Si vous avez envie de le lire, voici le texte que j’ai envoyé à François Bon pour son atelier d’écriture d’hiver « Vers un écrire-Film » sur Duras où vous trouverez aussi toutes les autres contributions.
***
Je n’avais plus d’inspiration, l’impression de flotter dans le vide, la tête pleine de courants d’air. Retrouver le fil d’une histoire quand on n’en connaît ni l’incipit ni le dénouement, n’est pas chose facile. Parfois, l’or se cache sous le sable, il faut savoir attendre que l’eau rejaillisse pour le voir briller. Mais une rivière à sec ne mène nulle part. Je décidais d’aller dormir, après tout, autant s’occuper sainement, plutôt que de morfondre devant une page blanche. Il ne lui fallut que quelques secondes pour surgir dans la marge en passant par la couture centrale, juste au moment où j’allais refermer le carnet. Je ne vis que son regard, intense et désespéré. Reposant le carnet et le stylo devant moi, je gardai le silence. Il bondit sur le plateau du bureau dont la nuance chêne clair faisait ressortir l’éclat de ses rayures fauves, et s’installa sur un noeud du bois pour me narrer son histoire. Derrière lui, sa queue majestueuse battait l’air, ponctuant nonchalamment ses phrases. Son enfance libre puis sa jeunesse errante et enfin ses années de captivité, qui l’avaient plongé dans une sidération douloureuse où la colère faisait bouillir ses veines, il n’oublia aucun détail. À la fin de son récit, les larmes emplissaient son beau regard. L’une d’elle glissa sur le pelage de son museau et vint s’écraser sur mes doigts, me faisant exploser le cœur. Il se coucha sur la page de gauche, émettant un grognement approbateur lorsque je saisis mon stylo et commença à retranscrire son histoire mot pour mot. À la fin de mon texte, il posa une patte sous le dernier mot, comme s’il voulait y apposer sa signature, croisa une dernière fois mon regard, puis prenant appui sur la ligne rouge de la marge, il disparut derrière le point final. J’eus beau fixer ce point durant plusieurs minutes, espérant le voir ressurgir, il ne revint jamais. Mais en me penchant pour examiner la page à jour frisant sous ma lampe de bureau, il me sembla distinguer une empreinte féline dont les coussinets avaient dessiné un prénom à l’encre sympathique : Jack.
Apparition sur la page : la jolie solution nous est donnée à la fin, je pensais qu’il s’agissait d’un chat, peut-être tigré… Espérons que celui-ci ne se parfume pas « à la dynamite » comme dans un ancien film de ClaudeChabrol ! 🙂
J’aimeJ’aime
Merci à vous d’avoir lu jusqu’à la fin et pour ces mots.
J’aimeJ’aime
there are no words to add for your creative post!!!
J’aimeAimé par 1 personne
Thank you so much dear Mihran !
J’aimeJ’aime
une inspiration si vive que fut vivante un temps (bravo)
J’aimeAimé par 1 personne
Grand merci Brigitte ! L’inspiration se nourrit souvent de tout petits riens.
J’aimeJ’aime
Très beau texte qui exprime bien la noblesse, l’empathie, et l’humour du tigre.
J’ai enfin retrouvé le tigre que j’aimais depuis ma petite enfance, Shere Khan, la nounou de Mowgli, dans Le Livre de la Jungle, un de mes livres chéris.
J’aimeAimé par 2 personnes
Il me semble plutôt que c’était Begheera la panthère la nounou de Mowgli.
Sous la description du tigre de ce blog, je vois se brosser un rapide portrait d’une tigresse méconnue appelée Chris.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui Mowgli était élevé par la panthère noire, animal puissant et sage à la fois, et Baloo l’ours écervelé pour le fun…
Je n’ai rien d’une tigresse, et n’en n’ai pas la souplesse ni la vitesse 🙂
J’aimeJ’aime
Oh grand merci chère Alex, ce tigre au regard tendre était cher à mon cœur également lorsque j’ai écrit le premier texte !
J’aimeJ’aime
« De Saint-Casimir, la douceur fait peur aux jardiniers et aux laboureurs. »
J’aimeAimé par 1 personne
La douceur était là ce matin mais elle a fuit devant la pluie cet après-midi !
À la Saint Casimir, le printemps va venir 😉
J’aimeJ’aime
@ Chris : j’ai toujours senti en vous l’énergie vitale de la tigresse…une des formes de la puissance du tigre…celle qui voua fait surmonter jusqu’à présent tous les obstacles…cette part obscure de votre être que vous ignorez…mais que l’écriture, la peinture, ou toute forme d’art, révèle…
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup de me croire aussi forte, chère Alex, j’espère garder cette énergie pour pouvoir la distribuer autour de moi jusqu’au dernier jour, mais j’ai mes jours de découragements comme tout le monde, où j’hibernerais bien dans une tanière reculée de la jungle…
J’aimeJ’aime
Oui, il y a des moments où il faut savoir et pouvoir s’abstraire…pour mieux repartir.
J’aimeAimé par 1 personne
C’est vous qui avez la force, la sagesse et la finesse de la tigresse chère Alex !
J’aimeJ’aime
J’aime votre façon de donner vie à des choses inanimées, le monde en devient plus riche.
J’aimeAimé par 2 personnes
Merci beaucoup à vous de venir me lire et d’apprécier mes élucubrations littéraires 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Vos élucubrations littéraire font le bonheur de vos amis (e) c’est vraiment admirable d’avoir ce talent pour exprimer toute ces émotions , comme le disait un de vos amis vous avez le don de donner la vie à des choses inanimés
J’aimeAimé par 1 personne
🙂
J’ai toujours eu un peu trop d’imagination, et je suis contente que mes élucubrations trouvent un écho chez mes lecteurs. Et c’est très gentil à vous de me le dire !
J’aimeJ’aime