez on y va : moteur !
Photo Marie-Christine Grimard
…
Glace
Glisse
Lisse
Lasse
…
Gelées
Légères
Artistiques
Cabalistiques
Ébouriffantes
.
Gelées
Lumineuses
Immaculées
Satinées
Sauvageonnes
Éblouissantes
.
Logarithmiques
Immémoriales
Sculpturales
Sibériennes
Enchanteresses
.
Linéaires
Ajourées
Scripturales
Sophistiquées
Étincelantes
….
Glisse
Lasse
Glace
Lisse
…
………., dégel …. Plouf !
« Il est des parcelles de lieux où l’âme rare subitement exulte.
Alentour ce n’est qu’espace indifférent.
Du sol glacé elle s’élève, déploie tel un chant sa fourrure, pour protéger ce qui la bouleverse, l’ôter de la vue du froid. »
Commune présence (1964)
Photo M.Christine Grimard
*
Dentelles
Sinueuses insinuées
Entre les lignes de nos vies
Coulant leurs ongles de cristal
Au long de nos échines fragiles de corail
Nous plongeant peu à peu dans un rêve glacial
Ferrant d’argent leurs pièges de métal
Nageant dans le mystère de l’infini
Jusqu’à nos matins blêmes
En rêvant de lumière
Immortelle
*
« Les vases ont des fleurs de givre,
– Sous la charmille aux blancs réseaux ;
– Et sur la neige on voit se suivre
– Les pas étoilés des oiseaux. »
**
Départ au petit matin, frissons et tremblements.
La lumière point à peine derrière les charmilles.
La voiture recule et sur le pare-brise, les fleurs de givre écloses durant la nuit, comptent leurs secondes de survie.
Le chauffage ronronne, la soufflerie vrombit.
Dans la lueur des phares, sur fond d’aube bleutée, se découpent les dentelles que la glace a brodées durant la nuit.
J’admire en silence, regrettant presque que cette œuvre éphémère doive bientôt disparaître sous les assauts du chauffage.
Je resterais bien là, sans bouger pour les conserver tant elles sont magnifiquement ouvragées, osant à peine respirer pour ne pas les effrayer…
Tant pis si je suis en retard.
Mais elles commencent à fondre !
Vite : une photo pour en garder le souvenir, et le déguster aux temps chauds.
Le portable, finalement, ça a du bon, quand on s’en sert autrement que pour téléphoner !
***