Ateliers de @fbon : Construire une ville avec des mots, proposition 8 : il pleut…

Voici la suite du texte écrit pour le premier atelier d’été de François Bon, construire une ville avec des mots

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Proposition 8 : Il pleut

Le moment de magie est terminé. La jeune commerciale sort de l’appartement et pousse un cri en la voyant perchée sur sa chaise de jardin, au moment où un énorme coup de vent traverse la cour. Surprise, elle vacille et s’accroche au mur pour ne pas tomber. Un coup de tonnerre déchire le ciel suivi en quelques secondes d’une pluie battante qui la trempe des pieds à la tête.

La jeune femme rentre en courant et lui fait signe de la suivre. Elle obtempère un peu honteuse de s’être laissée surprendre, mais contente que la pluie soit venu noyer ses larmes. Ce moment difficile et la relation qu’elle entretient avec ces murs, ne regardent qu’elle. Cette jeune femme ne pourrait pas comprendre, il est inutile de lui faire des confidences. Elle lui explique qu’elle souhaitait examiner le voisinage et les nuisances possibles avant de se décider pour cet appartement. L’autre sourit rassurée par son explication et lui propose un café pour la réchauffer.

Elles remontent dans le bureau où elle demande à voir les plans généraux qu’elle examine avec soin, essayant de retrouver les traces du passé. Peu à peu les souvenirs se reconstruisent et elle réalise que peu de changements structurels ont été faits et elle reconnaît les murs où elle a vécu. La pluie s’est installée, frappant aux carreaux lui donnant un prétexte pour détailler les lieux plus longtemps. Elle reconnaît la grande grange où son père garait sa Panhard bleue métallisée aux enjoliveurs en forme d’œil de biche. Elle semble intacte. Elle demande si elle peut la visiter. La jeune femme se confond en excuses, lui expliquant qu’elle n’a pas la clé de ce bâtiment puisqu’il n’a pas encore été rénové, mais que son patron sera présent le lendemain et qu’elle pourra lui poser la question si elle le souhaite.

Elle remercie la jeune commerciale pour toutes ses explications et prend congé. Dehors, la pluie redouble, gainant d’argent les pierres dorées. Elle connaît bien cette brillance pour l’avoir vu mille fois et sait que si le soleil sort des nuages, la façade s’habillera de diamants en un instant.

Il serait temps de rentrer maintenant, pluie ou pas, elle se promet de revenir demain. Elle n’en n’a pas fini avec son passé…

Photo M. Christine Grimard

13 réflexions sur “Ateliers de @fbon : Construire une ville avec des mots, proposition 8 : il pleut…

  1. La Panhard semble, comme la pluie, tombée du ciel et survivre dans la mémoire.

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    • C’était une PL17 bleue ciel, dont les enjoliveurs en chrome dessinaient un trait d’eye-liner au-dessus des phares avant. Je la trouvais très belle et j’aimais le ronronnement de son moteur. Elle a finit à la casse, un jour où quelqu’un l’a emboutie par l’arrière en pleine vitesse, alors que j’étais assise sur le siège arrière . Je pense que ce jour-là, sa carrosserie m’a sauvé la vie…

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  2. on n’en finit pas avec son passé… restons bloqué avec lui, souvent, pluie ou non

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  3. Il faut examiner les plans de l’architecte Dédale, pour retrouver la petite fille Marie Christine perdue dans le labyrinthe du souvenir.

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  4. Ah ! la Panhard… Pour moi, c’était celle de mon parrain : elle était vert fluo !

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    • Oh ça devait être très bucolique !
      Cette voiture a marqué les esprits ils me semble, nombreux sont ceux qui m’en ont parlé avec émotion depuis que ce texte est paru !
      Le Breton François-René Panhard serait fier de voir à quel point son nom est resté dans l’histoire des français !

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  5. J’apprécie beaucoup ce texte ainsi que la photo…Bon dimanche à vous

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  6. Monique Andrisson

    Merci très beau mais je préférai quand je lisais vos petits billets avec les photos mais je peux toujours relire vos articles en attendant que vous retrouviez l’odeur de l’océan je vous souhaite un bon dimanche

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