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Le parfum de chèvrefeuille est omniprésent. Elle avance précautionneusement sur les pierres qui dessinent un sentier faisant le tour du jardin. L’air est si doux. La mouette plane au-dessus d’elle, légère, presque immobile. Elle chevauche le vent mais n’avance pas d’un pouce. En la regardant, elle a l’impression que le temps s’est arrêté. C’est probablement parce qu’elle vole contre le vent comme un nageur à contre-courant qui s’épuise peu à peu. Ça doit souffler la haut pense-t-elle, bien qu’il n’y ait pas un souffle d’air sur son visage.
Plus elle avance au milieu des massifs de fleurs, plus elle est étonnée par la luxuriance de ce jardin. Cette année, il a fait si chaud que tout aurait dû griller. Les papillons s’en donnent à cœur joie. Elle s’approche d’un muret couvert de roses et de liserons. Comme c’est beau ! Décidément ce jardinier a les mêmes goûts qu’elle. Elle a toujours aimé les liserons qui s’accrochent là où on ne les attend pas et qui finissent par gagner leur place au soleil au milieu des fleurs orgueilleuses. Elle se battait toujours avec sa mère pour qu’elle ne les arrache pas !
Elle a déjà vu cette composition de couleurs, mais où ? Peut-être dans le jardin de sa mère, ou celui de son grand-père, c’est si loin tout ça…
Elle avance dans l’allée jusqu’à un petit bosquet où elle pourra s’asseoir un peu à l’ombre. Il fait tellement chaud qu’elle a mal à la tête. Elle s’allonge dans l’herbe, espérant que cela calmera le marteau-piqueur qui lui laboure les tempes. La fraîcheur de l’ombre la soulage. Sur la branche au-dessus d’elle, un oiseau la regarde en silence. Son regard fixé sur elle l’intimide. Cet oiseau est bizarre avec ses plumes jaunes et bleues. On dirait une mésange mais elle n’en a jamais vue d’aussi grosse. Et ce regard presque humain qui la dévisage !
Elle commence à regretter d’avoir franchi cette porte. Après tout, c’était sans doute interdit. Elle se redresse, un peu fautive, craignant que quelqu’un ne surgisse du bosquet pour la chasser. Mais elle est seule, au milieu de ce tableau figé dans le silence.
Elle réalise soudain que c’est ce silence oppressant qui lui enserre le cœur. Ces fleurs immobiles, cette mouette figée dans le ciel, cette mésange muette, tout ceci semble irréel. Il faut qu’elle sorte de là !
Une voix l’appelle là-bas de l’autre côté de la porte. Elle doit la rejoindre. Elle se relève brusquement mais est prise de vertiges. Sa tête va éclater, ses pieds sont lourds comme du plomb. Mais qu’est ce qui lui arrive ?
Encore quelques pas et elle sera sortie …
Encore un effort !
—-> à suivre
Dans le jardin extraordinaire, l’oiseau ose…
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Les oiseaux peuvent tout se permettre. Ils sont les maîtres du ciel.
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le poids écrasant de la beauté ? ou le jardin si beau et décalé que maléfique ?
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Parfois il faut se méfier des paradis artificiels 🙂 ils cachent souvent des ombres.
Demain donnera la réponse !
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pardon demandé pour la faute d’orthographe
Une fois encore 😉
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Pas de pardon à demander chère Brigitte. L’orthographe n’est pas non plus mon amie. Je regarde surtout l’idée émise plutôt que son enrobage orthographique. Mais l’essentiel est que l’on se comprenne si bien 🙂
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En lisant ce joli texte, je l’impression de poursuivre un rêve éveillé… et ça fait du bien 😉🌺🐦🌸💙
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Les rêves ne sont pas toujours bleus et roses, cher Christian, mais l’essentiel est de ne pas tuer l’espoir.
Beau samedi à toi et merci d’aimer mes textes, c’est très gentil. 🤗
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Bon jour,
D’un pas à un autre se laisser emporter jusqu’au possible réveil … dans un autre monde ? 🙂
Max-Louis
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Belle supposition, vous avez de l’imagination. Mais parfois, notre propre monde offre de nombreuses possibilités en parallèle. Le rêve rejoint-il la réalité ?
En tout cas, je vous remercie beaucoup pour cette visite et ce commentaire Max-louis 🙂
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Au coeur du mystère, cette goutte d’éternité qui semble emprisonner celle qui l’a cru refuge.
Des bribes d’un passé a demi enfoui semblent resurgir
et avec elles des présences qui oppressent sans qu’on puisse comprendre (le saura-t-on ?) en quoi/pourquoi.
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De cette seconde partie on (je) sent bien le tempo et presque la musique
(Beethoven aurait pu l’écrire)
Comment sort-on de ce presque (?) coma ?
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J’aime tes analyses pleines de justesse et d’une intuition époustouflante !
Merci pour cette communauté de pensées.
Parfois lorsque la réalité revient à la charge, c’est un peu douloureux. Mais il y a toujours quelqu’un pour aider celui qui en a besoin.
Merci Luc, « j’aime » tes commentaires ici !
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J’adore les nouvelles fantastiques…
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Alors j’espère que vous ne serez pas déçue lorsque la réalité rejoindra la (science) fiction 🙂
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😊
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Un magnifique texte que j’apprécie beaucoup. Bonne soirée à vous
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Merci beaucoup Georges. C’est un texte qui a couru sur mon clavier sans que je ne puisse l’arrêter. J’espère avoir réussi à le rattraper 🤗
Bonne soirée à vous !
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