Ils sont partis.
Ils ont entassé une multitude de choses dans la voiture, à la place où ils me faisaient monter d’habitude.
Ils m’ont fait asseoir derrière le conducteur. C’était la première fois.
J’étais fier d’être là.
Alors j’ai redressé la tête. Je me tenais bien droit. Je voyais défiler le paysage de plus en plus vite.
J’étais fier.
En fait, Je n’ai jamais aimé cela, et ça me donnait la nausée cette voiture qui avance au hasard. Alors, une fois de plus, je ne pus m’empêcher de trembler, ce qui énerva le maître.
Il a crié sur elle :
« Dis à ton chien de se calmer, on ne va pas faire 800 km avec cette chaudière à pattes qui tremble et qui bave ! »
Et la dispute a commencé, encore une fois.
C’était à cause de moi, alors je me suis couché sur la banquette, le museau entre les pattes, les oreilles sur les yeux, pour ne plus rien voir, pour ne plus rien entendre.
Un peu plus loin, ils se sont arrêtés pour prendre un peu l’air. C’est ce qu’il a dit, je crois.
Il m’a poussé dehors, rudement.
Je savais que je l’avais énervé, alors j’ai sauté de la voiture pour qu’il soit content de moi.
Elle n’est pas descendue. Elle me regardait puis elle a baissé la tête. Ses yeux étaient tristes.
Il a dit: « Allez le chien, on va faire un tour ! »
J’étais content de pouvoir courir un peu. Un lièvre est parti devant moi, et le l’ai suivi. Je l’ai presque rattrapé, mais je manquais un peu d’entraînement. Depuis que je vis avec eux, je ne suis plus sorti de la cour.
Je ne voulais pas les faire attendre, surtout lui, alors je suis revenu en vitesse vers la voiture. Mais elle n’était plus là, en arrivant au bord de la route, je la vis qui était déjà loin, là-bas vers le sud.
Ils n’avaient pas vu que je n’étais pas remonté dans la voiture, et quand ils allaient s’en apercevoir, ils allaient faire demi-tour. Il fallait que je les attende.
Mais la voiture s’éloigna de plus en plus.
Puis elle disparut tout à fait.
Alors je suis parti derrière eux. J’ai suivi cette route jusqu’au bout.
Jusqu’à la mer.
Elle continue sous l’eau, cette route.
Ils en avaient parlé je crois de cette île où ils iraient en prenant cette route qui disparaissait sous la mer. Ils disaient qu’il faudrait attendre l’heure où la mer se retirait pour passer.
Maintenant, j’ai les pattes mouillées.
C’est malin !
J’aurais du attendre l’heure…
Mais de quelle heure s’agit-il ?
Peu importe !
Il faut que je continue, si je ne peux plus courir, je nagerai.
Il ne faut pas qu’ils s’inquiètent.
Ils ont déjà tant de soucis.
Ils vont croire que je les ai abandonnés.
Il faut que je me dépêche de les retrouver.
J’ai peur qu’il soient perdus sans moi.
J’ai peur qu’il leur arrive quelque chose si je ne suis plus là pour veiller sur eux.
Allez !
Courage !
Il faut que je me dépêche !
j’aurais aimé vous envoyer une photo de mon chien qui est là quand j’écris ! :-), pour lui tenir compagnie
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Cela m’aurait fait un grand plaisir que de le voir :)) merci pour cette intention !
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« Chiens perdus sans collier » (le titre d’un très ancien film)…
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Et surtout d’un livre que j’avais beaucoup aimé dans ma jeunesse préhistorique !
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une bien triste histoire de Gilbert CESBRON, qui m’avait marquée dans ma jeunesse. Oh suis toute tristounette pour ce chien et pour tous ceux que l’on va « oublier » derrière soi. Comment cela est-il possible ??. Bonne journée Marie-Christine.
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Malheureusement Monique c’est plus fréquent qu’on ne croit.
Si les hommes qui infligent ce genre de torture à leur compagnon, pouvaient lire ce genre de phrases dans leurs yeux, ils ne feraient pas cela. Bien sûr !
Mais ont-ils encore un cœur ou un cerveau ?
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C’est une histoire qui serre le coeur….
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Et qui doit serrer celui de trop de chiens en cette période de transhumance.
Merci d’être passé par ici David et faites une caresse de ma part à Gibbs (je suis un peu en manque …)
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A reblogué ceci sur Promenades en Ailleurs (M.ChristineGrimard).
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Un bien joli texte. Ils sont comme ça nos amis les chiens, toujours prêts à consoler.
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Merci beaucoup. Oui, ils sont toujours là pour nous. A nous d’être là pour eux aussi de leur naissance, à leur enfance adorable, jusqu’à leur vieillesse souffrante et leur mort déchirante. Ils comptent sur nous chaque seconde, mais nous rendent au centuple l’amour si grand qui imprègne chacune de leurs cellules…
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J’espère que depuis le temps ce chien a retrouvé ses maîtres… Gilbert Cesbron en serait malheureux, sinon.
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Je crains que non. Dans ce genre d’abandon, très peu de chiens retrouvent leur famille, malheureusement. On a tous à l’esprit certaines belles histoires où un chien arrive à parcourir des centaines de kilomètres pour retrouver ses maîtres. La réalité est beaucoup moins rose, et se termine dans les larmes et le sang pour la plupart d’entre eux…
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Il paraît que désormais les animaux ne sont plus considérés comme des meubles… À voir !
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Juridiquement c’est déjà une avancée, reste à voir ce qui se passera dans la réalité.
Se souvenir aussi que pour certains hommes, les femmes aussi ont moins de valeur que des meubles.
De tout temps il restera des gens qui n’ont pas grand chose à la place du cerveau.
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Je suis bien d’accord et, par les temps qui courent, la barbarie est là, menaçante pour tous…
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Ne pas la laisser passer en commençant par l’intérieur de nos cœurs …
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