Voici mon texte écrit dans le cadre de l’atelier d’hiver 2017 de François Bon « Vers un Ecrire-film ».
Vous trouverez les autres participations et les conseils de François bon sur sa page de Tiers Livre.
***
Rose des sables
Plan large : Un biplan tangue entre les courants chauds que le sable exhale en cette fin d’après-midi brûlante. Un crépuscule flamboyant souligne la beauté des dunes, le pilote ébloui en oublie presque ses difficultés.
Travelling avant sur le regard du pilote. Quelques minutes de hoquet du moteur suffisent pour confirmer ses craintes, il n’a plus d’autre choix que de tenter un atterrissage acrobatique entre les dunes. Il en a vu d’autres, il connaît bien le désert, mais il se trouve loin de toute oasis et il sait qu’il ne pourra compter que sur son talent pour effectuer les réparations.
Travelling arrière : Au loin le soleil disparaît derrière le sommet de la dune la plus proche. Il descend de l’avion, cale le train d’atterrissage avec quelques pierres ramassées alentour. Aucun vent de sable n’est prévu mais on ne sait jamais ce que vous réserve le désert. Il s’installe dans le cockpit avec sa couverture de survie, dîne de quelques gâteaux secs et d’une gourde d’eau et essaye de s’endormir. Demain, il faudra réparer dès l’aube.
Gros plan : Dans la nuit, un bruit inconnu le réveille. Il ouvre les yeux, s’habitue doucement à l’obscurité et distingue une lueur qui semble onduler à l’horizon.
Travelling circulaire : La lueur se rapproche très lentement. Il cligne des yeux pour en distinguer la source en vain. Au-dessus de la verrière du cockpit, des milliers d’étoiles scintillent sur un écran de velours noir. Il quitte des yeux une seconde la lueur mystérieuse, pour admirer le ciel. Quand il se retourne, elle a disparu.
Plan fixe : Le bruit se rapproche, on dirait un long sifflement ou un glissement d’étoffe sur le sable. Il n’a jamais été peureux mais malgré lui, il sent l’angoisse lui étreindre l’estomac. Il décide d’en avoir le cœur net et sort du biplan. Il s’éloigne de quelques pas de son avion mais le désert est redevenu sombre et silencieux. Nul glissement et nulle lueur devant lui. Les étoiles sont légions autour de sa tête.
Gros plan sur le visage de l’homme : Il pousse un soupir d’admiration et s’exclame : « Ça au moins, ça vous console d’être coincé ici ! »
Derrière lui, une petite voix lui répond : « Elles ne sont pas toutes identiques, parmi elles il y en existe une qui est plus la belle de toutes, enfin pour ceux qui aiment les roses… »
L’homme se retourne brutalement vers cette voix surgie du néant, il reconnaît la lueur qui a attiré son attention semblant provenir du visiteur lui-même ou d’une lanterne qu’il porterait sur le dos.
Travelling arrière : Le crâne du pilote cache le visage du visiteur, on distingue un halo lumineux autour d’eux contrastant avec la densité de la nuit qui les entoure. Surpris, il recule d’un pas.
Gros plan sur le visage de l’inconnu qui apparaît à contre-jour. On ne distingue pas son regard mais seulement sa petite taille et un halo de cheveux blond encadrant son visage. Il lève le bras vers le ciel pointant de son index la petite ourse et dit : « Parfois, l’on cherche bien loin le trésor que l’on avait sous les yeux, alors il n’y a plus qu’à rentrer pour le retrouver, même si les rencontres que l’on fait au cours le voyage sont aussi une partie du trésor.
Travelling vertical : La caméra s’éloigne doucement des personnages. Le pilote cherche des yeux l’étoile que lui montre l’enfant. La lueur se rétrécit peu à peu, puis disparaît dans l’ombre des dunes, comme une barque minuscule qui serait perdue dans l’océan.
Bravo, Marie-Christine ! (Ce n’était pas facile)
Plus un prince à contre-jour…mais chut…
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Alex !
J’aimeJ’aime
Le sable… et puis, hélas, un jour la mer.
Ce scénario mériterait un cinéaste princier (et délicat) ! 🙂
J’aimeJ’aime
Merci à vous. De nombreux cinéastes ont déjà traité le sujet, je n’ai fait que suivre le fil de leurs œuvres, mais c’est gentil à vous de m’associer à leur talent 🙂
J’aimeJ’aime
je ne savais pas qu’on en avait tiré un ou des films, votre découpage est prometteur
J’aimeJ’aime
Merci à vous !
Le dernier film que j’ai vu à ce sujet était le dessin animé sorti en 2015, qui était enchanteur bien que différent du chef-d’œuvre de Saint-Exupery.
J’aimeJ’aime
10 décembre : « À Sainte-Julie, le soleil ne quitte pas son lit. »
J’aimeAimé par 1 personne
À la Saint-Julie , restons au lit avec lui 🙂
J’aimeJ’aime
🛏 au programme hier et aujourd’hui…avec internet…
J’aimeAimé par 1 personne
Quelle chance 🙂
J’aimeJ’aime
@ mariechristinegrimard :
Merci pour ce texte.
Le sable… et puis, hélas, un jour la mer.
Ce scénario mériterait un cinéaste princier (et délicat) ! 🙂
J’aimeJ’aime
La machine semble mal réveillée ce matin, qui m’envoie deux fois votre commentaire,
Alors je vous en remercie doublement 🙂
Ou peut-être est-ce moi qui voie double ce dimanche matin…
J’aimeJ’aime
@ mchristinegrimard : non, j’en ai envoyé un deuxième, comme lorsqu’on atterrit une deuxième fois… 🙂
J’aimeJ’aime
Atterrissage double de nuit dans le désert… bel exploit !
J’aimeJ’aime
@ mchristinegrimard : il faut savoir se fier au « navigateur » de bord… 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Sans doute…
J’ai tendance à préférer qu’il y ait un pilote dans l’avion, même s’il est aidé par les instruments de bord. Les bugs sont si nombreux !
J’aimeJ’aime
Un clin d’oeil princier très réussi… comme toujours !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup chère Domi d’avoir apprécié mon scénario clin d’œil, cela me touche beaucoup 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Mille mercis: quel art à revisiter visuellement ce ” Petit Prince” qui parle tant à mon cœur !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup Francoise !
Ravie de vous voir ici ce matin 🙂
Oui c’est une histoire qui m’habite depuis l’enfance et qui ressort toute seule souvent dans mes écrits, comme une ritournelle féerique !
J’aimeJ’aime
Très joli texte et belle image…Bon dimanche à vous
J’aimeJ’aime
Merci Georges et bon dimanche à vous aussi !
J’aimeJ’aime